Comprendre l’autisme pour les Nuls
En ce 02 avril, Journée mondiale de sensibilisation à l'autisme (tous en bleu pour l'autisme !!! ), quoi de plus évident qu'une présentation du dernier paru de la célèbre collection pour les Nuls aux éditions First : "Comprendre l'autisme pour les Nuls"
Un gros pavé de 400 pages que j'avais terriblement hâte de lire, tout en redoutant d'être (un peu, beaucoup ?) déçue
Parce qu'honnêtement, à la lumière les bouquins de cette collection qu'il m'a été donné de lire au fil des années, j'ai souvent déploré la qualité très inégale des ouvrages. Certains étant excellents à mes yeux, d'autres plutôt moyens, voire parfois franchement ratés.
Je craignais donc que celui-ci ne verse dans la seconde catégorie, malgré le fait qu'il ait été coécrit, puis cotraduit & coadapté par 2 personnes avec autisme, respectivement docteur en éducation & docteur en philosophie : Stephen M. Shore & Josef Schovanec
La présentation de l'éditeur :
Votre enfant ou l'un de vos proches a été diagnostiqué autiste ? Vous souhaitez en savoir plus sur cette maladie, connaître les organismes qui peuvent vous aider et les différentes méthodes qui existent, lire des témoignages de malades comme de leurs proches ? Comprendre l'autisme pour les Nuls est fait pour vous.
Les différents traitements seront passés au crible, les auteurs vous aideront à faire face à cette maladie. Josef Schovanec, autiste Asperger, et Caroline Glorion, journaliste, vous feront part de témoignages recueillis depuis plusieurs années.
Le sommaire :
Introduction
Première partie : Compréhension de l'autisme
Chapitre 1 : Autisme : panorama général
Chapitre 2 : De la classification à la pratique : passer le spectre autistique en revue
Chapitre 3 : Causes, scénario & indices : d'où vient l'autisme ?
Chapitre 4 : Obtenir un diagnostic
Chapitre 5 : Le syndrome d'Asperger & l'autisme
Deuxième partie : Répondre aux bsoins physiques...
Chapitre 6 : Tout ce qu'il faut savoir sur les médicaments & l'autisme
Chapitre 7 : Renforcer son système immunitaire & miser sur la biochimie
Chapitre 8 : Bien s'alimenter
Troisième partie : Renforcer l'apprentissage & les compétences sociales
Chapitre 9 : Choisir une méthode comportementale développementale ou éducative appropriée
Chapitre 10 : Gérer les différences sensorielles & d'apprentissage
Chapitre 11 : Trouver un cadre pédagogique correspondant aux besoins de votre enfant
Chapitre 12 : Parlons droit : comment faire le maximum pour la scolarisation de votre enfant
Chapitre 13 : Promouvoir des relations saines
Quatrième partie : Vivre avec l'autisme à l'âge adulte
Chapitre 14 : Pour les adultes avec autisme : bien vivre après l'école
Chapitre 15 : Pour les adultes avec autisme : favoriser l'amitié & les relations amoureuses
Chapitre 16 : Handicap & avenir
Cinquième partie : La partie des Dix
Chapitre 17 : Dix réponses pleines de tact à des questions ou remarques embarrassantes
Chapitre 18 : Dix conseils à suivre après le diagnostic
Annexe : Informations pour aller plus loin
Ce n'est pas chose aisée que de vulgariser, de simplifier quelque chose comme "l'autisme". Parce que ce mot couvre à lui-seul des réalités diamétralement opposées.
C'est pourquoi personnellement je préfère parler de "spectre autistique" ou de "continuum autistique" qui donnent d'entrée de jeu l'idée de nuances, de multiples facettes & non d'une définition unique & globale qui conviendrait à l'Autisme avec un grand A
Il y a un monde entre des personnes autistes type Kanner & des personnes à l'extrémité haute, avec parfois également (pas toujours ! contrairement aux croyances populaires...) un QI très haut.
