Solitaire ou rejetée ?

Je n'arrive pas précisément à me souvenir, à isoler dans ma mémoire ce qui me permet de répondre à la question qui m'est apparue, avec une foultitude d'autres, dès l'instant où j'ai appris que j'étais zébrée.
Comme très souvent, la réponse était plus de l'ordre de l'intuitif dans un 1er temps. Comme une sensation s'impose à moi en y songeant, une vision du sens de la réponse à donner. Puis les éléments de réflexion que j'ai rassemblé n'ont fait que valider ce pressentiment.

arbre

 

Solitaire est vraiment, selon moi, le mot qui me caractérise le mieux. C'est en tous cas ainsi que je me vois, aussi loin que je remonte dans mon adolescence & mon enfance.
J'aime être seule, & je dirais même plus j'en ai besoin. Autant être parmi des gens ne me pose pas de problème (je ne suis ni phobique, ni craintive ! :roll: ), mais les 3/4 du temps, cela m'ennuie séance tenante.
J'irai même plus loin, c'est au delà du simple "ennui" ou manque de stimuli.
Pour être plus précise, cela me demande un gros effort sur moi-même pour me fondre dans le paysage plus de quelques heures, pour ne pas laisser exploser mon supplice, ma désolation d'être parmi des gens dont bien souvent les sujets de discussion & centres d'intérêts m'affligent. J'ai la sensation physique de m'épuiser à prendre leurs couleurs (un peu à la manière de P. Swayze dans le film Ghost, lorsqu'il apprend à se manifester auprès de ceux restés dans l'autre monde...). Toute proportion gardée bien entendu (c'était seulement un exemple imagé de ce que je peux ressentir :roll: ), cela me demande une énergie considérable :cry:
J'excelle dans l'art de jouer au caméléon, de me camoufler & de m'adapter au "climat ambiant" ; mais j'ai toujours le sentiment de perdre mon temps, d'être hors du jeu (& surtout, n'avoir aucune envie d'y entrer car pour cela il faudrait en accepter les règles & par conséquent se travestir durablement...).

 

Je me vois & me sens spectatrice de la scène. Je suis présente physiquement, mais sans implicatipon, sans volonté de prendre part à quelque chose qui ne m'intéresse pas, que je trouve absurde & sans profondeur, me languissant toujours l'instant où enfin, je partirai & me retrouverai  seule, loin de tout ce cirque & libérée de toute contrainte.
Or, au moment où j'ai réalisé que j'étais, comme mon zebrounet, différente une question évidente m'est soudain  apparue :

 

Ai-je véritablement toujours été, comme je le pensais jusqu'alors, profondément solitaire ou le suis-je finalement devenue, par la force des choses ? :oops:

 

 

Est-ce ma nature ??? Profonde, réelle, inaltérable. Ou est-ce uniquement un pan de ma personnalité en lien direct avec mon vécu, c'est à dire façonné par mes zébrures & par l'attitude des autres envers moi ?
Question qui ne m'était absolument jamais venue à l'esprit avant de prendre conscience de mon surdouement. Tant pour moi c'était une évidence, une indissociable partie de moi-même, un trait de caractère hérité de mon père, lui aussi très solitaire & lui aussi sans aucun doute, zébré !).

 

Subitement, cette interrogation s'est imposée à moi. Elle était là, incontournable.
Etait-ce vraiment ce que j'étais étant enfant, dès mon plus jeune âge ?  Ou cet aspect de mon être était-il une "simple" conséquence (simple... mais néanmoins de taille ! :-| ) du rejet des autres dont j'ai été victime tout au long de mon enfance, de ma scolarité ?

