Haut Potentiel et tests de QI (RTS.ch La 1ère, novembre 2014)

Haut potentiel et tests de QI (RTS.ch La 1ère, novembre 2014)Ce matin 26 novembre 2014 l'émission Le guichet d'On en parle sur la 1ère (chaîne de la radio suisse RTS) sera consacrée aux questions que les auditeurs se posent sur le "Haut Potentiel & les tests de QI" ;)

 

A écouter en direct & en ligne de 8h35 à 9h30 (cliquez ici)... ou sur ce billet dans quelques heures, lorsque le podcast y sera intégré :-D

 

Les demandes de tests de QI augmentent chez les psychologues pour déceler un enfant à haut potentiel, dit HP.
Quand est-ce qu’un individu - enfant ou adulte - est-il considéré comme surdoué ou HP ? Posséder des capacités intellectuelles supérieures à la moyenne engendre-t-il des difficultés sociales, scolaires ou professionnelles ?

Le mercredi 26 novembre 2014, On en parle ouvre son guichet à toutes vos questions sur les personnes à haut potentiel et les tests de QI.

Trois spécialistes y répondent, en direct sur La Première de 8h35 à 9h30.

Invités: Pascale Roux, psychologue F.S.P et coach professionnelle, Florence Del Rio Kraft, membre de l’ASEP et maman de deux enfants HP, et Fiona Fretz Tongue, psychologue-adjointe au service de psychiatrie et psychothérapie de l’enfant et de l’adolescent de l’Est Vaudois.

 

 

1ère partie de l'émission

 

 

2ème partie de l'émission

 

 

POUR CONSULTER la PAGE de l'ÉMISSION :arrow: c'est par là !

 

:idea: & retrouvez ici l'émission sur le même thème, "Personnes à haut potentiel & QI" datant du 10 novembre dernier :up:

 

 

Tags: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , ,

7 commentaires à “Haut Potentiel et tests de QI (RTS.ch La 1ère, novembre 2014)”

  1. Dumbo dit :

    De nouveau passionnant j’aime beaucoup ces intervenants, tant pour la forme que pour le fond.

    Il y a cependant un point qui me tracasse, un point de vue récurrent au fil de tout ce que j’ai pu lire ou entendre à propos des adultes surdoués. De nombreuses personnes insistent sur le fait que des personnes surdouées peuvent parfaitement être et rester dans l’ignorance de leur état et mener une vie parfaitement heureuse et sans problème (du moins pas plus que tout un chacun).
    Je ne suis absolument pas d’accord, la vérité me semble être différente, selon deux axes :
    Soit la personne devenue adulte est en effet parvenue à un certain équilibre (je ne peux pas croire qu’on puisse grandir surdoué comme une fleur, sans avoir été au moins fortement tracassé par ses différences avec la « norme ») et se trouve heureuse, ou du moins pas malheureuse. Je suis pourtant convaincue qu’elle ne pourra être que plus heureuse, passé le stade du grand chamboulement (extrême surprise, déni, sidération, puis compréhension progressive) de comprendre enfin, de voir deux plans de compréhension jusqu’ici toujours paradoxaux se superposer enfin : :idea:
    Dénier à une personne, dont le fonctionnement intelectuel est centré sur le questionnement perpétuel, le besoin de comprendre, d’appréhender, de savoir, la possibilité d’accéder à une telle révélation me parait quasiment criminel !
    Et je suis également persuadée qu’il existe des personnes concernées qui paraissent parfaitement heureuses et équilibrées aux yeux de l’entourage, mais qui sont en fait en grande souffrance, en hyper compensation permanente et délétère, dans une souffrance qui peut même les conduire à mettre fin à leurs jours, à la stupéfaction de leur entourage qui n’a « rien vu venir » (je pense à un cas précis).
    Bien entendu il peur être délicat de prendre la responsabilité de guider une personne vers la compréhension de ce qu’il est, soit un adulte / ado surdoué (j’avoue en avoir parlé à de nombreuses personnes de mon entourage que je savais instinctivement être concernées – avec de très fréquentes confirmations officielles ultérieures à la clé – mais en y réfléchissant très longuement à l’avance, en pesant le pour et le contre et en endossant pleinement la responsabilité de mes propos).
    En particulier pour une personne très âgée, ou qui aurait eu d’énormes difficultés au cours de sa vie et qui serait enfin arrivée à un précieux équilibre, lâcher une telle bombe pourrait être nocif, peut-être…
    Mais d’une façon générale, je crois qu’il est absolument nécessaire que chacune personne concernée puisse se connaître ainsi. C’est trop important. Il ne faut surtout pas croire que les gens que l’on sait forts, dont on profite de la force parfois même, le sont à faible prix.
    En pratique je serai en faveur d’un dépistage systématique de tous les enfants (lourd à mettre en oeuvre, certainement, mais la fin justifie les moyens) en parallèle d’une appréhension fine du fonctionnement de tous, surdoués ou pas, et d’ailleurs, pendant que j’en suis aux vœux pieux, d’un remodelement complet du système scolaire, avec des classes par matières et par niveaux, dans lesquels les enfants seraient dispatchés par capacités réelles et personnelles, selon leur rapidité d’évolution, et non plus par classes d’âge – une aberration qui ne laisse confortable qu’un très petit nombre d’enfants, finalement.

