[VIDÉO] Que deviennent les surdoués ? (France 2, septembre 2015)
Hier soir, au JT de 20heures sur France 2 présenté par David Pujadas, était diffusé un reportage sur les enfants surdoués devenus adultes (toujours surdoués, évidemment !)
Sous le titre "Que deviennent les surdoués ?", l'équipe a retrouvé 2 jeunes hommes ayant eu le Bac avec 4 ans d'avance...
Que sont devenus ces enfants intellectuellement précoces bacheliers à l'âge de 13 ans ? Comment ont-ils vécu ces années d'enfance & d'adolescence totalement hors norme
Une équipe de France 2 a retrouvé Sacha et Théo, brillants bâcheliers précoces il y a sept ans. Que sont-ils devenus ? Deux surdoués, deux destins.
On parle souvent de ces surdoués qui obtiennent le bac avec plusieurs années d'avance. France 2 avait rencontré Sacha Minéo et Théo Pierron en 2008. A l'époque, ils avaient 13 ans. Que sont-ils devenus, sept ans après ?
Sacha a les responsabilités d'un cadre confirmé. Ingénieur d'affaires, il a été embauché chez Tallis Consulting, grand cabinet de conseil. Parmi ses missions : recruter des candidats qui ont parfois le double de son âge. Cela ne l'empêche pas de parler avec assurance. "Il a le comportement de quelqu'un qui a plus d'années d'expérience. (...) Il a assimilé notre métier, notre savoir-faire, très rapidement", confie Philippe Fekik, directeur associé chez Tallis Consulting.
Manque de confiance
Sacha est fier de son parcours. Sa précocité n'a pas toujours été facile à vivre. "Il faut toujours prouver plus, on doit être parfait du début à la fin", explique-t-il. Mais selon Jeanne Siaud-Facchin, spécialiste des enfants précoces, un tiers des adultes à haut potentiel est en échec professionnel.
Théo garde une grande fragilité de son enfance. Sa trajectoire est pourtant exemplaire : il a eu son agrégation à 19 ans, sa thèse est en cours et il enseigne à l'université de Bordeaux face à des étudiants plus âgés. Mais ses capacités l'ont mis en péril à l'école, entre rejet et jalousie. Il se rappelle avoir "très mal vécu" ces moments. Aujourd'hui encore, il reconnaît qu'il manque de confiance.
la psychologue interviewée, Jeanne Siaud-Facchin, est l'auteure de ces ouvrages (chez Odile Jacob) :
- "Mais qu'est-ce qui l'empêche de réussir ?" (qui sort aujourd'hui, 16 septembre 2015)
- "Tout est là, juste là"
- "Trop intelligent pour être heureux ? L'adulte surdoué"
- "L'Enfant surdoué. L'aider à grandir, l'aider à réussir"
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Sans oublier de souligner qu'Arielle Adda & Thierry Brunel sont les auteurs du seul livre traitant actuellement du surdouement au travail (paru lui aussi, chez Odile Jacob) : "Adultes sensibles et doués. Trouver sa place au travail et s'épanouir"
Cliquez sur la couverture du livre pour ouvrir
les détails des adultes surdoués au travail
Pour retrouver ma critique de ce livre sur le surdouement dans les études & la vie active c'est par ici
MISE À JOUR rapide : comme souvent lorsqu'il est question de sujets sur les très jeunes bacheliers, des parents s'offusquent que les journalistes ne mettent en avant qu'un profil d'enfants surdoués.
Je vais donc reprendre ce que j'ai répondu sur les réseaux sociaux à ces critiques, légitimes :
Je pense que, comme dans tous domaines, les médias aiment (& recherchent) ce qui tend vers le sensationnalisme
Mais, ces enfants-là font aussi partie du paysage de la douance ! Ils ne le représentent pas en totalité (ce que peut, effectivement & à tort, imaginer le téléspectateur lambda devant son écran hier soir...), mais ils en sont une des facettes.
De même que les EIP en échec scolaire (ou les adultes HPI en échec professionnel), les EIP avec troubles associés, les EIP moyens scolairement parlant, etc.Le monde de la douance est complexe & constitué de profils très divers. Aussi je peux comprendre l'exaspération de ces parents qui voient régulièrement dans les mains des journalistes, & par ricochet , dans la pensée du grand public - & des équipes enseignantes - le haut potentiel intellectuel réduit à 4 sauts de classe...
Cependant les choses évoluent, doucement mais sûrement ! Même si leur nombre est encore probablement insuffisant, on a tout de même des gros plans faits sur les enfants HPI connaissant des difficultés, ou ayant des troubles de l'apprentissage
Il me semble donc être plus utile de se réjouir de chacun de ces reportages, même lorsqu'il ne correspond pas totalement à notre vécu personnel &/ou familial
Ils ont le mérite de parler de la douance, de la faire exister. N'oublions pas qu'il y a encore aujourd'hui des personnes pour qui cela n'est qu'un fantasme des parents...
