Itinéraire de Cédric Villani, Médaille Fields 2010

Il y a quelques jours (ou plus exactement, quelques soirs :)  ), je suis tombée sur une émission (Ce soir ou jamais, sur France 3 pour ne pas la citer) dans laquelle était invité Cédric Villani :!:

 

Il s'agit d'un mathématicien français, brillant, ayant reçu en 2010 la fameuse Médaille Fields  :up:

 

En l'écoutant & l'observant attentivement, je me suis aperçue qu'il portait toujours une broche bien particulière :)

 

A chaque apparition télévisée, je l'ai en effet vu arborer une broche en forme d'araignée.

 

J'ai alors immédiatement repensé à un bouquin de Franck Thilliez paru en 2007 ("La mémoire fantôme" - celui-là même dans lequel j'avais trouvé le problème d'Einstein) où il est justement question de mathématiciens géniaux... & de broches araignées  8-O

 


Cliquez sur la couverture pour ouvrir
les détails de "La mémoire fantôme"

 

 

Intriguée par cette étonnante coïncidence (en est-ce véritable une :?: ), j'ai bien tenté de faire quelques recherches, mais n'ai rien trouvé qui puisse établir un lien entre les 2 hommes.

 

Par contre, & c'est là la raison de ce billet, j'ai trouvé dans les commentaires d'un article du Point un témoignage fort sympathique & intéressant sur la prime enfance de ce surdoué.

 

Je vous laisse le découvrir...

 

Cédric Villani et son terreau familial

En Août 1978, je fais connaissance d'un sympathique jeune ménage, tous deux agrégés de lettres au lycée de Brive. Ils viennent avec leur fils de 4 ans et dix mois pour un certificat d'aptitude au cours préparatoire, demandé par l'école privée de Brive. La directrice de l'école publique, vu son âge, refuse en effet catégoriquement de le prendre, bien qu'il lise déjà couramment, ce qu'il lui a d'ailleurs prouvé avec le journal posé sur son bureau.
Jeune pédiatre, c'est depuis ce jour que je me suis vivement intéressé à la question des enfants précoces et surdoués.

Ce jour - là aussi, la mère de Cédric, ce jeune garçon, et ma femme qui était ma secrétaire, se sont revues avec grand plaisir, s'étant connues en hypokhâgne à Aix.
Les Villani sont ensuite venus enseigner à Toulon en classes préparatoires et j'ai bien connu la famille puisque j'ai longtemps suivi Cédric et ses deux frères plus jeunes.
Qu'Hippocrate me pardonne ! Puis - je révéler quelques détails ? Les deux parents charmants, excellents professeurs qu'on disait très appréciés de leurs élèves. La mère, fort jolie femme, toujours modeste et un peu réservée, très profonde, avait été d'après mon épouse, la plus jeune et la meilleure élève de la prépa, ce qui ne l'empêchait pas de rester très simple et très aimable. C'était une mère très attentive. Le père de Cédric était plein d'humour et en l'écoutant l'autre jour à la radio, je croyais voir ses yeux pétillants et son sourire malicieux. Quoique fort jeune, il s'occupait énormément de ses garçons, tous les trois excellents élèves ; mais on ne parlait qu'incidemment de leur réussite scolaire, tellement cela paraissait naturel. Les trois frères et leur père étaient par ailleurs, d'excellents joueurs de ping - pong. Musiciens, chez eux le piano n'était pas un simple élément du décor. Cédric, et je m'en suis occupé jusqu'à l'adolescence, m'a toujours paru un patient extrêmement agréable, pas du tout m'as - tu vu, naturel, gentil.

Quelle fierté de lui avoir donné mes soins ! Un seul regret pour moi, qui ai si souvent mesuré son périmètre crânien : n'avoir pas eu vraiment conscience que ce que j'évaluais si régulièrement, c'était la croissance d'un cerveau génial !