    Ouf, il était long ce message… :roll:

    • Anja dit :

      Amen.

      Honnêtement, je suis de accord avec vous sur toute la ligne. Je ne vous dis pas le nombre de commentaires que j’ai lu disant que le mieux serait de ne pas le tester ou de ne pas leur dire le résultat. Le nombre de commentaires de surdoués testés jeunes qui disent qu’ils auraient préféré ne pas le savoir.

      Je suis désolée mais je pense qu’ils n’ont pas la moindre idée du mal que ça peut faire. Personnellement, pendant 6 ans je me suis crue folle. Complètement folle. Car à l’époque, les surdoués étaient pour moi des exceptions intellectuelles tellement rares qu’ils évoluaient dans des centres spéciaux dont personne n’avaient connaissance (j’en ris maintenant que j’y pense tellement c’est surrealiste la vision que j’en avais). C’est une souffrance atroce que de sentir que quelque chose differe entre vous et les membres de votre famille ou vos semblables, un abîme mais c’est pire encore quand tu ne sais pas pourquoi! C’est insupportable. D’ailleurs ma mère a bien eu l’occasion de me faire tester à 4 ans mais elle a refusé ayant peur de ce que le résultat signifierait pour la suite de ma scolarité. Elle a voulu qu’on me « laisse tranquille ». On fait le choix qu’on pense être le meilleur quand on est parent, mais j’ai tellement souffert de ce choix qui m’a été révélé très tard.

      Comme vous, je suis d’accord et suis complètement pour un dépistage systématique, je pense que ça serait bénéfique à tous : dyslexie, dyspraxie et autres dys pourraient être décelés dès le départ et les enfants pourraient aider le plus tôt possible. Et même si ce serait complexe à mettre en place, je suis de avis que ca en vaut la peine.
      Ca n’a peut être pas été fait partout mais mon meilleur ami qui a 59 ans, a été testé au collège avec tous ses camarades (c’était en Belgique et c’était un collège catholique). C’est un prof qui lui a dit son résultat avec celui des deux autres meilleures de sa classe (en fait, il n’avait pas le droit de le lui dire). Plus tard, on a reproposé aux élèves de le faire en fin de lycée mais il a refusé. Bien sûr, il n’a compris l’importance du résultat que quand je lui ai expliqué ce que je savais du sujet, car l’époque, c’etait un sujet peu en vogue.
      Donc peut-être que ca a été fait par endroits à certaines époques, et que donc, ce n’est pas si impossible. (Bien que le test ait beaucoup changé entre temps).

      Pareil, je ne peux que vous rejoindre concernant l’idée des classes à niveaux. Surtout apres la lecture du livre d’Ellen WINNER. Je pense notamment aux THQI et à ceux qui dépassent largement la moyenne. Je n’imagine même pas la souffrance terrible que ça doit être pour eux, bien qu’après tout, ce n’est peut-être qu’une question de sensibilité et de capacité d’adaptation. En tout cas, je serai prête à tout pour que les HPs du futur ne connaissent pas la souffrance de l’ennui, du vide et de la difficulté de combattre les préjugés. Du coup, je me questionne, y a-t-il vraiment des associations qui mènent des actions importantes auprès des professeurs et du ministère de l’éducation ? Je n’entendais si peu parler que j’ai des doutes. Je sais qu’il y a une association européenne lié aux HPs, mais à part organiser des camps d’étés pour eux, je vois très peu d’actions réellement militantes de leur part.