On ne s'adresse donc pas du tout aux mêmes personnes, on ne vise pas les mêmes problématiques, pas les mêmes adaptations, même si un enfant autiste sévère & un Asperkid sont tous 2 sur le spectre. Ils ont des points communs, mais aussi de nombreuses différences.
Ainsi réussir à écrire un livre qui arrive à (re)mettre à plat & expliquer tout ce que désigne l'autisme, qui parle autant aux parents d'enfants autistes classiques qu'aux parents d'autistes de haut niveau ou Asperger, qui s'adresse aussi aux adultes autistes avec une fois encore toute la diversité & la complexité qui les caractérisent... ce n'était pas gagné
Mais c'est étonnement positif !!!
Les 2 auteurs (& les 2 traducteurs) de "Comprendre l'autisme pour les Nuls" ont réussi le tour de force de pondre là un très chouette livre, qui ne tombe pas dans le piège d'une vulgarisation (trop) simpliste qui ne viserait que les néophytes & laisserait sur le bas-côté le public peu ou prou connaisseur.
Le livre, avec un avant-propos signé Temple Grandin, convient aux non-initiés comme aux autres. Il est très complet, très pragmatique & surtout, truffé de vérités toujours bonnes à rappeler !!!
Par exemple, un encadré dans la première partie, intitulée Compréhension de l'autisme, qui souligne combien les apparences sont trompeuses à propos de l'autisme :
Comme beaucoup de personnes avec autisme paraissent physiquement en bonne santé, certaines personnes - y compris des parents d'enfants autistes - croient que les formes "légères" d'autisme de sont pas des handicaps véritables. Beaucoup peuvent croire que le diagnostic ne doit pas excuser un comportement inapproprié, & ils blâment les parents ou l'enfants lui-même de ne ps savoir se contrôler. Ce jeu de blâme est malheureux, parce qu'un handicap neurologique qui n'est pas pris en compte peut avoir un profond impact sur le bien-être de la personne & son aptitude à atteindre son potentiel dans la vie. Pour une liste de réponses possibles à ces reproches & à d'autres croyances malheureuses, rendez-vous au chapitre 17.
Tout est passé en revue : les signes, les classifications, les à priori, les doutes (des parents, de l'entourage). De l'autisme sévère au SA, tout est scanné & décortiqué. De même que les "handicaps ressemblant à l'autisme".
Une illustration du continuum autistique selon Dan Rosenn clarifie bien les choses :
Dans le long chapitre (le 5ème) sur le syndrome d'Asperger - c'est bien sûr celui qui m'a le plus intéressée dans cette parie "Compréhension de l'autisme" - on trouve une liste de caractéristiques communes aux aspies, dont "Faire l'expérience de trop d'émotions"
Quel bonheur de lire, pour une fois, cette réalité ! Non les aspies ne sont pas figés dans un vide émotionnel. C'est l'exact opposé
J'en parlais dans ces 2 billets par exemple :
- « Syndrome d’Asperger, idées reçues sur l’absence d’empathie & la violence »
- & « Etre diagnostiqué(e) comme présentant le syndrome d’Asperger à l’âge adulte »,
Autre point listé, toujours en lien avec ces réalités largement ignorées, pour ne pas dire niées : "Etre exposé à la surcharge émotionnelle" (à noter qu'il me semble y avoir là une coquille de traduction ou de mise en page Sous ce titre il est en fait exclusivement question de surcharge "sensorielle", & non de surcharge "émotionnelle" qui est, comme je le soulignais juste au dessus, abordée plus haut dans le listing des caractéristiques...) :
Tout comme d'autres formes d'autisme, les personnes avec le syndrome d'Asperger ont certains organes des sens réglés « trop forts », tandis que d'autres organes des sens n'enregistrent pas assez les informations. Les donnes environnementales reçues par une personne Asperger présentent une distorsion plus importante que chez les personnes non autistes. Et certaines recherches montrent que les personnes avec le syndrome d'Asperger tendent à avoir une réponse plus négative à la surcharge sensorielle que les personnes avec d'autres formes d'autisme.