A noter pour finir (& contrairement à ce que je peux lire dans certains de vos commentaires) que ce n'est pas parce que ces 2 jeunes hommes avaient eu le Bac avec 4 années d'avance que "tout allait très bien" pour eux (je mets ma main à couper que ce serait même plutôt le contraire qu'ils ont vécu, eux aussi )... ou que tout était simple ( ) ... ou qu'ils étaient forcément 1er de la classe à qui "tout réussit"
4 commentaires à “[VIDÉO] Que deviennent les surdoués ? (France 2, septembre 2015)”
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Bonjour,
Même s’il est vrai (comme c’est très bien souligné dans le billet) que ces 2 jeunes adultes ne sont que 2 profils (différents d’ailleurs, l’un étant très à l’aise, sûr de lui ; l’autre ayant eu pas mal de difficultés avec le monde scolaire, pas du tout sûr de lui, syndrome de l’imposteur ?) parmi une multitude, ce reportage a le mérite 1/ de montrer qu’1 enfant « précoce » = 1 adulte « précoce » (et oui, je suis sûre que dans l’esprit lambda, malheureusement, ça n’est pas évident…) et 2/ de montrer aussi aux personnes anti-saut que même avec plusieurs sauts de classe on peut trouver sa voie comme les autres, sans devoir « perdre » ces avances par manque de maturité (ce qui est souvent mis en avant contre les sauts).
Après, c’est sûr, ce ne sont que quelques minutes de reportage, sur 2 cas particuliers seulement, mais elles ont le mérite d’avoir existé, déjà… Merci pour le partage !
Bonjour,
Merci encore pour ces billets qui me sont si précieux… (;-) ). Juste pour rajouter que les tiers auxquels il est régulièrement fait référence n’ont, à ma connaissance, pas plus de réalité que le nombre de gens qui conduisent sans permis. C’est « grosso modo », et à ce titre peu pertinent.
Ensuite, il m’apparaît, au grès des consultations, que la difficulté de vivre de certains EIP relève très (trop !!) fréquemment non pas d’un mal-être qui serait endogène et inhérent à la condition d’EIP mais tout « simplement » des brutalités verbales et du regard terrible que portent les enseignants (et les camarades) sur ces enfants particuliers. J’ai revu un jeune que j’avais rencontré il y a quelques années : il a 13 ans en terminale S et aucun souci depuis qu’il a été changé de classe (donc de regard…), son mal-être initial n’était dû qu’aux remarques désobligeantes de sa maîtresse de primaire.
On n’est jamais « trop intelligent » (surtout pour être heureux) et la recherche nous confirme chaque année que les personnes présentant un haut potentiel s’en sortent au moins aussi bien que les autres. Exit le suicide, la dépression et tous ces malheurs qu’on nous prédit (et qui nous concernent autant que les autres) : améliorons notre capacité de diagnostic des troubles associés pour aider ces enfants et ces adultes, et aidons les enseignants à y voir plus clair.
Mouais…le reportage ne vend pas du rêve là… Il y a des mots comme exemplarité, salaire confortable qui évoquent surtout de la pression induite mais en aucun cas de la réalisation de soi.C’est intéressant de voir aussi l’angle des médias et de voir que ces 2 jeunes ont » réussi » à s’intégrer dans la jungle. J’aimerais juste pouvoir suivre leur évolution dans 5 ou 10 ans…parce qu’à mon avis, ils auront changé de job d’ici là. Leur travail actuel est trop « normal » et ils en auront très probablement très vite fait le tour. Le problème de ce potentiel qui nous anime, c’est qu’il n’est jamais assez nourri. Il est insatiable…
Je ne le trouve pas mal ficelé du tout ce reportage, pour un format aussi court ! On sort un peu des sentiers battus et rebattus des génies à qui tout réussit, on n’est pas non plus dans le pathos forcé, il nous montre bien deux garçons/hommes qui ont fait leur chemin professionnel et personnel de manière différente, bien qu’ayant la douance en commun. Je trouve que les deux portraits sont relativement équilibrés malgré cette volonté de montrer plutôt le bon côté ou plutôt le côté moins évident à gérer du haut potentiel. En fait il y a du facile et du moins facile dans les deux moitiés.
Raphie : Vous dites « J’aimerais juste pouvoir suivre leur évolution dans 5 ou 10 ans…parce qu’à mon avis, ils auront changé de job d’ici là. Leur travail actuel est trop « normal » et ils en auront très probablement très vite fait le tour. »
Je me demande dans quelles proportions cette affirmation a été démontrée, ou n’est qu’une opinion de votre part. Je la trouve très tranchée, déjà parce qu’être prof d’université, au moins, est un mon avis un boulot qui peut être passionnant (je connais beaucoup moins le monde de l’entreprise privée et du commerce), et puis les tâches que l’on fait ce n’est pas non plus tout dans la vie. Si ces personnes ont dans leur entourage professionnel des collègues extraordinaires ou même très intéressants, ou bien une vie sociale excitante, peut-être pourraient-ils trouver là un certain équilibre.