Le terme « surdoué » ne dérange pas toujours…

"Surdoué", le mot est souvent dérangeant, mal perçu, mal interprété car bien trop lourd de préjugés & d'idées reçues.
Tant & si bien que, complexés & redoutant de devoir affronter ce malaise palpable lorsqu'il est question de capacités intellectuelles hors norme, les surdoués comme les spécialistes qui les étudient & les entourent ont désespérément tenté depuis des années de trouver une échappatoire, un mot neutre & politiquement correct qui les débarrasserait à tout jamais de ce poids dans le regard de l'autre quand on fait référence à la douance 8-O

 

Il y a pourtant des cas, que pour ma part je relève très régulièrement - dans les médias, sur le net -  où le terme "surdoué" est accepté sans problème.
Où on en use & on en abuse, sans la moindre arrière-pensée, la moindre gêne ou jalousie, sans la nécessité absolue à établir aussitôt un parallèle entre le surdoué & soi-même ou sa progéniture. Ce monde merveilleux qui permet cela est le sport ! :roll:

 

Nulle crainte à lâcher le fameux mot dans ce domaine ! c'est autorisé !!! :-P  Sur la seule alerte Google d'hier, avec le mot-clé "surdoué", voici ce que l'on peut trouver en réponse (copié-collé de la totalité des 1ères réponses !) :

 

"Jérémy Ménez, 23 ans: A l'image de Ben Arfa, il est surdoué, mais il veut toujours trop en faire" (football)

"Surdoué du rugby, champion de France 2010 avec Clermont-Ferrand et co-auteur d'un grand chelem avec le XV de France dans le tournoi des 6 Nations" (rugby)

"Jake Tusing fait figure de surdoué, mais sa timidité l'handicape sérieusement quand il est en public" (basket)

"[...] de Zinedine Zidane et Youri Djorkaeff. La suite on la connaît, Laurent Blanc serait peut être bien inspiré de laisser de côté le surdoué de Trappes..." (football)

 

 

De la même manière, cela ne choquera pas de voir que les enfants présentant un don pour une activité artistique bénéficient de cours intensifs, d'un niveau très poussé, d'emplois du temps aménagés afin de cultiver & de développer leur(s) don(s).

 

Ainsi, personne ne trouve rien à redire aux sections ou musique/études ou aux petits rats de l'opéra (qui pratiquent chaque après-midi 3 à 4 heures de danse !).
Il est logique que ces enfants aient un enseignement intensif dans leur discipline, tout à fait normal qu'ils passent des heures à améliorer leurs performances dans ces sphères-là, que leur temps-libre soit consacré aux compétitions, spectacles & autres concours.
Mais une accélération de cursus (= saut(s) de classe), ou un emploi du temps aménagé pour un enfant intellectuellement surdoué sera dans la plupart des cas mal vu, critiqué, incompris, jugé... ou tout bonnement refusé par l'école ! :oops:

 

Je trouve vraiment regrettable de faire ce constat : le don n'est acceptable que s'il est sportif ou artistique.
Les capacités intellectuelles semblent être plus discutables que les capacités sportives ou artistiques. Nombreux sont les gens de tous bords (y compris dans le corps enseignant) à aller jusqu'à nier l'existence de la surefficience mentale.
On ne remet pourtant jamais en cause le don d'un jeune musicien ou d'un jeune sportif !? :(
On ne conteste pas son extraordinaire capacité dans tel ou tel domaine, ni même le fait qu'il travaille durement pour évoluer dans son sport ou son art. Le besoin d'entrainement à haut niveau se comprend quand il s'agit de sport ou de musique, mais sera perçu comme du bourrage de crâne sur le plan des études.