Toujours dans le chapitre 5 sur le SA, une excellentissime partie sur la gestion des émotions & notamment, le « cycle de la colère » qui désigne pour Brenda Smith Myles & Jack Southwick (auteurs de "Asperger Syndrome and difficult moments: practical solutions for tantrums, rage and meltdowns") les 3 étapes qui se succèdent chez un aspie
Très beau passage qui explique & donne des clés pour détecter & prévenir ces colères mais plus important encore, pour les dégonfler avant qu'elles n'explosent. Vraiment très instructif !
S'en suivent des pages sur le harcèlement dont sont majoritairement victimes les enfants avec autisme
Malheureusement, le harcèlement à l'école, dans la cour de récréation & au-delà, fait partie de la vie quotidienne pour les personnes différentes. La plupart des gens autistes font état de harcèlements subis à l'école. Certaines recherches indiquent que 94% des enfants avec autisme sont harcelés à l'école.
Ici encore, un excellent décryptage accompagné de conseils aux parents.
Le chapitre 10 & en particulier les pages consacrées aux questions sensorielles liées aux apprentissages sont très bien pensées.
Une mention spéciale au « test du supermarché », page 229 !!! A mettre en parallèle de ce billet, que j'ai écrit il y a des années, alors que je ne me savais pas encore Asperger. D'abord publié sur Les Tribulations d'un Petit Zèbre, puis transposé sur les Tribulations d'une Aspergirl : « Que ressent un aspie en situation de stress ? »
J'en suis restée bouche bée à la lecture de ces lignes !
Mais c'est le signe (rassurant) que l'on doit se faire confiance, une fois de plus. Ce décalage ressenti, même s'il n'est pas (encore !) identifié, est bien réel & partagé par d'autres, ayant le même trouble.
Autres chouettes passages qui ont retenu mon attention (le livre est énorme, il m'est donc impossible de tout dire dans une critique, il me faudrait plusieurs épisodes pour cela ) : la communication chez les aspies, dans le chapitre dédié aux relations saines, & le schéma des cercles de relations dans le chapitre sur l'amitié & les relations amoureuses
Impossible également de ne pas applaudir à ces réponses pleines de tact aux questions désobligeantes. Notamment...
En conclusion une très belle surprise que ce "Comprendre l'autisme pour les Nuls". Un livre réellement passionnant dans lequel de vraies infos & d'authentiques explications & conseils sont données à foison
Un bouquin à mettre entre les mains de tous, novices comme connaisseurs, pour faire tomber les barrières & balayer les préjugés
21 commentaires à “Comprendre l’autisme pour les Nuls”
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Je me permets de partager votre article sur mon blog car il est superrrrrrr!!!!
Sans souci (c’est fait pour être partagé )
Je viens de lire votre billet sur ce que ressent une aspie en situation de stress et je me pose des questions. Je me croyais unique et j’ai lu vos mots sur ce que moi je peux ressentir en situation d’affluence. Je me sens agressée par les odeurs des gens, les gestes, les regards, la lumière, les bruits… Le trop…. Jusqu’au malaise. Et quand je dis : « jusqu’au malaise » c’est réel, je perds mon énergie et me sens très mal, la tête me tourne et j’ai l’impression que je vais m’évanouir. Je dois me concentrer sur mes courses pour résister et me forcer à finir. Je vais maintenant dans des petits magasins où il n’y a quasiment personne et ça me va. Quand je dois faire des courses dans un grand magasin aux heures de pointe, j’essaie de choisir celui dans lequel les gens me paraissent moins agressifs. Ce n’est pas de « la lutte des classes inversée » c’est de la survie. Je fuis tout autant les fêtes foraines qui sont pour moi un vrai calvaire : c’est tellement trop que j’ai envie de me boucher les oreilles, les yeux et le nez.