      Je me sens tellement impuissante face à ça et j’ai tellement vécu ma scolarité comme de la maltraitance psychologique que j’ai la rage d’attirer l’attention des politiques sans savoir au service de qui pouvoir la mettre. De la même manière, je me demande aussi si MENSA fait des choses pour une reconnaissance au point de vue du ministère.

      Donc question générale : Quelqu’un faut-il vraiment quelque chose pour les HPs en ce moment ? (Autres que des conférences, des actions dirigées vers les gens qui ont du pouvoir ou au sein du système scolaire ?)

      Honnêtement, ça me ronge de penser que dans les cursus des enseignants et des psys le sujet ne soit pas plus profondément abordé. Dans le fond, c’est tellement simple et logique à mettre en place et il y a tellement de spécialistes près à partager leur savoir sur le sujet! Ca me ronge de savoir que en Belgique l’action du moment c’est un dépliant disponible aux PMS pour les profs, et qu’on traite le sujet des dyslexiques et des HPs ensemble dans un projet commun quand ca n’a rien à voir.

      Bref… Que quelqu’un le dise qu’il y a du positif et que quelque part ca bouge…

      Bon, j’ai abusé niveau longueur, merci à ceux qui ont pris le temps de lire ;-)

      • Bonjour Anja ! (et à tout le monde bien sûr ^-^)

        De toute évidence nous avons appréhendé les choses de manière similaire, quoique j’ai manifestement été bien mieux lotie que vous, puisque familialement je ne me suis presque jamais sentie à côté de la plaque (à une exception près mais bon). J’ai été autorisée à être moi-même petite, c’est-à-dire à lire sans arrêt, à bidouiller plein de choses et à parler toute seule. Personne n’y trouvait rien à y redire, c’était « normal » !
        Ensuite scolairement ça a été vite poussif, le cas classique de « l’enfant précoce qui perd sa précocité » – normal n’est-ce pas – au collège. A un tel point que quand mes enfants ont abordés le primaire, j’espérais à moitié qu’un saut de classe soit envisagé, afin qu’ils jouissent comme moi, plus tard, d’un joker (j’ai redoublé ma première S). Jusqu’à peu de temps je prenais tout à l’envers…
        Il est trop tard désormais pour savoir la vérité, mais maintenant je me demande si mon saut de classe, qui m’avait été expliqué par une erreur de la maîtresse (j’étais dans une classe double, grande section et CP, et ma grande taille aurait poussé la maîtresse à se tromper et me considérer comme une CP alors que j’arrivais en grande section) n’était pas en fait lié à autre chose, comme l’apprentissage spontané de la lecture… J’imagine très bien moi aussi que mes parents aient pu me taire certains soupçons « pour mon bien ».
        Et pourtant qu’est-ce que j’ai pu complexer ensuite sur mon manque d’intelligence ! C’est presque un miracle que j’ai pu faire des études secondaires, grâce au soutien de mes parents.

        « Car à l’époque, les surdoués étaient pour moi des exceptions intellectuelles tellement rares qu’ils évoluaient dans des centres spéciaux dont personne n’avaient connaissance (j’en ris maintenant que j’y pense tellement c’est surrealiste la vision que j’en avais). » => j’aurais pu dire ça mot pour mot ! :D
        Et c’est bien ça le problème ; on pense déjà savoir ce qu’est un surdoué. Il n’y a pas pire que la mésinformation. Je me rappelle avoir haussé les yeux intérieurement comme une amie me disait que sa fille (une brillante élève) avait plein de surdoués dans sa classe de lycée. J’avais trouvé le terme ridicule (puisque les surdoués selon moi ne devaient être que quelques milliers en France, gardés hors de nos yeux plébéiens !) et pensé qu’elle exagérait. Pas un seul moment je n’ai pensé que cela pouvait correspondre à la vérité, puisque c’était statistiquement impossible selon mes critères, eux-même fondés sur le fait que j’étais persuadée qu’un surdoué, un génie quoi, se voyait comme le nez au milieu de la figure.

