Peut-on mesurer l’intelligence ?

Peut-on mesurer l'intelligence ?Puisque le sujet est d'actualité ces jours-ci avec la fameuse soirée de TF1 (à retrouver par là si vous avez raté ce grand moment - c'est ironique bien sûr :oops: ) je vais vous parler d'un petit bouquin que j'étais vraiment très impatiente de recevoir car j'avais trouvé les travaux de son auteure fort intéressants (j'en parlais ici, sur l'autre blog) :!:

 

Il s'agit de "Peut-on mesurer l'intelligence ?" de Sylvie Chokron, aux éditions du Pommier.

 

Sylvie Chokron est neuropsychologue & dirige l'Unité Fonctionnelle Vision & Cognition implantée à la Fondation Ophtalmologique Rothschild. Elle est également associée au Laboratoire de Psychologie de la Perception du CNRS qui a pour objet d étude les mécanismes cognitifs & les bases cérébrales de la perception visuelle.

 

Présentation de l'éditeur :

 

Qu'appelle -t-on l'« intelligence » ? Aujourd'hui, pourquoi la teste-t-on ? Qu'est_ce que le QI ? Comment le calcule-t-on ? Que teste-t-il réellement ? En quoi les recherches récentes sur l'intelligence questionnent-elles sérieusement les tests de QI ? Quelles dérives éviter à l'avenir ?

Une réflexion vivifiante sur ce que signifie « être intelligent », à la lumière des dernières recherches en neurosciences cognitives et des attentes et dans un contexte où la mesure de l'intelligence s'est considérablement développée et s'applique à tous les domaines : diagnostic médical, orientation scolaire, recrutement professionnel...

Sait-on mesurer l'intelligence ? Les tests de QI sont-ils vraiment adaptés à chacun ? Le QI correspond- il d ailleurs à l'intelligence ? Si tant est que l'on puisse parler d'un type unique d'intelligence...

 

Et c'est parce qu'elle avait retenu mon attention que j'ai été d'autant plus déçue du contenu de ce bouquin :(

 

 

Ce livre est paru dans la collection Les Petites Pommes du savoir, censé répondre à une thématique en 128 pages...

 

Or, les réponses apportées ici me laissent quelque peu perplexe :hypno:

 

Voyez comment j'ai post-ité le livre ; ces petites marques de couleur sont autant de points que j'ai relevé & qui m'ont exaspérée dans cet ouvrage :-|

 

Peut-on mesurer l'intelligence ?

 

Il y a notamment, à compter de la page 80, une partie intitulée « QI faible ou précocité intellectuelle », dans laquelle on peut notamment lire :

 

A l'heure actuelle, que ce soit dans le domaine de la déficience ou de la précocité intellectuelle, il n'existe pas de score, de profil permettant d'identifier de manière formelle & correcte un fonctionnement mental qui soit qualitativement & quantitativement inférieur, supérieur ou simplement différent de la norme. Ces mesures sont donc totalement subjectives & arbitraires, & dépendent directement du test, de la population de référence & donc de la norme utilisée.

 

Ah bon !? 8-O

 

L'ensemble des spécialistes du haut potentiel intellectuel (pour ne parler que ce cet extrême de la courbe de Gauss) fait donc fausse route & se met le doigt dans l’œil...

 

Ainsi les résultats des tests effectués par IRM fonctionnelle ayant pu mettre en évidence un fonctionnement des cortex frontal & pariétal suractivé chez les personnes à haut ou très haut QI, par rapport aux sujets d’intelligence normale (c'est à dire présentant un QI de plus ou moins 100) seraient inexistants pour l'auteure :oh:

 

Un peu plus loin dans le livre, on peut s'étonner d'une autre affirmation :

 

On pourrait croire que le QI est une mesure stable dans le temps chez un sujet donné mais il semble que le QI augmente tout au long de l'enfance, se stabilise vers 20 ans puis décline à la tranche d'âge de 50-60 ans.

 

Hum... un QI qui augmente perpétuellement jusqu'à 20 ans :?:

 

Sylvie Chokron fait probablement référence ici à l'étude menée par l'équipe du Pr Cathy Price, de l'University College of London, publiée dans la revue Nature en 2011.
Les résultats ne disent pas que le QI "augmente tout au long de l'enfance", mais pointent du doigt le fait que des enfants testés à quelques années d'écart ont parfois vu leurs performances évoluer à l'adolescence, dans le positif comme dans le négatif, avec une chute de QI pouvant atteindre jusqu'à 20 points sur le score global.