Mais il n’y a pas que cela, je ressens souvent énormément de choses à la rencontre des gens, il m’est arrivée une fois d’être tellement envahie par le ressenti extrêmement négatif (comme une intense noirceur) d’une personne que je ne pouvais la regarder ou lui adresser la parole. J’étais la seule à le ressentir et cette noirceur est sortie de moi quelques minutes après que la personne soit partie. C’était horrible !!!
L’une de mes nombreuses questions (que je ne poserai pas pour ne pas en faire trop aussi ) est : c’est un signe d’autisme asperger ou de Haut potentiel ou juste de sensibilité exacerbée ?
Clairement qq chose appartenant à l’autisme ! (d’ailleurs ds Comprendre l’autisme pour les Nuls il n’est pas du tt question de surdouement Mais il est question du « test du supermarché », que je ne connaissais pas jusqu’à la lecture de ce bouquin )
Merci pour votre réponse, qui je vous l’avoue me bouleverse, je vais lire tout ce qui concerne l’autisme asperger.
Vous aurez bcp de choses sur le 2nd blog -> http://les-tribulations-dune-aspergirl.com/
Alexandra,
Quel est ce test du supermarché que vous mentionnez ?
Est-ce bien ce mélange de panique et de dégout que vous décriviiez sur les tribulations d’une Aspergirl ?
Dans l’hypothèse ou l’on se reconnait fortement dans ces réactions , peut-on estimer qu’il y a une forte probabilité d’être Asperger ?
Et le cas échéant , qui contacter pour en avoir le coeur net , un neuro-psy ?
Excusez-moi, mais est-ce qu’une personne ne peut pas ressentir ce genre de stress en société tout en n’étant ni autiste ni hypersensible ? Il me semblait que cette phobie existait « seule » autant qu’associée à un diagnostic ou système de fonctionnement particulier plus général. (comme l’hypersensibilité, d’ailleurs)
Je peux me tromper, bien sûr.
Bien entendu, Naturelle et Caroline, vous vous reconnaissez peut-être dans d’autres aspects des descriptions d’Aspies.
*ni autiste ni HPI voulais-je dire !
Bonjour,
C’est tres bizarre ce que je viens de lire là ,je dis bizarre car il y a beaucoup de témoignages que je n’avait pas lu jusqu’à ce jour sur ce sujet qui pour certain me ressemble , car je suis focalisée sur les troubles de mon fils Tda/h/Hp/dys oui je sais ,ça fait BEAUCOUP de sigle ,donc suis à fond depuis ces 7 ans (il en a 14 )sur tout ce qui touche les hp/dys et là j’avoue que je trouve quelque trait de ma personnalité en étant sur ,mais sur d’être moi meme tdah,car tout y est .(bien sûr sans diag )JUST beaucoup de lecture,
Le truc c’est qu’effectivement je déteste faire la bise,j’trouve ca assez degueu surtout quand la personne s’essuit le nez devant moi juste avant et suis obliger de faire l’effort de ne pas montrer mon dégoût,je sorts d’un magasin si l’odeur ou la musique me gene qui est souvent insupportable,je n’essaye pas de chaussure si elle ne sorte pas d’une boîte,je ne supporte pas (à l’écoeurement total!) voir une personne qui crache par terre,(j’en ai plaqué plus d’un ado à cause de ca) bref,à la difference de vous,je ne suis jamais fais tester,je ne vois pas les lettre ou chiffre en couleur ,ne me trouve pas très intelligente,suis plutôt tres Manuelle(je peux démonter et remonter ma machine à laver en panne)ce qui épate mon mari ,suis souvent à côté de la plaque lors d’une conversation,enfin ca c’est quand on me dit « mais quelle rapport? »
Bref,donc je dirais oui,on peut ressentir les mêmes choses que les aspi sans etre aspi,ni hp,
Enfin je pense,…..
Pardon pour les fautes,c’est parti avant que je me relise
Bonjour Naturelle,
Je ressens , et ai toujours ressenti ce que vous mentionnez là.
