« Ma mère s’est fait assassiner alors que j’avais 11 ans » (Le Journal de Québec, septembre 2015)
En psychologie le concept de résilience a été découvert non pas par le psychiatre & psychanalyste Boris Cyrulnik, comme beaucoup le croient, mais dès 1982 par Emmy Werner, docteur en psychologie de l'enfance à l'Université́ du Nebraska (aux Etats-Unis)
Elle a mené une étude durant une 40aine d'années portant sur 698 enfants qui appartenaient à des groupes ethniques variés & provenaient majoritairement de milieux défavorisés de l’île Kauai (qui est une des îles de l’Archipel d’Hawaï).
Enfants victimes d’agressions physiques ou sexuelles, parfois sans famille, sans école, vivant dans la rue, etc.
Observant l'évolution de ces individus depuis leur naissance, elle s'était au départ intéressée à ceux ayant une forme de handicap ou manifestant un comportement atypique sur la plan social. Mais ces 2 constats modifièrent définitivement le sens donné à ses travaux :
❂ étonnement la plupart des enfants & des ados suivis étaient compétents à solutionner, seuls, leurs problèmes
❂ 28% d'entre eux sortaient indemnes d’expériences de vie particulièrement difficiles & développaient, in fine, des personnalités parfaitement saines (sans trouble psychique) & stables, fondant une famille équilibrée, devant un parent attentif, ayant appris un métier
Emmy Werner en conclut que certains enfants avaient une capacité particulière à surmonter les traumatismes de la vie & à parvenir à s’en sortir contre toutes attentes. Elle appela ces enfants des "résilients".
Le concept de résilience était né
Je vous en donne une définition :
La résilience est la capacité d’une personne ou d’un groupe de personnes à reprendre seule(s) un bon développement en dépit d’événements déstabilisants, de conditions de vie difficiles, de traumatismes parfois sévères, sans retour à l’état initial.
Cependant en France lorsqu'on parle de résilience, on pense immédiatement Boris Cyrulnik. Très peu connaissent ne serait-ce que le nom d'Emmy Werner
Or si Boris Cyrulnik a eu le mérite d'importer & de médiatiser ce processus naturel & évolutif (mais complexe) en le faisant connaître du grand public par cette idée d'antidestin, comme il aime à l'expliquer ; les médias non-spécialisés lui attribuent régulièrement - à tort donc - la paternité de cette découverte.
Voilà pour la petite histoire
Il semble que les personnes à haut potentiel intellectuel jouissent d'une propension naturelle très importante à la résilience (voir par exemple le témoignage de Céline Raphaël, devenue médecin dans son ouvrage "La Démesure")
Cliquez sur la couverture du livre pour ouvrir
les détails du témoignage de Céline Raphaël
Voici un nouvel article paru chez nos amis québécois, que j'ai trouvé à ce titre très intéressant : le chemin de vie de Martin Provencher, enfant surdoué à l'enfance compliquée
Son visage vous est peut-être familier. Martin Provencher est auteur, conférencier et chroniqueur dans le domaine immobilier. Millionnaire à 44 ans, il est un homme d’affaires accompli. Mais derrière tous ses succès se cachent de grandes blessures et une enfance marquée par la violence. Pendant des années, Martin Provencher, originaire de Plessisville, s’est fait battre par son père, Patrick Provencher. Aujourd’hui, il ne porte que très rarement une ceinture, qui lui rappelle trop les coups reçus quand il était enfant. Il a aussi été témoin de la violence extrême d’un mari tyrannique sur sa mère trop soumise, morte assassinée par un ancien amant jaloux.
Les obstacles qui se sont dressés sur sa route en auraient découragé plus d’un. Mais Martin Provencher est convaincu que tous les êtres humains ont la force de surmonter des épreuves souvent atroces. Il en est la preuve vivante.
[...] Les drames que vous avez vécus sont épouvantables. Comment en êtes-vous arrivé à rebondir après tous ces malheurs ?
Les premières années ont été difficiles, mais à l’école, je faisais partie du groupe de douance. Depuis des années, tant à la maison que chez mon oncle, j’avais l’impression de ne pas exister. J’ai alors ressenti le besoin de me surpasser dans les sports, dans mes études.
POUR LIRE l'ARTICLE en INTÉGRALITÉ c'est ici !
4 commentaires à “« Ma mère s’est fait assassiner alors que j’avais 11 ans » (Le Journal de Québec, septembre 2015)”
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Quel beau livre (et difficile à digérer) que celui de la Démesure…
Quant à la résilience… je ne sais pas si les zèbres y sont plus enclins… mais les zèbres que je connais le sont particulièrement, c’est certain….
Cet article me fait écho puisque je n’ai pas vécu une enfance heureuse, c’est le moins qu’on puisse dire… Cet homme dit qu’il affronte les soucis du quotidien sans se morfondre car il a vécu bien pire , c’est exactement ce que je ressens. Je pense que ma douance en est pour quelque chose, cela me paraît évident, mais je ne peux pas le prouver… Merci de partager ce bel article qui me rappelle que je ne suis pas seule.
Je tenais quand même à dire que l’argent ne rend pas forcément heureux, pour moi elle n’est pas là sa réussite. Elle est plutôt dans la famille qu’il s’est construite, dans le fait qu’il n’est pas en dépression et qu’il semble s’accommoder de son quotidien.
Je n ai pas subi de situations aussi extrêmes que ces deux personnes. Pour autant, les coups, les menaces, les humiliations, l asservissement, et le tout soi-disant pour mon bien, etaient quotidiens…
Je me suis souvent demandé ce qu aurait ete ma vie si un evenement ou une personne m avait extirpé de ce climat où je n exprimais rien d autre que ce que l on voulait entendre, où le sentiment d insécurité etait omniprésent.
Carpe diem aurait elle ete la devise de ma fin d adolescence? Aurais je priq conscience de savoir que j existe (comme dirait JCVD)? Car n’en prendre réellement conscience qu’à 30 ans… Comment dire… Ca laisse un sentiment d’immense gâchis.
Pour autant, j ai une vie sociale, affective et professionnelle stable. Et je n ai jamais connu ni le chômage ni la mine (=travail alimentaire digne de Zola: preparateur de commande, caissier en supermarché, magasinier, etc…)
Du coup je me demande ce qu est la resilience: exprimer son plein potentiel malgré les épreuves de la vie? Ou juste s en sortir alors que tout destinait au suicide, a la profonde depression, aux addictions ou à l entretien du cercle vicieux de l enfance?
Je me demande ca parce que je me suis fermé tellement de portes que j ai du mal a me sentir resilient. J ai surtout l impression d avoir surnagé à moindre frais intellectuel, ne faisant que le choix perpetuel du moindre effort. Presqu en me cachant…
Hey Lamikaouette, j’ai le même genre de questions que toi. Nos réponses sont en nous.J’ai l’impression que nous voyons notre situation à travers un filtre déformant empreint du sentiment d’imposture et d’un manque cruel de confiance en soi. Si tu veux qu’on en discute en privé j’autorise Alexandra à te communiquer mon adresse mail (si elle est d’accord bien sûr ! )