Et si surdoué ne rimait pas forcément avec frustré ?

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Body painting, par Daniele Guido (www.guidodaniele.com)

Dans l'imaginaire collectif, un surdoué est très chanceux car il est vu comme un être  brillant, voire tout simplement génial, dans tous domaines bien entendu icon_confused
Un être  virevoltant avec une facilité déconcertante sur des problèmes mathématiques complexes à la manière de Will Hunting, ou encore étant un virtuose du violoncelle  façon Yo Yo Ma. Mais quelle que soit la façon dont cela s'exprime, il va de soi qu'un surdoué réalise des prouesses.

Les traditionnels fantasmes & préjugés sur "le surdoué" lui collent systématiquement une image de superman (ou superwomanicon_razz1), sûr de lui, tant tout ce qu'il touche se transforme en or.
Il est par conséquent absolument impensable qu'il puisse ne pas être pleinement accompli ou se poser des questions. Comment  est-il possible d'oser se plaindre quand on a, à priori & selon les critères induits par ces contre-vérités, tout pour être heureux & réussir sa vie icon_question1 icon_exclaim1

 

J'ai déjà évoqué dans des articles précédents combien la réalité était différente, nettement moins idéale & rose bonbon. Un surdoué n'étant pas un prodige, pas plus qu'un génie. Il possède seulement une intelligence qui diffère de la norme. Une intelligence qui sera souvent plus rapide, plus directe, & donc, plus efficace que la majorité  des gens, empruntant des chemins moins conventionnels afin de résoudre un problème, par exemple. Mais une intelligence qui ne lui épargnera pas bien des soucis...

 

Outre la réalité purement pratique & intellectuelle, il y a en plus une réalité émotionnelle & émotive qui est également bien éloignée des idées reçues.
Non le surdoué n'est pas imbu de sa personne, ou élitiste. Il ne s'estime pas supérieur aux autres (ce sont malheureusement "les autres" qui ont ce sentiment face au surdouement ! Ressenti induit par les idées reçues allant de paire avec le mot "surdoué"), & bien souvent il manifeste au contraire un manque de confiance en lui conséquent, il doute de tout & en permamence, à commenser par lui & ses "facultés exceptionnelles".
Nombreux sont les surdoués ayant construit tout ou partie de leur personnalité en faux-self, tributaires du regard que leur entourage portait sur eux, empli selon les familles d'attentes, d'envie ou de reproches & de jalousies.

Il n'est donc pas aisé de trouver sa place quand on est affublé d'un poids aussi lourd à porter, car teinté de tant d'idées formatées, que le surdouement. Vivre sous le regard scrutateur des autres, que ce soit celui de la  famille, de l'école, des amis, est une réelle souffrance au quotidien. Souffrance d'avoir le sentiment être imcompris & regardé telle une bête de foire, qui vient s'ajouter à l'inévitable crainte de ne pas être à la hauteur des attentes de tous ces regards.
"Et s'ils se trompaient ?" - " Si je n'étais qu'un idiot & un incapable ?", voilà ce à quoi pense le surdoué. Il vit avec une pression permanente & la crainte de décevoir le ronge.

 

Mais cette souffrance est-elle forcément le lot du surdouement ? icon_sad1
En étant surdoué, ne peut-on pas échapper à toute cette pression, qui pourrait être intéressante  si elle s'avérait bénéfique & avait pour objectif sain d'encourager, sans juger. Or elle est tout à fait à l'opposé, castratrice & source de fortes angoisses, de stress, de craintes.
Si la frustration laissait tout simplement sa place à l'épanouissement & à la liberté d'exister pour soi-même, sans prêter attention aux regards féroces parfois portés sur nous & nos agissements... nous aurions alors tout loisir de (re)considérer le surdon comme une cadeau, & plus comme un fardeau sous lequel on succombe.

Car je reste intimement persuadée qu'être surdoué est enviable, à la condition de commencer par l'envisager soi-même comme tel !  Ne pas se laisser submerger par le flot d'exigences qui vont avec est le premier pas vers le bien-être.
Je veux faire de cette différence une chance, une joie, pas une croix à porter. En effet je pense que le regard que l'entourage pose sur le surdoué est également fonction de la propre vision de ce dernier sur sa condition de "surdoué". Se voit-il chanceux & léger ? ou au contraire, se ressent-il martyr condamné à souffrir & plier sous le poids des promesses de réussite absolue ?
Les idées reçues planant autour du terme "surdoué" ont indéniablement de lourdes conséquences sur la vision que les gens peuvent avoir d'un individu qui est concerné par ce don. Mais il me semble que l'on a tendance à reporter hâtivement & sans nuance toute la faute sur les autres & ces images caricaturales à outrance, oubliant de fait qu'il appartient à chacun de lutter contre ces préjugés & de les faire tomber ! icon_mrgreen1