        Pour en revenir à l’information de la masse (pas dans un sens péjoratif, hein) ça me semble assez mal parti. C’est vrai qu’on en parle plus, que certains articles, quoique forcément trop légers, sont au moins dans le vrai. D’ailleurs c’est ainsi que j’ai appris l’incroyable vérité sur cette population si peu négligeable en nombre (les surdoués sont parmi nous o.O ^-^), en parcourant un article trouvé sur le profil d’une amie FB (quoique quoi). Et certainement pas parce que je me pensais concernée, mais parce que le sujet m’avait toujours fascinée. Inutile de dire que je suis tombée des nues. Mais ce même article, sous les yeux d’une personne non cible, aurait été très insuffisant à l’informer. Je me suis ruée ensuite sur tout ce qui existait, livres, forums, blog (comme celui-ci qui nous abrite bien aimablement à l’abri de ses rayures :) ) pour arriver à une compréhension solide de la chose.
        *Je vous remercie au passage pour la référence du livre, je vais le lire (je vous conseille, outre les ouvrages de psychologues spécialisés, et si ce n’est pas déjà fait, le livre de Cécile Bost que j’ai trouvé incroyablement éclairant)*
        Bref, je crois que le sujet est à la mode, et que cette mode peut permettre quelques révélations opportunes, mais que c’est encore largement insuffisant pour clarifier radicalement la situation aux yeux de tous.
        Ce ne sera pas facile, bien des gens aiment penser que d’autres sont plus chanceux qu’eux, et ne voudront jamais croire qu’il peut être difficile et douloureux d’être plus intelligent (oui parce qu’on a beau dire – et penser – qu’un QI élevé ne rend pas supérieur, il ne faut pas se leurrer, dans les mentalités ça restera toujours « plus intelligent » = meilleur = chanceux », du moins tant que le système scolaire ne valorisera pas mieux toutes sortes de compétences, et ceci très précocement).

        Il faudrait bien sûr commencer par les enseignants. Je vois beaucoup de parents par ici très en colère, et parfois convaincus, me semble-t-il, que toutes les maîtresses sont à mettre dans le même panier. Pourtant je pense que si certaines personnes sont en effet désespéramment bouchées voire mal intentionnées (le refrain « eh bien s’il est si intelligent il n’a qu’à se débrouiller tout seul »), beaucoup d’autres ne souffrent que d’une absence d’information COMPLÈTE et ne demanderaient pas mieux que de pouvoir aider tous leurs élèves.
        Une question n’est jamais soulevée : n’est-il pas évident qu’il est beaucoup plus facile pour quelqu’un fonctionnant en mode surdoué de comprendre ce fonctionnement ? Et le corollaire : Tous ces parents d’enfants surdoués, peut-être eux-mêmes surdoués ou du moins très informés, n’ont-ils pas un sacré avantage par rapport à l’enseignant qui n’a qu’une connaissance incomplète voire déformée des choses ET sans avoir forcément l’avantage d’être surdoué et donc d’avoir donc une compréhension intuitive d’un tel fonctionnement mental ?
        En ce qui me concerne, sans rien savoir de la question, j’ai toujours trouvé très facile et agréable d’interagir avec des enfants surdoués de mon entourage, tout simplement parce que je pouvais leur parler « normalement » et que leur vivacité, leur imagination, leur curiosité et leur malice m’enchantait. Mais… je n’avais pas à leur enseigner quoi que ce soit !

        Pour en revenir à l’éducation française, elle me parait bien trop axée sur les résultats, sur la production. Rien que le système de notes, avec ses petites virgules, et le classement ! La technique est de faire rentrer les élèves dans des cases en bourrant bien, en forçant même, tant pis si ça racle et que ça fait mal. Alors c’est vrai qu’on a de la chance de bénéficier d’une instruction obligation et gratuite, mais ça pourrait être tellement mieux ! Le problème c’est qu’on ne fait que de petits changements et que du coup la situation revient avec élasticité à sa position initiale, peu ou prou.
        Les problèmes en « dys » en particulier sont encore en effet si mal connus ou du moins si mal diagnostiqués. Et quand un parent suit son instinct et cherche une solution, quel parcours du combattant et quel budget !