JP G - D

 

Nul doute bien évidemment quant aux capacités intellectuelles exceptionnelles du jeune Villani, mais ce message m'a amenée à réfléchir sur l'importance de l'environnement d'un enfant à HQI. Car c'est finalement de cela dont il est le plus question dans ces quelques lignes :up:

 

Les possibilités de développer (ou non) ce haut potentiel intellectuel dépendent directement de cet environnement familial, culturel & des chances qui seront offertes à l'enfant d'aller vers ce à quoi il tend !

 

Je crois qu'il est important de toujours garder cela à l'esprit : le potentiel ne suffit pas, il faut que tout un ensemble de choses soient réunies pour réussir dans un domaine choisi. Ainsi, savoir que son enfant est HQI ou THQI n'est pas une fin en soi, bien au contraire.

 

Le concours, l'amour & le soutien de l'entourage me semblent fondamentaux :roll:

 

 

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9 commentaires à “Itinéraire de Cédric Villani, Médaille Fields 2010”

  1. Rainbow dit :

    Je suis d’accord avec ça. L’environnement familial est très important pour l’épanouissement des HPI, mais je crois aussi que dans ce cas, le fait que les parents aient été professeurs tous les deux a largement du permettre à leurs enfants d’éviter les écueils que les HPI rencontrent généralement dans l’enseignement, comme nous en avons plus ou moins souvent été victimes les uns les autres.
    Quand ça n’allait pas avec un enseignant, ils devaient sans doute toute de suite expliquer à leurs enfants comment redresser le tir en se faisant plutôt considérer simplement comme un « bon élève » plutôt qu’un « surdoué ». Je ne sais pas si je me fais comprendre, mais ce « mode d’emploi de l’école » qui manque tant à nos enfants, ils devaient le leur expliquer au jour le jour, avant que ne se développe des phobies scolaires ou simplement un petit mal-être.
    Ils devaient les aider à décoder les implicites: « quand on te demande de faire un triangle équilatéral, ça veut simplement dire qu’il faut le dessiner, pas le fabriquer avec du carton »…

  2. gene dit :

    l’environnement est primordial, le parcours de ce jeune homme l’illustre bien , et avec des parents profs c’est encore mieux . Pour permettre à Wilfried de s’adapter à la méthode scolaire , j’ai rencontré 1 à 1 , les profs avec lui et demandé qu’ils expliquent ce qu’ils attendent de lui . Pour la prof de Français , réticente et hermétique , je l’ai obligé à la notifier par écrit en lui retournant un devoir noté 10 sans explications . D’ailleurs depuis Wilfried a eu 16 . J’analyse avec lui chaque contrôle . Il a mis du temps à comprendre qu’il fallait qu’il étudie des leçons qui à ses yeux ne lui apporte rien et ne l’intéresse guère . Maintenant , il arrive à faire la différence entre savoir scolaire et connaissances et commence à séparer les 2 mondes . Le danger qu’il fasse taire le côté connaissance , pour le moment ce n’est pas le cas . Pour cela , je lui achète les livres et les revues qu’il lit pendant les heures d’études et à la maison . Tout cela demande beaucoup d’investissement et de temps . Ce n’est pas facile non plus , je ne suis pas prof , et c’est Wilfried qui décrypte leur méthode et ça marche , c’est même devenu un jeu . bonnes fêtes

  3. Emmanuel dit :

    Je vais me faire l’avocat du diable mais en tant que psychiatre j’ai vu des parents doués avoir des enfants très difficiles. Il n’est pas certain que les parents, puisqu’agrégés et brillants enseignants soient « la cause » du génie de leurs fils. Mon confrère précise que l’enfant était précoce ce qui me laisse penser que ses capacités cognitives (si c’est bien de cela qu’il s’agit…) ne résultent pas nécessairement des « géniaux » parents mais peut être de l’enfant lui-même.

  4. Laurence Devaux dit :

    Quand les mathématiciens parleront… le monde tendra l’oreille !

