L’école pourrait mieux faire pour les garçons (La Croix, janvier 2016)
La Croix propose un article très intéressant sur les différences filles / garçons à l'école : "L’école pourrait mieux faire pour les garçons"
Plus intéressant encore quand, dans le domaine de la douance (car c'est ce qui m'anime sur ce blog ), on le met en lien avec l’excellent livre "Et si elle était surdouée", de l'enseignante spécialisée Doris Perrodin (également co-auteure des "100 idées pour accompagner les enfants à haut potentiel"
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LES DIFFICULTÉS DES GARÇONS
Des chiffres
Redoublement : être un garçon augmente la probabilité d’avoir redoublé à 15 ans de 47 % (Source : Cnesco).
Sanctions : au collège, 80 % des punitions sont données à des garçons (étude de la sociologue Sylvie Ayral).
Part des garçons dans les dispositifs accueillant des élèves en difficulté : classes de Segpa 70 %, dispositif « soutien » collège 63 %, dispositifs « relais » 78 % (Source : ministère de l’éducation).
Les garçons sortent plus du système scolaire sans diplôme (57,4 %) que les filles (42,6 %), sauf pour le lycée général et technologique (filles 51,4 %, garçons 48,6 %) (Source : ministère de l’éducation).
Ces différences de comportements à l'école entre filles & garçons qui sont à l'origine de bien des inégalités, aussi, dans le repérage & le suivi du surdouement
En effet, on observe partout (dans les cabinets psy, dans les associations, etc.) ⅔ de garçons (T)HPI pour ⅓ de filles. Alors même qu'on sait qu'il n'y a, biologiquement, pas plus de garçons surdoués
Alors pourquoi cet important écart ?
Tout simplement car les filles semblent bien mieux s'adapter, en apparence (jusqu'à la fin du collège / début du lycée, où souvent elles ne parviennent plus à donner le change & explosent ).
Les filles sont donc, en moyenne, plus conformes aux attentes de tous (parents, enseignants, société en général) - en psychologie sociale, cela a été maintes fois démontré... - & cela se voit très concrètement sur les bancs de l'école.
Elles posent moins de problèmes, sont plus dans le profil de bon élève & les enseignants ont par conséquent moins de raisons d'alerter les parents ; de même que ces derniers moins de raisons d'aller consulter un psychologue. Mais, revers de la médaille : elles sont d'autant moins repérées comme étant dotées d'un haut potentiel intellectuel
On passe largement plus facilement à côté de fillettes qui semblent paisibles & qui travaillent bien que de garçonnets turbulents & qui sont en opposition, qui demandent un gros investissement parental pour les devoirs, etc.
Je reviens à l'article de La Croix, dont voici un extrait :
Si les femmes restent pénalisées dans le monde du travail, les garçons sont à la traîne à l’école. Un livre à paraître la semaine prochaine propose des pistes pour une meilleure égalité scolaire
Appelons-le Léo. Ce petit garçon de CE1 est turbulent, ses évaluations battent de l’aile. Un de ses parents – dans 73 % des cas, la maman – prendra rendez-vous avec l’institutrice (82,9 % des enseignants de maternelle et de primaire sont des femmes). Ensemble, elles vont peut-être décider qu’il verra un psychologue (qui sera, dans 80 % des cas, «une» psychologue), voire une orthophoniste (96,4 % de femmes). Bref, Léo n’est épaulé que par des femmes.
Dans un livre paru en 2015, le psychiatre Stéphane Clerget dressait le tableau d’une société où les jeunes hommes ont désormais du mal à se construire, privés de modèles d’identification. En cause : la disparition des hommes des métiers de l’humain (médecins, juges, profs, etc.), l’effacement de la figure du père, mais aussi une inadaptation de l’école conçue, selon l’auteur, par des femmes pour des filles.
En ce début d’année, Jean-Louis Auduc, professeur agrégé d’histoire, poursuit la réflexion dans son livre École : "Ecole : la fracture sexuée", à paraître le 4 février aux Éditions Fabert . « Toutes les statistiques montrent que les filles, durant leur scolarité, lisent plus vite et mieux que les garçons, redoublent beaucoup moins à tous les niveaux du système éducatif, ont plus de mentions à tous les examens et diplômes, du second degré comme du supérieur », écrit-il.
POUR LIRE La SUITE c'est ici !
& les lectures conseillées par Emmanuelle Lucas, dans cet article de La Croix :
- "Ecole : la fracture sexuée" de Jean-Louis Auduc (à paraître, il est d'ores & déjà à pré-commander)
- "Pourquoi les garçons perdent pied & les filles se mettent en danger" du Dr Leonard Sax
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- "Un homme à la crèche" de Thomas Grillot
- "Nos garçons en danger !" de Stéphane Clerget
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6 commentaires à “L’école pourrait mieux faire pour les garçons (La Croix, janvier 2016)”
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Merci pour ce partage.
Il en faut du temps !