Je me suis longtemps crûe folle à fuir le monde, le bruit, le contact physique.
Et les perceptions epidermiques, n’en parlons pas: les étiquettes et la laine qui grattent, les vêtements qui serrent.( dessous pur coton , limite « Petit Bateau » )
Tous les jours faire la bise ou serrer les mains au travail est un pur cauchemard
La musque débilitante dans tous les lieux publics …
Je m’aperçois aujourd’hui que je ne suis pas seule et me pose exactement les mêmes questions que vous.
Oh oui, les vêtements qui serrent, les étiquettes, les tissus insupportables au toucher ou le papier journal (je ne peux toucher le papier journal non plus, en revanche certaines matières me rendent folle comme les chats avec l’herbe à chat) !!!! Certaines musiques en revanche, me boulversent jusqu’aux larmes, ce qui est très gênant quand je ne suis pas seule
Je suis quand même soulagée de lire que je ne suis pas seule dans ce cas, car mes parents m’ont toujours regardée d’un air bizarre quand ils voyaient une particularité. Pour n’en citer que quelques unes (peut-être les partager-vous ?), je suis synesthète donc pour moi les lettres ont une couleur, les chiffres une personnalité et une couleur et certains sons brusques provoquent comme un un feu d’artifice dans ma tête
La peau d’orange m’étouffe, je ne peux plus respirer, tout comme certaines substances, telle que la fumée de cigarette par exemple. Ça bloque ma respiration comme une personne asthmatique.
J’entends parfois de la musique dans mon sommeil ou demi sommeil, comme si une radio était allumée et dans un état qui n’est ni le demi sommeil ni complètement l’éveil je vois quelquefois des objets ou peintures magnifiques et très détaillés.
Je n’en parle jamais car je sais que c’est très bizarre mais comme je vois qu’ici, des gens peuvent partager certaines de mes particularités, j’ose le faire pour ne plus me sentir aussi étrange. Jusqu’ici, j’ai l’impression d’être un extraterrestre qui se cache chez les humains mais qui ne sait pas de quelle planète il vient
« j’ai l’impression d’être un extraterrestre qui se cache chez les humains mais qui ne sait pas de quelle planète il vient ».
Combien de fois me suis-je dit que , telle Le Petit Prince, je m’étais plantée de planète !
« Certaines musiques en revanche, me boulversent jusqu’aux larmes »
Idem, et comme je n’aime que le classique, je ne suis pas aidée dans les lieux publics …
Je ne dors que dans des draps 100% coton, trés doux au toucher. Les draps sont de couleurs pastels avec des petits animaux, comme dans les chambres d’enfants
Le cuir me dégoute. Marcher sur le sol humide des piscines publiques également .
Je ne supporte pas les soutiens-gorges qui me rendent folles en me comprimant le torse, ni les chaussures à talons. Comment peut-on arriver à tenir en équilibre là haut ? (pourtant je fais des pointes en cours de danse classique).
Je me sens menacée dès qu’une personne s’approche à moins de 1 mètre de moi.
Je ne supporte pas que l’on touche la moindre parcelle de mon corps, en particulier le ventre, ce qui ne va pas sans poser de gros problèmes dans ma vie amoureuse.
J’ai une façon de fixer les gens avec beaucoup d’intensité lorsque je les regarde (tel un missile qui s’accroche à sa cible) , ce qui les met extrêmement mal-à-l’aise et qui m’oblige désormais, le sachant , à fuir le contact visuel.
Les bruits insupportables et qui génèrent de la violence et de la colère en moi: les femmes qui se grattent la peau ou le cuir chevelu avec des ongles longs, le tapotement nerveux de ces mêmes ongles sur un support dur, les basses (Boum Boum Boum ! )
En revanche je ne suis pas synesthete ( à ce titre avez-vous lû » Je suis né un jour bleu » de Hammet car l’auteur Asperger y décrit longuement ce que vous dites ).