 

Là où l'enfant doué en football jouira d'un programme d'entrainement adapté à son haut niveau & à ses besoins pour mettre à profit ses extraordinaires capacités, l'enfant intellectuellement doué aura lui toutes les peines du monde à faire de même dans sa spécialité.
Il sera confronté à des instit. & des profs opposés à un approfondissement des apprentissages scolaires, aidé de ses parents il devra faire des pieds & des mains pour sauter une ou des classes, il devra (pour son bien... :-x ) attendre patiemment que ses petits camarades de classe commencent à comprendre ce que lui maitrisera depuis des mois, etc.
La nourriture intellectuelle du surdoué est donnée avec parcimonie dans l'éducation nationale... Il est évident qu'il en va tout autrement en ce qui concerne le sport & le domaine artistique.
On impose à un élève intellectuellement doué de se contenter des mêmes choses qu'un élève lambda.
Il ne viendrait pourtant pas à l'idée de quiconque d'obliger un virtuose du violon à faire des gammes comme une élève de 1ère année :-o C'est pourtant la situation classique du surdoué, vécue par bien des enfants : être réduit à attendre... & s'ennuyer, au lieu d'exploiter son haut potentiel.

 

Peut-être est-ce dû au fait que le surdouement ne se voit pas !??
Physiquement, un enfant présentant un QI de 140 ne sera en rien différent d'un enfant au QI de 100, & finalement, sa virtuosité intellectuelle comme sa vélocité seront mises sur le compte de parents qui ont poussé l'enfant, en ont fait un "petit singe savant".

 

Il est à ce propos étonnant de souligner qu'on incriminera jamais les parents d'un jeune "footballer surdoué" de l'avoir poussé, ou entrainé... On l'enviera, on l'admirera, mais on ne pointera pas du doigt les parents, alors considérés comme chanceux d'avoir un enfant présentant un tel don.
Par contre cette suspicion pèsera toujours sur les épaules des parents d'un enfant à haut potentiel intellectuel. Ils devront apprendre à sans cesse se justifier, à expliquer que l'on ne "fabrique pas" un surdoué, voire à s'excuser d'avoir engendré un "intello".

 

Amener son enfant à se dépasser dans un domaine artistique ou sportif est parfaitement louable. L'amener à se dépasser dans le domaine cérébral est discuté, contesté & souvent finalement, condamné :-|

 

 

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10 commentaires à “Le terme « surdoué » ne dérange pas toujours…”

  1. Puppet dit :

    Bonjour Mme Z ! =)
    Je poste un message sur cet article comme je pourrais le laisser sur d’autres, mais étant donné que je suis votre blog depuis maintenant quelques temps je me suis dis que j’allais signaler ma présence et ne pas demeurer une observatrice de l’ombre =)
    A bientôt 18ans je ne sais pas si je suis « surdouée » ou pas, à vrai dire je trouve même cela prétentieux de le supposer et cela va de soit de l’admettre sans preuve (= test), mais une psychologue m’a lancée sur cette idée donc je me suis mise à me renseigner (dans le genre « noon ne le fait pas tu crains » – « ah mais trop tard te revoilà à trifouiller »), curiosité renforcée par un parcours scolaire (enviable cela dit, facilités, bonnes notes et tout malgré absences) qui m’a semblé plat et me fait beaucoup appréhender l’Ecole (que va donner la Fac ?)
    Bref, tout ça pour dire que j’appréçie votre blog, je trouve vos articles très fluides, intéressants et complets (parce que souvent, dans les conversations, on ne trouve que des petits bouts d’avis, des allusions sans vraiment connaître le fond des idées, bref, ici, c’est bien condensé). Je viens même jetter un coup d’oeil après être allée au ciné (tiens est-ce qu’il y aurait un article sur ce film? ^_^)
    Merci pour ce plaisir, et bonne continuation !