 

Certains penseront peut-être que ça n'a aucune importance, étant aujourd'hui adulte. Je suis comme je suis & peu importe de savoir ce qui est inné, ou amené par "l'expérience de la vie". 
C'est juste, au fond. Je suis OK, ça n'a tout compte fait pas grande importance & ne bouleversera pas la face du monde. Le passé étant de qu'il est, si on veut changer quelque chose, c'est au présent qu'il faut s'intéresser foncièrement. Prendre les choses en main revient bel & bien à bâtir l'avenir sur chaque instant présent. J'en ai parfaitement conscience...
Comble du cynisme, j'ai horreur des gens qui vivotent, accrochés au passé comme une tique à un chien. Mais ce que l'on est dans le présent est fonction des fantômes du passé. Et à mon sens, avancer n'est pas réellement possible sans comprendre d'où l'on vient.
L'introspection (sans virer à l'obsession de sa petite personne !!!) est, je pense, nécessaire pour évoluer dans la vie.
De toutes façons, la machine à penser qui est dans ma tête ne peut zapper une question qui se présente à elle ! LOL

 

Je n'aurais bien sûr jamais la réponse avec un grand R. Personne ne l'aura jamais d'ailleurs, & c'est tant mieux. Se questionner n'est pas nécessairement trancher en faveur du noir ou du blanc. Se poser la question donne accès à sa mémoire, ses ressentis, ses émotions. Analyser les différents chemins & envisager des réponses, explorer des pistes constituent autant d'éléments qui permettront d'apprendre, de façon plus globale, sur soi. Comment aller de l'avant sans cela ?
Peu importe au final de quel côté penchera ma balance d'intime conviction ;) Elle n'est valable que dans mon cas personnel & unique. Elle n'aidera donc personne d'autre que moi. Sans compter que cette intime conviction n'est jamais figée, elle pourra osciller ou changer radicalement d'orientation au fil du temps.

 

Ceci étant dit, & puisque j'ai lancé ce billet, il serait étrange de le clore sans rendre compte de mon appréciation sur cette grande question.
Ainsi... (roulements de tambour) après mûre réflexion, les délibérations de mon esprit ont opté pour une tendance à penser que la facette "solitaire" est une nature profonde chez moi.
Attention, je n'affirme pas détenir la vérité absolue, & notez bien le "tendance à penser"... qui laisse la possibilité d'autres solution lors d'une remise sur le tapis de la question !!! :-D
La causalité ne me semble pas être responsable de ce qui est, en tous cas aujourd'hui de manière certaine, une des facettes de ma personne.
Bien sûr, je peux me tromper & me percevoir à travers un prisme déformant. Car est-on toujours à même de se voir tel que l'on est ? J'en doute fort... en tous cas sur certains points. Mais c'est malgré tout l'image que j'ai de moi.

 

Contrairement à mon petit Zèbre, qui lui a toujours aimé aller vers les autres &  fait, en l'espace de 5 minutes à peine, "ami-ami" avec tout enfant qui est se trouve dans les parages (ce qui ne veut pas dire pour autant qu'il a de vrais amis, il est à l'heure actuelle plutôt seul. Il a le contact aisé avec les copains, mais je crois que l'incompréhension prend rapidement le pas sur le désir de se mêler aux autres).
Je ne crois pas avoir été comme lui un jour, même toute petite. Ça aurait pu être le cas dans la prime enfance, puis se modifier parce qu'on grandit tout simplement, parce qu'on a été échaudé, etc.  Mais non, je pense que ça soit là ma réalité personnelle.
Il est par contre probable que ma nature solitaire ait été accentuée par l'incompréhension des autres. Mais je doute qu'elle ait été provoquée par ce seul fait. Je suppose que j'avais dès mon plus jeune âge une propension à la solitude.

 

 

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5 commentaires à “Solitaire ou rejetée ?”

  1. Gwen dit :

    Solitaire et solitude parfois pesante …
    C’est bien de la solitude intérieure dont je parle.
    Enfin, je sais pourquoi je ne me sens pas comme les autres, pourquoi je ne prends pas de plaisirs où les autres semblent s’éclater.
    Je vois tout à fait ce qui est dit dans ce post. J’en ai longtemps souffert. Caméléon … je découvre ce comportement depuis quelque temps qui est ma façon d’être : jamais moi même, un masque en permanence au gré des gens …
    et lors des soirées festives, des réunions familiales … c’est à dire à toutes les rencontres sociales auxquelles je dois me soumettre (pour mon couple !), j’ai développé diverses stratégies quand je suis affligée
    – je m’occupe des enfants
    – je participe à fond à l’organisation (table, repas, ….)
    – j’observe les gens, écoute le fond de leur pensée, leurs contradictions, repère leur manière d’être, des gens drôles, d’autres qui se prennent très très au sérieux … et là, parfois c’est très très drôle (sans mépris ! Quoi que en général, quand je trouve qu’une personne ressemble à la Castafiore, ce n’est pas bon signe – oui oui, j’associe souvent des gens « extrêmes » à des personnages de BD). Ceci est un petit jardin que je cultive régulièrement, sans mépris aucun. Je viens de comprendre que c’est une manière de trouver un intérêt aux relations sociales dont bien souvent je me passerai. Mon conjoint sait que je fais ce genre de chose. Des fois, je lui en parle, et en général, il est bluffé … par la justesse de la caricature, bien qu’il trouve que j’exagère d’avoir des idées comme celles là .
    J’ai honte de faire des choses comme ça. Mais c’est une condition de survie quelque part ….