 

Et qu'est-ce que cela prouve ? Ces ados ont-ils tous vécus pendants des années dans les strictes mêmes conditions ? Bien sûr que non, ils ont eu un parcours de vie, un environnement qui leur sont propres :!:
De plus on sait aujourd'hui que la consommation de drogue a un impact en terme de Quotient Intellectuel. Or, l'adolescence est l'âge où les jeunes tombent dans ces addictions.

 

Que la mesure du QI puisse varier, on le sait, pour moult raisons du reste. Mais est-ce une preuve de l'inutilité des tests psychométriques ? Pas à mon sens.

 

Bref, cette phrase peut être très mal interprétée par le lecteur lambda qui la comprendre sans doute au sens littéral : "le QI grandit avec l'enfant".
Cela m'agace prodigieusement de lire sur le net ou d'entendre dans les discussions de parents des choses comme :

 

A 4 ans il a déjà 110 de QI

 

Comme si ce quotient intellectuel était exponentiel & allait suivre la courbe de croissance de l'enfant !!! Et tristement, il me semble que cet ouvrage ne viendra pas contredire ce type d'inepties :down:

 

Autre chapitre qui m'a gênée, « Peut-on améliorer son QI », qui se conclut par :

 

Le fait que l'entrainement puisse améliorer les performances montre à quel point ces tests mesurent notre capacité à passer des tests !

 

Mais comment expliquer alors que, sans aucun entrainement, deux personnes (adultes comme enfants) puissent obtenir des résultats diamétralement opposés & présenter des capacités très différentes face aux mêmes épreuves ?
Que veulent dire dans ce cas des scores comme u QI total de 105 d'un côté & de 153 de l'autre ?

 

Il y a tout de même bien une explication à cela ? Et la raison de ce gouffre ne se cache pas dans l'entrainement ou la répétition de certaines tâches.

 

Je suis estomaquée par la volonté dans cet ouvrage de nier toute différence, toute réalité concrète résultant pourtant de la passation de tests psychométriques :-?

 

Certaines choses sont néanmoins intéressantes, bien que vues très rapidement (mais le principe de la collection l'impose...), comme le chapitre sur la plasticité cérébrale ou encore l'utilisation qui est faite dans certains cas des tests d'efficience intellectuelle :up:

 

Avec cette phrase par exemple, dont je partage totalement l'avis :

 

On peut donc s'interroger sur le bien-fondé de l'utilisation des tests psychométriques par les cabinets de recrutement

 

Ou encore celle-ci :

 

Nos performances cognitives sont sous la dépendance directe de notre état émotionnel & motivationnel

 

Un avis plutôt négatif en conclusion sur ce "Peut-on mesurer l'intelligence ?", qui malgré quelques bons passages m'a laissée un goût amer à sa lecture & m'a dans l'ensemble beaucoup déçue.

 

Peut-on mesurer l'intelligence ?

 

Le livre a par ailleurs fait l'objet d'un court reportage dans Télématin il y a 2 jours. Reportage dans lequel on voit allègrement tout un tas d'images de subtests & matériel de passation faisant partie des batteries de test de Wechsler (Wppsi, Wisc, Wais) :-?

 


Sciences du 22/01/2015

 

 

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4 commentaires à “Peut-on mesurer l’intelligence ?”

  1. superbes rayures dit :

    pas envie de lire se livre…

  2. « Mais comment expliquer alors que, sans aucun entrainement, deux personnes (adultes comme enfants) puissent obtenir des résultats diamétralement opposés & présenter des capacités très différentes face aux mêmes épreuves ?
    Que veulent dire dans ce cas des scores comme un QI total de 105 d’un côté & de 153 de l’autre ? »

    Sans parler des résultats mettant en évidence des troubles de l’apprentissage ; je ne sais pas si l’exemple est bon, mais il est probablement manifeste que la personne ayant obtenu 155 du côté des performances et 130 du côté verbal a fait filtrer par le biais de la mesure une difficulté. Si elle a une « dys », celle-ci ne s’améliorera pas avec l’entraînement au travers des scores et marquera l’existence d’un filet solide à ces tests. En outre, pour imager, les personnes ayant une déficience mentale n’auront probablement pas la possibilité de résoudre des tâches cognitives de leur vie quotidienne étant parallèles à celles qu’elles auraient pu améliorer dans les tests. L’amélioration reposerait donc sur un accroissement de l’habileté méthodologique plutôt que sur celui d’une habileté cognitive ; il est important de qualifier la nature de l’amélioration.