    Je veux dire « parler » …pas seulement sautiller de média en media pour colporter la bonne parole du « saint homme » qui a daigné entrebâiller la porte de son sanctuaire pour pointer le bout du nez dans notre univers séculier…

    Il y a quelques semaines, le Grand Journal de Canal Plus accueillait un brillant mathématicien, un homme se réjouissant d’être même surnommé « la lady Gaga des mathématiques » , pour présenter son nouveau livre « théorème vivant ».
    D’emblée, il nous conseilla charitablement de sauter les nombreuses pages auxquelles nous ne comprendrions probablement rien …

    Lorsqu’un journaliste s’aventura à poser une question, somme toute assez pertinente (du moins pour le commun des mortels dont je fais partie…) sur le rôle des mathématiciens dans la crise financière qui ébranle le monde occidental…

    Là ….nous vîmes « un blanc » dans le regard de notre homme visiblement atterré par une telle question…

    Je crois bien qu’il n’aurait pas eu l’air plus surpris si on lui avait proposé de venir passer quelques jours de vacances sur notre bonne vieille planète !

    Le blanc, le vide … le cerveau de notre Mister 100000 volts se serait il soudain débranché, choqué par l’impudence d’une telle question !

    Et là, je vous demande de me croire (hélas, la scène n’est plus disponible en replay), il répondit !!!

    Il répondit que « cela n’avait rien à voir… ».
    C’est bien de cela dont il s’agit …circulez il n’y a rien à voir !!!

    On ne peut que rester coi devant l’Autorité d’un tel argument.coi et rassuré… ?
    Rassuré, peut être pas… (Coi non plus d’ailleurs…)

    Quand les mathématiciens parleront …nous nous souviendrons alors qu’autrefois …

    « Dans les années 90, l’arrivée des premiers mathématiciens sonne le début d’âge d’or de la finance. Goldman Sachs recrute les meilleurs. Leur mission est de transformer le monde en équation et de fixer un prix à tout ce qui nous entoure, entreprises, états, individus…puis de parier à la hausse pour engranger le maximum de bénéfice ».

    -documentaire de la chaîne Arte diffusé en Septembre 2012-

    Certains de nous l’auront connu et nous nous dirons alors que c’était un monde bien étrange…

    • François Lacoste dit :

      Je vous réponds ci-dessous plus longuement quant à la question de pourquoi les mathématiciens n’ont rien à voir avec les troubles financiers. L’utilisateur de mathématiques, qu’il soit financier, ingénieur ou physicien n’est pas mathématicien en général. Ce dernier invente et démontre des théorèmes que les autres ne font qu’utiliser (pour expliquer, prédire, ou contrôler des systèmes)

  5. François Lacoste dit :

    J’aimerais, Mme Devaux, prendre la défense de la réponse de Villani à la question sur la crise financière.

    D’une part, il y a clairement une différence entre les questions de mathématiques « purs » (incluant les maths physiques liées à la géométrie différentielle ou à la physique statistique ) , et l’usage non-mathématiques fait de certains domaines d’applications. C’est en particulier assez dégradant pour les maths pures de leurs ramener des questions financières ;) . Je comprends que Villani ait pu se sentir insulté par tant de confusions ;) J’avais d’ailleurs un prof de math à l’université qui pour rabaisser exprès des étudiants peu doués leur disait qu’ils allaient finir en comptabilité, en finance ou en théologie.

    J’ai une formation notamment en maths appliquées (à la biophysique théorique, et surtout pas aux finances ;) ) et nous-autres, nous ne faisons pas de math véritablement…. nous les utilisons pour construire des modèles et analyser ceux-ci de manière à soit « expliquer » des phénomènes, ou encore à prédire un comportement utile à des fins particulières. Je n’oserais personnellement pas me considérer mathématicien.

    L’utilisation d’algorithme statistiquement sophistiqué pour analyser des tendances et spéculer en temps réel est honteux quant à moi, mais ce n’est donc pas l’oeuvre de mathématiciens, pas plus que la conceptions des missiles, des automobiles ou d’autres machines bénéfiques ou nuisibles.