  2. daniel jachet dit :

    N’étant pas surdoué moi même, mais ayant beaucoup lutté pour la prise en considération du phénomène dans l’Ed Nle, je suis toujours très intéressé par les témoignages de « sujets » concernés. Ceux avec qui j’ai travaillé bien sûr mais aussi tous ceux qui témoignent publiquement. Ils sont d’autant plus utiles que je constate, actuellement, une contestation organisée et nouvelle de la réalité du….don.
    dj

  3. Elwen dit :

    Cette disparité ne viendrait-elle pas du fait que « surdoué artistique/sportif » fait rêver, contrairement au « surdoué intellectuel » qui fait peur ?

    Le premier, de part son aisance technique, nous force à l’admiration. « Oh ! Regarde moi ce passement de jambes ! » « Incroyable comment ses doigts volent sur la guitare ! »

    Le deuxième n’entendra jamais son entourage lui avouer combien sa façon unique de penser est belle, que son aisance mentale est incroyable. Sa dextérité bien cachée derrière une jolie boîte crânienne fait peur car invisible aux yeux du reste du commun des mortels.

    • Zebrounet dit :

      Je suis tt à fait OK avec cette analyse ! ;)
      C’est bien triste d’ailleurs, car la virtuosité dans le maniement des chiffres, des idées ou des mots devrait en toute logique faire l’admiration des gens (que ce soient les plus proches comme le corps enseignant). Tt autant que l’on admire en effet les prouesses réalisées avec un ballon ou une guitare…

  4. Chrodegang dit :

    Bonjour, est-ce que cela vous dérangerait que je cite votre article sur mon propre blog?

    Cordialement,

    Chrodegang

    • Zebrounet dit :

      Bjour !
      Aucun problème (& même bien au contraire, je suis ravie que cet article vous ait plu au point de vouloir le citer :) )

      • Chrodegang dit :

        Bonjour,

        merci d’avoir accepté! En fait, je veux m’en servir comme amorce pour quelques lignes qui ne traitent pas tout-à-fait du même sujet. Vous exprimez très bien des choses qui me sont déjà venues à l’esprit, mais c’est en lisant votre article que j’ai pensé au mien, alors, honnêteté oblige…
        A titre informatif, c’est ici:
        http://chrodegang.wordpress.com/2010/08/16/reves-de-jeunesse/

  5. Flo dit :

    N’est ce pas aussi le côté transversal de l’intelligence qui gênerait ? Un talent dans un domaine, soit, c’est circonscrit…Mais être plus intelligent c’est être plus efficace dans tout ce qui touche à l’intellectuel. Affirmer son intelligence est je crois vu (à cause de ce côté très transversal) comme l’affirmation d’une supériorité générale.

    Puis, les emplois ayant le plus d’éclat socialement sont également les plus intellectuels, ou reposant sur une sélection très intellectuelle ; et les filières manuelles sont des filières de réorientation pour ceux n’arrivant pas à suivre en général…Les sélections se font tout au long de la scolarité, des portes sont fermées pour ceux jugés pas assez capables pour les études.

    Enfin, c’est donc un sujet très délicat. On m’a toujours dit que j’avais des facilités, avec plus ou moins de bienveillance (parfois beaucoup, mais j’ai aussi eu pas mal de jalousies) ; leur faire avaler que ça me posait un souci ça n’aurait pas manqué de les étouffer, ils auraient pensé que je poussais mémé dans les orties, car j’avais tout pour réussir.

    • Flo dit :

      D’ailleurs on retrouve ce côté transversal dans le terme même. On dit juste « surdoué », et non « surdoué du piano » ou « surdoué du ballon rond » :)

      (Désolée si je me réponds à moi-même, j’aurais dû réfléchir un peu plus avant de poster :P)

  6. Maxime dit :

    C’est révoltant!

    Je suis moi-même un ptit surdoué et je suis très mal vus, j’ai sauté une année.

    Comme si on devait se cacher.

    Pourquoi est-ce que ça dérange que l’on et quelque chose dans le crâne??? :(



:) :-D 8) :oops: :( :-o LOL :-| :-x :-P :-? :roll: :smile: more »

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