    Je doute également qu’il soit possible de s’entraîner à solutionner maximalement les tests, en atteignant un taux de réponses correctes optimal alors que l’on a préalablement et sans exercice de préparation obtenu 100, 120, voire 140. Il existe sans doute une marge d’amélioration du score et de la méthodologie de résolution, non de la complexité des procédés ayant mené au score, mais si elle est à considérer chez quelques personnes pour asseoir cette idée, alors, pour ne pas fonder arbitrairement ce postulat, il me paraît plus juste de partir du principe que tout le monde doit avoir atteint cette marge de manœuvre au moment de la vérification de l’idée. À partir de là, soit on se retrouverait au même résultat populaire simplement augmenté, donc au même stade, soit on dénoterait que les personnes douées coucheraient des scores plus élevés du fait de leur plus grande aptitude à l’apprentissage et à améliorer plus amplement quelque issue cognitive. Là encore, on serait au même stade si ce n’est que la courbe de Gauss aurait l’allure plus écartelée et aplanie à sa droite tandis qu’elle se compresserait vers la gauche ; ça reviendrait au même, encore une fois, quoique la courbe traiterait non plus des capacités mais des capacités à former ses capacités : de métacapacités. Il ne s’agirait que d’une forme de déformation optique de la courbe ou d’un nouveau genre intéressant d’étude, mais on ne peut pas condamner une population entière seulement parce que certains trichent.

    Puis pourquoi généralement parler d’entraînement quand on n’a pas accès aux informations qui permettent cet entraînement ? Aucun test authentique ne circule sur internet… ou dans les médias :roll: . Il existe aussi une marge de temps à respecter entre deux passations d’un même test. D’un autre côté, la décrédibilisation des tests de Q.I. semble beaucoup plus se porter sur la notion cognitive, voire hyper-cognitive, que sur les troubles de l’apprentissage qu’ils permettent sauf erreur de détecter. Il me paraît d’autant plus arbitraire de trancher leur compétence.

    Il est bien de relativiser les tests de Q.I. mais pas de les stigmatiser en déniant avec dichotomie leur valeur utilitaire contemporaine, parce qu’il s’agit du seul outil auxiliaire que nous ayons à disposition pour commencer à aider des personnes dans le besoin (déficience, surefficience, dys, briser la croyance de l’autiste ou asperger débile, forcer à l’humilité de jugement les enseignants hostiles, autre). Pour moi, ils sont l’équivalent d’un radar routier. Il est infiniment probable qu’une voiture flashée à 300 soit un bolide. Il est aussi possible, bien plus rarement, que cette même voiture soit flashée à 60, vitesse moyenne de circulation routière (pour l’exemple). La voiture peut être endommagée ou le conducteur blessé, autant qu’atteint de nanisme ou de gigantisme sans parvenir à franchir les pédales sinon par une remédiation, non de la voiture mais de l’accès à celle-ci ; d’où l’importance d’un test qui ne se cantonne pas au radar. Cela dit, je doute qu’il soit particulièrement fréquent qu’une voiture de ville soit flashée à 300. Si c’est le cas, plutôt que de remettre en cause la valeur des radars routiers, mécanisés, pourquoi ne pas se fier aux gendarmes formés et à leurs ressources de personnes, aptes à reconnaître les engins et à identifier l’état psychologique du conducteur ?

  3. Henri dit :

    Je considère que le fait d’avoir un super score de QI sans entraînement ne donne pas d’indication fiable sur son potentiel. Il y a des domaines où la personne non entraînée plafonne plus tôt qu’une personne qui avait de moins bons résultats au départ. ( j’ai bien observé ce phénomène en plongée en apnée).
    En principe plus on mesure quelque chose et plus on devrait affiner nos résultats. Alors si cela n’est pas le cas pour les Tests de QI cela me semble douteux.
    Ajoutons un autre point intéressant, celui où des personnes auraient un score jugé modeste mais réaliseraient des choses ors prédiction des tests. Par exemple une personne qui aurait un QI inférieur à 130 comme Richard Feynman, ne devrait pas être en mesure de faire ce qu’il à fait !!! et pourtant il l’a bien fait!!! Tous les témoignages mais aussi ses écris ( j’ai lu ses cours de physiques) attestent bien que c’est une personne exceptionnelle
    De plus le QI moyen des prix Nobels semble pas exceptionnels ( cf conf de Nikos Lygeros) ce qui est comment fou…
    Celui des champions d’échecs toujours selon Nikos Lygeros, ne serait pas exceptionnel!
    je pense que les psychologues devraient justement s’intéresser aux cas des personnes ayant réalisés des choses exceptionnels sans avoir le QI qui va avec, car plusieurs cas échappent aux prédiction classique du QI.
    Bref le savoir progresse et remet en question les choses établis.



:) :-D 8) :oops: :( :-o LOL :-| :-x :-P :-? :roll: :smile: more »

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