Bref, ce n’est pas facile à vivre, encore moins à avouer, et oblige à mettre en place au quotidien une multitude de stratégie d’adaptation très fatigantes.
Je me reconnais pas mal dans vos témoignages : il y a plusieurs matières que je ne supporte pas du tout, et je ne suis pas très tactile du tout envers les gens (rhhhah la bise, quelle coutume hypocrite et dégoûtante ! J’étais contente d’aller voir des amis en Angleterre, pensant à Astérix et au « secouons-nous les mains », pour me rendre compte sur place que Goscinny datait un peu, et qu’entre amis on se « hug » 0.0 [donne l’accolade] Bon techniquement je crois que je préfère, moins de chances que la peau soit impliquée).
Ces deux aspects ne vont pas jusqu’à me compliquer sérieusement la vie ; par contre le bruit et la lumière, ce sont deux choses que je trouve souvent trop fortes ou trop violentes alors que les gens autour de moi n’en semblent pas gênés. Par exemple j’ai un magasin de chaussures que j’aime bien à cause de leur choix, mais franchement à chaque fois que j’y vais je serre les dents et je me dépêche car leurs néons diffusent des sons à la limite de l’audible, comme les vieux téléviseurs mal réglés… ça m’est déjà arrivé de refuser d’entrer dans une pièce quand je le pouvais à cause d’un de ces éléments.
Caroline j’imagine que dès que vous changez d’environnement ça doit régulièrement être un cauchemar, une épreuve de réadaptation ! :/ Sans n’aimer que le classique je tombe aussi régulièrement sur des fonds sonores que je trouve désagréables et dont je me passerais bien. J’ai plus d’une fois écourté un shopping juste à cause de ça, surtout quand la musique est suffisamment forte pour que je ne puisse pas ni en faire abstraction par simple volonté, ni la couvrir avec mes écouteurs. Et non, les amis ne comprennent pas toujours (rarement) !
Je suis synesthète moi aussi, Naturelle, également graphie-couleurs Je l’ai découvert lorsqu’une amie est venue frapper à la pore de ma chambre d’étudiante pour me dire qu’elle venait de lire un article sur des gens qui « voyaient les lettres en couleur » et voulait savoir si c’était mon cas. J’ai eu une soudaine image de tout ça en gris ou noir et blanc uniquement et me suis sentie un peu peinée pour tous ces gens qui ne voyaient pas les couleurs, tant ça a toujours été une évidence pour moi ! A la réflexion ça ne doit pas du tout les gêner, c’est vraiment une histoire d’habitude de perception ! ^^ En discutant avec d’autres personnes j’ai même appris que la synesthésie pouvait être un handicap, lorsque les couleurs ne vont pas ensemble certains synesthètes se sentent physiquement mal, n’arrivent pas à écrire leur calcul final, leurs mots… J’ai aussi un ami qui voit des couleurs dans la musique, mais pas dans les lettres / chiffres.
Il faut certainement faire le tri, et ce n’est pas facile dans le cas d’un haut potentiel associé à un syndrome d’Asperger entre ce qui vient de l’un, ou de l’autre… ou des deux ^-^
Je suis certaine de ne pas rentrer dans la catégorie Asperger mais pourtant je me reconnais dans beaucoup de ces gênes extrêmes et « bizarres ».
Je ne déteste pas faire la bise, mais j’ai toujours trouvé très bizarre cette manière de se rapprocher autant d’une personne et d’avoir un contact si intime, alors que ce n’est pas un intime ! Je le fais pour l’idée du geste, mais tout de même ; en revanche je trouve les hugs beaucoup plus naturels quand j’aime quelqu’un : le serrer contre moi, comme un doudou, oui ! :D
Comme vous je fuis comme la peste les magasins trop bruyants, trop odorants, trop éclairés. Les galeries marchandes m’épuisent, j’ai trop chaud, je ne respire pas bien, je subis. Vive les courses sur internet !