    Menfin …

    je vais poster régulièrement je pense ….

    • sany dit :

      Gwen….j’aurais pu écrire la même chose.
      merci! ;-))

      (je fais ça au boulot aussi, surtout. enfin dans tout c equi est « interactions sociales imposées » quoi…..)

      • Gwen dit :

        Pour moi, le boulot, c’est fini ! Je ne suppporte plus les relations imposées dans lesquelles de toute façon, je vais me faire croquer … les « chefs », je ne supporte plus. J’en ai trop bavé.
        Je cherche à me « reconvertir », … je cherche, mais mon manque de confiance en moi m’empêche de franchir le cap de la reconversion. Je suis entrain de livrer un vrai combat contre moi même … et non soutenue par mon conjoint qui veut que je retourne dans la finance … BEURKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKKK !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
        Il y a un énorme fossé entre la théorie (que j’adore) et la réalité ! Enfin, pas tant que ça, mais quand je faisais de la recherche, cela ne m’atteignait pas. C’était le jeu intellectuel, le jeu de l’écriture … Quand la psychiatre m’a demandé pourquoi j’avais fait ça, je lui ai dit que finalement, je n’avais pas eu le choix. A partir d’une orientation en Eco en seconde, j’ai fait du mieux que j’ai pu et je n’ai jamais su ce que je voulais faire dans ce domaine … d’où des études longues, et un saut dans le monde du travail « pour voir » … un saut sans retour possible parce que les événements de la vie ne le permettent pas toujours.
        J’ai envie de pleurer parfois. Moi qui adorais les sciences physiques (et encore aujourd’hui …). J’aime les arts aussi … et je suis décidée à reprendre des cours, et à me laisser porter là où la vie me conduira. Et si elle ne me conduit nulle part, j’ai un autre projet que je ne pourrai mettre en place que dans deux ans – mais il est incertain lui aussi. Grrrrrrrrrrrrrrrrr! le temps passe trop vite !!!!

        Ha la la ! je ne sais pas si des classes pour EIP sont préférables au système actuel, mais ce qui est sûr, c’est que ces enfants ne doivent pas être orientés précocément, … et surtout, toujours leur donner leur chance. A nous, les mamans de faire en sorte qu’ils aient des méthodes et qu’ils comprennent le langage scolaire (je viens de passer un temps fou à essayer de le comprendre. Je crois que ça y est … enfin, j’ai compris pourquoi je ne comprenais rien … hi hi !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Mes enfants en bénéficient, c’est toujours ça de pris !).

  2. Dan-hibou dit :

    Ce sujet traite de la question que j’ai laissée hier. Ayant continué à y penser, j’en suis venue à me dire que les zèbres pouvaient probablement se répartir entre introvertis et extravertis eux aussi… Mais pour savoir si son aspect solitaire est inné, ou acquis selon ses expériences personnelles, faudrait pratiquement qu’il ait évolué en milieu surdoué dès le départ pour en juger. Ces cas-là doivent être assez rares.

    J’ai longtemps pensé que j’étais plus solitaire par défaut… En fait, j’ai découvert début 2000 que j’adorais être avec des gens chaque fois que les discussions satisfaisaient ma curiosité intellectuelle et ma faim d’apprendre (selon mes intérêts). Néanmoins un grand besoin de solitude demeure.



:) :-D 8) :oops: :( :-o LOL :-| :-x :-P :-? :roll: :smile: more »

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