        Et pour répondre enfin à votre question, que faire en effet ? Internet permet de faire quelques remous, mais je doute que ce soit assez pour éveiller l’attention de l’Education Nationale. Pourtant il y a tellement d’évidences qui ne sont pas prises en compte, comme la manière de contrôler la santé et l’économie de celle-ci en donnant des cours de cuisine aux enfants et aux adolescents, ainsi que des bases en épidémiologie permettant de comprendre la lutte contre les maladies. Ce n’est pas sorcier, c’est même évident, mais personne ne semble comprendre que manger des fruits et des légumes sous-entend avoir appris à les choisir, les apprécier, les cuisiner…

        Bon, je vais arrêter là, j’abuse des pages du petit zèbre ! :)

      • Dumbo dit :

        Bonjour Anja,

        J’y ai déjà répondu plus (très) longuement, mais mon commentaire n’est pas passé, alors je remets un petit mot, que vous sachiez que j’ai bien lu et apprécié votre réponse !

        • A. Zebrounet dit :

          Dslée ;) Il était parti ds le dossier Spam (cela arrive qq fois & il me faut aller y rechercher le com’ pour le déspamer & le valider :up: )

          • Ciel, me voilà tombée dans les spams, je crois que ça doit être une première ! 8)
            Je me demandais si ce n’était pas lié au fait que j’avais changé/précisé mon pseudo (il y a un Dumbo sur Amazon, mais ce n’est pas moi, alors je me suis relookée avec des ailes :smile: )
            Merci Alexandra !

      • « Je pense notamment aux THQI et à ceux qui dépassent largement la moyenne. Je n’imagine même pas la souffrance terrible que ça doit être pour eux, bien qu’après tout, ce n’est peut-être qu’une question de sensibilité et de capacité d’adaptation. »

        Je crois que ça n’est pas qu’une question de sensibilité et de capacité d’adaptation. On peut parvenir à gérer sa sensibilité, on peut également comprendre suffisamment le corps enseignant et le système pédagogique pour mettre en œuvre diverses stratégies d’adaptation (incluant l’entreprise de modeler son emploi du temps et le nombre de cours suivis, si l’on est dans un cadre privé déployant autant de souplesse qu’il en a d’entendement de la réalité et du genre des divergences de fonctionnement des élèves), grâce à assez de prise de recul sur son parcours pour observer ses modes d’apprentissage et acquérir une méthodologie, mais il reste particulièrement et humainement douloureux de constater sa marginalité fonctionnelle par rapport au restant des élèves – aussi à l’aise, chaleureusement abordé et inclus que nous puissions être socialement.

        En ce qui me concerne, j’ai eu environ besoin d’un douzième du temps normalement seyant pour apprendre la matière dispensée dans le programme. Il m’a aussi fallu l’empaqueter dans des distractions qui auraient profondément outré mes enseignants les plus traditionnels. Aboutir à cette constatation pédagogique s’est fait par des errances émotionnellement taxantes les onze douzièmes du temps restant jusqu’aux examens, car je ne le savais pas encore ; à titre plus exhaustif, la difficulté s’est aussi partiellement calquée sur le défaut de connaissances du haut-potentiel et de ses formes de manifestations par le corps enseignant, dont la tâche ne devrait pas se restreindre à savoir si la personne est effectivement douée. J’aurais eu besoin d’avoir des informations sur ce temps requis pour apprendre, comparativement à celui que les élèves moins rapides parcourent.

        Il peut aussi être immodérément éprouvant de parvenir à quelque chose de positif sans aide quand on n’a pas le choix d’y parvenir accompagné, malgré le contexte social existant, lorsque le système scolaire ne peut que recevoir l’information donnée par l’élève pour ensuite s’y accorder et fournir les autorisations. Il va sans dire que cette conscience de l’existence de l’altérité et que ces dispositions bienveillantes envers la modification de cursus individuel, de la part de l’établissement, évite les peines rencontrées par les zèbres confrontés à des climats éducatifs polaires ou précambriens. Ce qui est le plus douloureux pour moi est de constater que, contrairement à mes camarades de classe, eux aussi repêchés d’un système plus indifférent et public, je ne peux recevoir véritablement d’aide de mes enseignants.