Depuis toute petite je ne supporte pas les vêtements qui serrent, le moindre pourcentage de laine dans un vêtement m’irrite ; et les étiquettes ! Je les chasse avec vigilance, le moindre résidu de tissu se fait sentir. Je ne peux pas dormir sans des draps lavés avec une lessive parfumé, je renifle les gens et les pièces dès que je sens quelque chose de désagréable, comme un chien de chasse…
Cette hyperesthésie peut être utile dans certains métiers (je sens très bien les variations de chaleur aussi) : un ami de mon mari (haut potentiel criant) est œnologue par exemple.
Ce qui est bizarre, c’est alors que j’ai passé des dizaines d’années à me dire : « Mais comment les gens supportent-ils ce genre de vêtement, ce genre d’ambiance, ces étiquettes qui grattent dans le cou, la lumière des phares des voiture, la musique dans les magasins ? » jamais je n’ai pensé que j’avais en moi une différence réelle de perception. J’ai toujours mis ça sur le dos de l’impatience (alors que je ne le suis pas particulièrement) d’une intolérance psychologique à l’irritation.
La synesthésie avec les couleurs me paraît bien enviable ! J’adore les couleurs, leurs harmonies.
Mais je n’ai eu droit qu’à la très bizarre synesthésie spatiale, qui est en noir ou blanc – ou même pas, c’est plutôt comme un sonar, je sens l’espace autour de moi en termes… d’espace. Outre les classiques « marelles » pour la semaine et l’année, j’ai découvert il y a quelques années (quand j’en ai parlé autour de moi j’ai fait rire -_- ) que je superposais systématiquement les histoires de mes lectures à un lieu connu, qui varie de temps en temps, involontairement, et qui peut être une pièce, un endroit extérieur, mais toujours un endroit très familier et parfois très ancien dans mes souvenirs : j’en ai catalogué de nombreux en y réfléchissant. D’une manière générale c’est comme si ma pensée était toujours dans ce lieu. Ça ne date pas d’hier, mais je n’avais jamais fait attention, c’est une chose qui s’impose à vous et qui parait tout autant normale à ressentir que tordue à expliquer !
Inutile de dire que ça ne sert strictement à rien
Lire vos témoignages Caroline W et Tesrathilde est vraiment trés intéressant. Les néons sont une torture, le coton un bonheur, tout ce qui serre est douloureux (les chaussures à talons, l’horreur) et il m’est arrivée, justement dans un magasin de chaussures, de dire à la vendeuse que je devais quitter son magasin car la musique m’était insupportable, elle a fait une drôle de tête
Oui, j’ai lu le livre « un jour bleu » et vous avez raison, l’auteur est autiste asperger… j’ai fait aussi quelques recherches sur la synesthèsie pour savoir d’où vient cette bizarrerie. D’après ce que j’ai lu, des zones du cerveau seraient connectées alors qu’elles ne devraient pas l’être. La synesthésie me pose quelques problèmes car effectivement, certains chiffres ne vont pas ensemble, imaginer les tables de multiplication avec toutes ces personnalités et ces couleurs. J’ai le plus grand mal aussi à retenir les prénoms mais pas leur couleur, le problème est que de nombreux prénoms ont la même couleur (par exemple : Nathalie, Virginie, Sophie sont rouge car le i est rouge chez moi).