Je me souviens avoir déjà eu ces questionnements l’adolescence (j’ai heu… plus de 40 ans
Bonjour,
Je suis très surprise de voir relayé sur ce blog un article de cette teneur.
Les différences de comportements entre les sexes sont des constructions sociales très majoritairement. Mes enfants se construisent selon les modèles véhiculés autour d’eux. Et dans notre culture française, on demande aux fillettes d’être sage et aux garçons d’aller jouer dehors au ballon ou à la corde à sauter. D’où, fatalement, un développement différent des aires cérébrales en terme de temporalité. Mais pas en terme de potentialité ni de nature.
A force de demander à un-e enfant d’aller jouer dehors, son développement moteur se fera plus vite que celui d’un-e enfant à qui on demande de rester assis à jouer (et donc imaginer et donc être dans l’abstraction) qui elle/lui développera ses capacités d’abstractions avant ses aires moteurs moins sollicitées.
C’est une question d’environnement, pas de nature.
Pour ce qui est de l’écart de diagnostique de (T)HPI entre petite filles et petits garçons, la lumière se fait un peu plus quand on réalise que de façon tacite, on ne valorise pas l’intelligence chez les filles. Ce n’est pas ce que notre société leur demande, puisqu’on ne les envisagera pas à des postes à responsabilités par la suite (voir les statistiques du nombres de femmes aux postes de direction/décision dans nos entreprises françaises).
Ainsi, ce n’est pas tant le comportement de l’enfant qui induit ce non questionnement, que les préjugés des adultes encadrant-e-s.
Enfin, ce commentaire porte bien plus sur l’article que vous partagez que sur celui dont vous êtes l’auteure.
Il me fallait cependant élever la voix, tellement cette article de la Croix me donne des hauts le coeur. Votre beau travail sur ce blog mérite bien mieux que cela!
Je voulais dire « les enfants se construisent » pas « mes enfants, je n’en ai pas ^^
Réponse à Pauline,
Hauts le coeur ?
Sans contester vos arguments sur l’influence de l’environnement, et effectivement sur la vision encore très restrictive du rôle de la femme dans nos sociétés, l’article partagé assène cependant des vérités.
Je suis maman de deux enfants et zébrillons, une fille et un garcon, et donc peut témoigner de certains faits:
– l’environnement quasi exclusivement féminin de l’école primaire, au détriment des garcons. Combien d’institutrices n’ai je pas rencontré qui favorisent les filles et ne comprennent pas le comportement des garcons, qu’elles jugent indisciplinés, agressifs et j’en passe …;
– la différence de maturité des garcons qui ont besoin beaucoup plus tard de bouger et de se dépenser et qui tiennent moins en place (encore plus handicapant lorsque l’enfant a sauté une ou deux classes)
– les filles qui « maquillent » leur zébrures et rentrent dans le rang pour être comme les autres …
Personnellement je n’ai jamais fait de différence entre mes enfants ni pour les inciter à la lecture ni pour les activités outdoor. Ils ont exactement les mêmes propositions d’activité.
MAIS LE FAIT EST QUE LES HOMMES ET LES FEMMES SONT DIFFERENTS. C’est scientifique. Oui il y a une part d’environnement mais il y a aussi une très grande part d’hormones. On n’élève pas un petit garcon comme une petite fille. J’ai essayé, Cela ne fonctionne pas. On ne gère pas un ado comme une ado, ca non plus cela ne fonctionne pas. J’ai beaucoup lu sur le sujet notamment le très bon livre « Raising Boys: Why Boys Are Different – and How to Help Them Become Happy and Well-Balanced Men » de Steve Biddulph (j’imagine que la version francaise existe). L’auteur insite beaucoup et à juste titre sur l’image du père, du coach, sur les référents masculins indipensables pour un petit garcon … et qui disparaissent un peu des écoles il faut le dire.
Bref un bon article vulgarisateur sur le sujet pour la maman que je suis.
L’école pourrait mieux faire pour les enfants différents…
Plus de redoublement effectivement pour les garçons, un comble quand on sait que différentes études montrent qu’un redoublement est majoritairement inefficace…
D’autre part j’avais également vu une vidéo évoquant ces différences entre garçons et filles, une différence expliquée par différents facteurs : facteurs physiologiques, facteurs environnementaux (dont éducation et comportements plus ou moins attendus des garçons et filles), comportement des adultes souvent différents, besoin de se fondre dans une norme, etc. Ce sont de nombreux points qu’il faut revoir pour qu’enfin les choses changent…
En lisant l’article j’ai eu les mêmes pensées que Pauline. Je crois vraiment que l’influence de l’environnement est énorme, nous les parents ne sommes pas les seuls influenceurs (argument: nos enfants sont élevés sans différence)… sans que nous le remarquions les codes sociaux sont autour de nous et oui aussi en nous.. bien sûr filles et garçons sont différents mais tous les êtres humains le sont aussi.. donc mon rêve serait de ne pas différencier entre filles/garçons (ou tout autre déterminant de ce type) selon l’individu !