        Mes questions sont manifestement exubérantes en complexité et trop grandes en nombre, ce qui est plus remédiable, alors qu’elles équivalent essentiellement aux « Comment procède-t-on? » de mes camarades de classe qu’ils étalent librement pour qu’on les guide ; je ne les pose plus, et j’en suis toujours non-guidée. Il m’est arrivé de recevoir des critiques acerbes d’un enseignant importuné par son incompréhension de mes travaux, avant qu’il ne remarque qu’il était possible de m’orienter jusqu’à une simplification satisfaisante et que je n’étais pas une rebelle compliquée mais un être complexe. D’autres professeurs le faisaient plus spontanément, avant que je leur aie expliqué que je suis comme ça et que je ne sais pas d’emblée comment eux comprennent les choses.

        Plus généralement encore, il me faut revêtir les comportements cognitifs de mon milieu d’études en les substituant totalement à mes propres caractéristiques cognitives pour espérer être plus aisément comprise, et ainsi donner l’allure de suivre plus ou moins le cursus. Je ne suis pas dérangée par une adaptation qui permette à mes enseignants et examinateurs de me comprendre, mais j’en souffre parce qu’aucune contrepartie n’est engagée ; il n’existe pas de communauté affiliée à ces classes qui puisse assurer la paix de ma façon d’être une personne, inhabituelle pour beaucoup mais banale pour moi. Il peut être pareillement fatigant d’être scruté respectueusement mais comme une créature étrange dont on ne sait pas vraiment quoi faire, surtout quand ça vient d’un enseignant, qui a en principe le rôle de la personne qui sait davantage que l’élève dans son domaine et ne s’étonne pas que les connaissances puissent exister en plus grand nombre que celles qu’il détient mentalement. Pour parvenir à ce regard assez neutre qui était plus incisif antérieurement, j’ai fait l’auto-avocat dès que nécessaire, en distribuant des explicatifs interactifs de mes besoins référés au haut potentiel, ce qui est également fatigant.

        La solution globale que j’ai trouvée, seule encore, est l’apprentissage autodidacte incorporé dans l’établissement, selon le temps que je requiers et mon assistance vaguement régulière à certains cours, pour me donner la possibilité de ressentir que je participe à la tâche, et que je fais d’une manière ou d’une autre partie de ce groupe de personnes cherchant à obtenir le même diplôme. C’est là que j’ai eu le plus de difficultés. Je ne me sens pas participer, mes enseignants pouvant tout au plus me coacher pour les principes de méthodologie administrative (ordonner les composantes rébarbatives de dossiers, parvenir à surpasser les aspects organisationnels de secrétariat), le reste de ma manière d’apprendre différant trop pour qu’un point d’échange commun facilite leur don conseils, dont bénéficient le reste des élèves. En tant que personne, on se sent plus volontiers exister si l’on précède l’annonce de sa présence quand les gens savent ce à quoi ils ont à faire. En tant que personne, j’ai le besoin d’être anticipée un minimum.

        À mon sens, pour bien vivre un décalage extrêmement inadapté d’essence au système scolaire actuel (suisse en l’occurrence), il faut avoir une bonne assise familiale. Au cas contraire, les répercussions sur la personne lui seront trop frontales, plus difficilement évacuables et seront moins facilement conductrices d’un sentiment de cohésion et d’appartenance même si cette même personne parvient à assurer techniquement le contexte et l’essor de son parcours. Il faut autrement, selon ce que j’en pense à nouveau, connaître ou avoir connu un ou plusieurs « pair(s) » de complexité et de décalage développemental semblable, pour se sentir appartenir assez pour le vivre bien.

        N’ayant personnellement pas cet environnement familial et pas vraiment ce genre de relations, bien que j’aie quelques amis à broderie neuronale diversifiée, je parle donc en tant que personne dont les propos pourraient s’alléger en pesanteur émotionnelle selon des circonstances sociales plus engageantes, mais probablement pas foncièrement, quant à la différence de fonctionnement faisant le fondement de mon témoignage ; « l’excès » de décalage peut vraiment être indirectement blessant, aussi impliqués, positifs et relativisants que nous soyons dans notre lutte, dans notre apprentissage des techniques de saut à trampoline ou dans notre cession de plongée sous-marine, selon comment on le prend.



:) :-D 8) :oops: :( :-o LOL :-| :-x :-P :-? :roll: :smile: more »

Commenter cet article