    Les maths, en fait, ne sont pas apriori concernés par les applications, mais d’abord par la compréhension logique ou géométrique de propositions abstraite… dans un monde parfait et pur.
    C’est la logique productiviste justement qui exige des scientifiques et des mathématiciens une légitimation sociale en terme de techniques, alors que la motivation est d’un autre ordre.

    On se réfère ici à la position traditionnelle de la neutralité des maths et autres sciences purs, et dans une exception plus critique, on pourrait effectivement débattre de la possibilité des sciences (et même des maths) de s’abstraire de l’idéologie dominante dont elle seraient finalement forcées d’être complice par le biais du pouvoir qu’elles confèrent. Grande question qui à mon sens est autre.

  6. Lucy dit :

    Je ne suis pas vraiment matheuse mais j’ai assisté par curiosité à une conférence de Cédric Villani (dans l’idée d’accompagner plus tard l’un de mes fils qui voit la vie sous forme de problèmes mathématiques depuis qu’il sait parler, ce qui est totalement bizarre au quotidien).
    J’avais envoyé les enfants voir une animation plus « ludique ».
    C’était passionnant! Et j’ai adoré sa simplicité, son sens de la vulgarisation d’un sujet aussi peu sexy pour le plus grand nombre. C’est le rôle que s’est donné ce génie, populariser l’idée que les maths peuvent être un jeu et un défi qui peuvent passionner autant que d’autres domaines.
    Mon grand, jeune collégien pourtant pas passionné par les maths, est entré dans l’amphithéâtre avant la fin, et m’a sorti après: « Je regrette de n’avoir pas assisté à la conférence entière! Plus tard tard, je ferai de la recherche aussi! ».

    Bravo à M. Villani de si bien transmettre qu’avec la passion, tout est possible.

  7. Le DEN's dit :

    @François Lacoste, bonjour si vous êtes encore à l’écoute.
    @ Tous ceux qui suivent ce fil avec intérêt..!

    Je vous rejoint et j’appuie cet avis ainsi:

    Pour avoir connu les soucis de la culture familiale cités plus haut dans ce topic, j’arrive ici avec une aventure que les MATHs m’ont posé en jeunesse dans l’instruction scolaire, qui était alors pour moi fléau/souffrance/catastrophe, surtout à l’ajout au programme scolaire des ‘maths modernes’ en 1971, ce qui pourtant aurait pu être magnifique à vivre, à absorber et développer.
    A propos de l’expression de Cédric ViLLANi, qui joue un rôle de « vulgarisateur » notamment grâce aux médias, j’ai noté dans ses apparitions une sorte de faille. C’est le rapport entre l’approche de l’expression de l’abstraction avec son langage et avec sa raison/son rôle, ceci sans utiliser certains vocables qui me semblent incontounables pour l’adhésion de ses auditeurs.
    Dans les 90’s, un vulgarisateur que je dirais intermédiaire ( Mr Georges IFFRAH ) m’a ouvert l’esprit sur l’historique des chiffres (comme son nom l’indique), du calcul introduisant les maths.
    Or, c’est là et ici même que je vois la fracture de « saisie-compréhension » qui l’humain de son univers comme de tous les autres: l’humain pour communiquer utilise des *_symboles_*. Or ce mot de « SYMBOLE » n’y a pas été évoqué.
    Si j’en parle là, c’est parce que je suis nativement visuel : …dans un jeu de Sudoku, je ne vois aucun chiffre mais des forme. A l’inverse les formules de MaTHs sont des phrases que l’alphabet de la prose ne pourrait exprimer.
    Donc je crois que la vulgarisation doit passer déjà par faire admettre cette acception.
    Après, non, dès le + jeune âge, c’est une chose qui doit être acquise à l’enfance. Qui elle a cette approche de la symbolique des formes des sons, c’est un passage intellectuel entre l’Humain, qui cherche sa raison dans ce tout.

    Merci de votre attention
    Le Den’s /issu d’une spire voisine/



:) :-D 8) :oops: :( :-o LOL :-| :-x :-P :-? :roll: :smile: more »

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