Je pensais que tout le monde était comme moi jusqu’au jour où en classe, on a étudié le poème de Rimbaud « voyelles ». La prof en a fait une analyse que je ne comprenais pas. Pour moi, il s’agissait juste des couleurs des lettres, tout bêtement. J’étais aussi très intriguée par le fait que les couleurs ne correspondaient pas toujours au miennes. Comme personne dans la classe ne relevait ces incohérences, j’ai senti que quelque chose clochait. J’ai interrogé mes parents à ce sujet qui m’ont regardée de travers et j’ai eu le droit à un : « tu es bizarre ». Je n’en ai plus parlé jusqu’à ce que je tombe sur un article qui expliquait ce phénomène et ensuite sur le livre « un jour bleu ». J’étais contente car j’avais enfin une explication sur ce que certains prenaient pour une capacité extrasensorielle
Depuis, je sais que chacun voit et sent les choses de façon personnelle et ce qui m’intrigue est que je n’ai aucun accès à la vision de l’autre. Pour moi, l’autre est un monde à lui tout seul avec ses paysages et son climat et je n’ai pas la possibilité de le connaître. C’est donc très intrigant de lire chez d’autres personnes des ressentis et vécus très ressemblants aux miens. Vos témoignages sont comme un miroir mais l’image n’est pas complètement la mienne. Comme si ces expériences formaient un puzzle dont je ne vois qu’une partie. Vous possédez des morceaux que je n’ai pas et inversement mais nous avons une base commune. C’est vraiment étrange et rassurant à la fois. Merci beaucoup pour vos partages.
Je suis HPI et je présente selon moi beaucoup des signes du syndrome d’Asperger, mais sans diagnostic (à l’âge de cinq ou six ans, mes parents m’avaient emmenée chez une pédopsychiatre, soit disant « spécialiste du syndrome d’Asperger » qui, au bout de deux ou trois séances avait décrété que je ne pouvais pas être autiste car, je cite « j’évoluais » comme si les enfants autistes n’évoluaient pas !)
Je me pose en revanche également des questions en ce qui concerne la synesthésie. Bien que je ne voie pas les chiffres ou les lettres en couleur, je me suis toujours représenté les jours de la semaine avec des personnalités et pour moi (et ça m’arrange bien, moi qui ai toujours confondu la gauche et la droite !), la droite est de couleur chaude, rouge ou orange, lumineuse et est associée à la sensation de chaleur, et la gauche est au contraire de couleur froide, bleue ou verte, et associée au froid. Enfant, j’allais encore plus loin, en leur associant des personnalités et en donnant des noms à ma main gauche et à ma main droite.
À votre avis, s’agit-il de synesthésie ? Ou autre chose, juste beaucoup d’imagination ?
Bonjour, La pedopsy de mon fils (12 ans), diagnostiqué précoce, veut que nous passions les test ADI + ADOS pour recherche d’autisme. Sauf qu’à quelques « bizarreries » prés, nous sommes persuadés qu’il n’est pas autiste. Avant de faire la dépense pour réaliser les tests, je voudrais avoir des infos sur cette personnalité particulière. Et en particulier s’il est possible de présenter peu de signes et l’être quand même.
Certaines de ces potentielles « bizarreries », sont :
– Quand on décide de sortir de la maison alors que ce n’est pas prévu, c’est compliqué. ça s’est amélioré avec l’âge, mais il faut encore le convaincre.
– Il a des copains à l’école avec qui il s’entend très bien, mais il refuse de les inviter à la maison ou de les voir hors de l’école. Sauf si c’est pour un anniversaire.
– Il est dysgraphique.
– Depuis qu’il a 5 ans, il ne joue pratiquement plus avec des jouets et les a tous donné au fur et à mesure. Son jeu favori est de jouer à faire des guerres (« intergalactiques » ?) dans notre chambre à coucher « avec son imagination »
– Il a écrit une fois « Fuck » sur les murs des toilettes avec ses excréments (à l’age de 11 ans) et il lui arrive encore de façon, intermittent, de « salir » ses culottes.
– Il ment tout le temps, même pour des futilités.
– Il est hypersensible au bruit. On ne peut donc jamais aller à un concert avec lui. Ecouter un orchestre de prés le ferait pleurer…
Est-ce qeu ça vous parle ?
Merci d’avance !
Moi je le ferais tester à votre place…
« Il ment tout le temps, même pour des futilités »
Pour moi, ça ne correspond pas à de l’autisme, car les autistes mentent peu ou très mal, me semble-t-il (mais je ne suis pas une spécialiste, même si j’ai beaucoup lu sur ce sujet, et la difficulté à mentir ressort souvent)