 

Une des méthodes les plus efficaces étant, à mon sens, de renvoyer une image heureuse & positive du surdouement, synonyme d'harmonie & de paix icon_rolleyes1   Une image, sans équivoque, capable de contrer à la fois la caricature du petit prodige, comme le triste portrait du surdoué mal dans sa peau se flagelleant avec des orties, brossé sur bien des sites-internet.  Portrait dans lequel tout semble terne & où chaque pas résonne comme une épouvantable épreuve pour cet individu hors norme (ce qui est tout aussi dommageable & caricatural - mais dans l'extrême opposé -  que les fantasmes de réussite éclatante résultant des préjugés usuels autour du terme "surdoué").
Seulement, pour être en mesure de renvoyer une image positive, simple & équilibrée, encore faut-il ressentir tout cela, & être bien dans ses sabots de Zèbre !   Or comment l'être quand on se sent au fond totalement incompris & étranger au monde qui nous entoure ???

 

Certes, c'est un peu le serpent qui se mord la queue... mais je pense qu'en faisant l'effort de se positionner soi-même, non plus comme une malheureuse victime (de la méchanceté, de l'incompréhension, du rejet) passive & regrettant les malentendus occasionnés par la méconnaissance du surdouement, mais en individu actif qui met son énergie à contribution pour aller de l'avant, la perception des autres ira elle aussi en s'améliorant grandement. Ce qui entrainera un mieux-être du côté du Zèbre qui se sentira moins mis à l'écart :hearts:   
Notez que j'écris "elle aussi", car je crois réellement que le positif attire le positif ! Et qu'accepter d'avoir de la considération pour soi-même permet de commencer à vivre en harmonie avec son don, de s'autoriser à le vivre bien & sans en éprouver une certaine gêne, voire une honte.  

 

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6 commentaires à “Et si surdoué ne rimait pas forcément avec frustré ?”

  1. Papyrus dit :

    Simplement, merci.

  2. Clairdelun dit :

    Je découvre ce blog depuis hier, et le parcours avec énormément de plaisir.
    Merci de nous faire partager ces moments, et ces émotions c’est un réel plaisir.

    Je me retrouve tellement, maman de Zebrillon ( une sûre peut-être 2 ;) ) , et moi même Z fort discrete ayant eu bien soins pendant plus de 30 ans de cacher mes rayures. Je les ai découvertes il y a très peu, et tend justement à en faire du positif.
    encore merci

    • Zebrounet dit :

      Merci à vous de ce commentaire ! LOL
      C’est tjrs agréable & sympathique de savoir que d’autres se retrouvent ds mes mots & mes ressentis. Après avoir passé tant d’années à se croire anormale, extra-terrestre, folle,ça fait du bien !!!
      Bizzz :round:

      • Dan-hibou dit :

        C’est un abonné Twitter —qui m’est d’autant plus cher depuis— qui m’a fait découvrir votre blog (que je suis en train d’éplucher de fond en comble :) ).

        J’avais passé des tests début vingtaine, j’avais lu Alice Miller sur le sujet (mais si différemment) quelques années plus tard, mais c’est ici et chez Talent différent que je découvre que le QI n’explique pas tout. N’explique pas notre rapport au monde, notre façon de traiter l’information, etc. C’est grandement appréciable car jusqu’ici j’attribuais le fait des rapports humains problématiques à l’histoire familiale (assez lourde). Alors j’apprécie beaucoup de vous lire car, par certains aspects (puisque nous ne sommes pas semblables en tout point ;) ), ça me permet de relire ma propre histoire et d’y prendre mieux mes aises. Merci, donc! :-D

  3. Scylla dit :

    Si vous voulez bien arrêter de parler de moi, ça finit par être indécent :-D
    Je découvre mes rayures au crépuscule de ma trentaine, j’ignorais que d’autres pouvaient me ressembler (en plus de mon âme sœur et de mes trois enfants).
    Merci pour vos mots qui élargissent mon horizon et me donnent des éléments de compréhension pour moi-même et les autres zèbres qui m’entourent. :)



:) :-D 8) :oops: :( :-o LOL :-| :-x :-P :-? :roll: :smile: more »

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