Vendredi dernier, 17.00. La modeste bibliothèque de notre petite ville ouvre ses portes.
Ayant quelques courses à faire avant de passer y rendre des livres, j'ai quitté la maison un peu plus tôt, oubliant mon iPhone ! Chose rarissime venant de moi, ce soir-là j'ai oublié de prendre cet objet qui en temps ordinaire ne me quitte absolument jamais
Tandis que je conduis, je le visualise parfaitement, je sais qu'il est resté posé sur la table du salon. Tant pis ! je suis agacée mais je n'ai pas envie de faire demi-tour pour aller le chercher. Je pourrai m'en passer...

J'arrive à la bibliothèque, & dépose à l'entrée les 4 livres que le zébrillon avait emprunté la fois dernière. Je fais un tour au rayon littérature enfant pour lui reprendre quelques ouvrages, puis repense à ce roman dont avait parlé une amie zébrée facebookienne (coucou Isabelle, si tu me lis ) & dont elle avait entendu parlé lors d'une conférence avec Jeanne Siaud-Facchin peu de temps auparavant.
Gros problème : il m'est tout bonnement impossible de me souvenir du nom de l'auteure. Je ne la connaissais pas, le nom ne m'avait rien évoqué, je n'avais jamais rien lu d'elle. Mais je me souviens très clairement qu'il s'agissait d'une femme, jeune, blonde, aux cheveux bouclés ! (ce qui n'est pas d'une grande aide dans une petite bibliothèque sans réseau intranet... & sans outil informatique tout court). En effet, le jour où cette amie avait parlé du livre, j'avais cherché sur Amazon des informations relatives à l'auteure. J'avais ainsi vu sa photo, lu quelques critiques sur ces romans & m'étais dit qu'à l'occasion j'en prendrai dans une des bibliothèques où je suis inscrite.
Etant une grande lectrice, j'ai toujours un minimum de 3 ou 4 ouvrages très différents en cours de lecture au même moment, & donc j'ajoute à ma liste des futurs livres les choses qui m'attirent ou dont j'ai entendu parler.

Depuis lors, le bouquin en question était en bonne position sur ma liste d'attente virtuelle... mais j'étais malheureusement bien incapable d'en retrouver les références le moment venu. Si j'avais eu mon iPhone, cela n'aurait posé aucun problème, mais ce n'était semble-t-il pas un jour ordinaire & mon précieux petit Apple ne me serait d'aucune aide sur la table du salon !

J'ai donc renoncé à trouver ce livre : puisque malgré tous mes efforts je n'avais plus aucune idée du nom de l'auteure. Je retourne à l'entrée de la bibliothèque, pour faire enregistrer les nouveaux emprunts. Une jeune fille est là, pour rendre des livres. Je la vois souvent, quasiment à chacune de mes visites. Elle discute un moment avec l'homme chargé aujourd'hui de noter les entrées & sorties des ouvrages. C'est un petit village, tout le monde se connait, bavarde & prend son temps.

Pendant qu'ils parlent de la santé de la mère de la jeune fille, ma main se pose sur une table, à ma gauche. Une vingtaine de livres y sont jetés en vrac. Mon regard est immédiatement attiré par l'un d'eux. Je le prends, le titre (Les heures souterraines) ne m'évoque rien du tout, mais une pensée me vient immédiatement & je retourne aussitôt l'ouvrage pour consulter la quatrième de couverture.
Que vois-je ? C'est mon auteure !!! C'est elle, celle dont je cherchais le nom en vain depuis 10 minutes. Delphine de Vigan, auteure de "No & moi"

On pourrait se dire que le hasard fait bien les choses... je ne crois pas au hasard dans ce sens-là.

On pourrait aussi imaginer l'intervention d'une aide émanant d'une "force supérieure". Je n'y crois pas plus & laisse ça aux mystico-dogmatiques qui verront sans aucun doute dans cet épisode la preuve d'une main divine venue à mon aide

Pour ma part, l'explication qui me semble la plus plausible, & surtout de loin la plus intéressante, dans ce genre de "phénomènes" est nettement plus pragmatique & cartésienne

Voilà ma théorie : le cerveau humain est bien plus fin & plus performant que ce que nous pensons classiquement. Je crois qu'il "note" en permanence une profusion d'informations sans que nous y fassions consciemment attention, mais il n'en demeure pas moins qu'elles sont là, inscrites quelque part sur un tableau mental des points relevés dès l'instant où l'on entre dans un lieu. Ce sont alors autant d'indices avérés & disponibles sous forme d'odeurs, de sons, de conversations, d'infos diverses qui sont glanés en quelques secondes à peine & qui nous permettent, sans nous en rendre compte de ressentir la situation dans ses moindres détails. Ces petites notes sont en connexion & interagissent constamment avec nos pensées plus conscientes.

Je pense que ce que l'on nomme "l'intuition" n'est en réalité que le fruit de ces connexions. Les zèbres ont sans doute une capacité plus grande à mettre en relation ces infos, ce qui les rend plus sensibles, plus réceptifs sur le plan des 5 sens, plus "intuitifs" de façon générale...
Mais tout est en fait basé sur des éléments palpables, des faits constatés, des points relevés, notés, archivés sans y prendre garde. Quantité de petites choses qui nous donnent une couleur, un sentiment sur une situation, une conversation.
Combien de fois se dit-on, sans exactement pouvoir expliquer pourquoi "Je sens que ça se passera bien" ou au contraire "Là ça part mal".
Ces pressentiments, qu'ils soient bons ou mauvais sont selon moi le résultat de tous ces petits signaux captés & enregistrés sans un coin de notre cerveau, sans y prendre garde. Ces impressions sont en réalité basées sur de vraies remarques que l'on s'est faites de manière inconsciente & que certains, par naïveté (ou par volonté de croyance ésotérique), attribuent bien volontiers à des capacités paranormales, ou à une aide divine (qui voudrait nous guider sur le difficile chemin de la vie ! ). Ce n'est en tous cas pas mon interprétation !

Je suis quasi-certaine qu'en entrant dans cette bibliothèque, lorsque j'ai posé mes livres en retour, mes yeux ont balayé - sans que je n'en garde le souvenir conscient -  cette table sur laquelle était posé "Les heures souterraines" & ont lu le nom de Delphine de Vigan.

Ce qui a aussitôt actionné dans ma mémoire le souvenir enfoui du livre conseillé par la célébre psychologue... & qui m'a fait me dire, une fois dans la bibliothèque : "Tiens, si je cherchais le livre dont Isabelle avait parlé".
Mon esprit a alors cru avoir tout à fait spontanément l'envie d'emprunter ce livre, mais mon subconscient, lui beaucoup plus fin & plus aiguisé était aux commandes & a dirigé avec brio mon centre de volonté de telle façon que je sois amenée à penser à ce livre. Tout ça en relation directe avec le nom que je venais de lire, sans même m'en rendre compte. Ça n'avait rien du hasard, de la chance ou de la simple envie !

Ce même subconscient qui m'a ramené vers la table où était posé l'autre ouvrage de D. de Vigan, en guise de réponse à mon incapacité apparente à me souvenir du nom de l'écrivain. Peut-être pour mieux me (dé)montrer comment il en était venu à cette pensée, & ce qui m'a véritablement poussée à rechercher ce livre.
Ou comment le cerveau échappe à la seule volonté, à la réflexion consciente de l'être.

Ce genre de choses m'arrive souvent.
Je trouve ça fantastique !