Forcer le destin. J’ai choisi le succès, l’échec m’a rattrapée
J'ai reçu "Forcer le destin" il y a quelques semaines, sans connaître du tout l'une de ses coauteure, Aude de Thuin !
Et puis lorsque j'ai posté une photo du livre sur Facebook & Twitter, j'ai été étonnée de certaines réactions
A savoir de l'étonnement, pour ne pas dire de l'incompréhension quant au fait qu'une psychologue qui écrit sur les surdoués & la méditation de pleine conscience puisse s'associer à une froide "businesswoman".
Bon... sans doute est-ce mon côté ouvertement féministe qui s'exprime, mais moi je ne vois pas où est le problème
Une fois encore, sans rien connaître du parcours de cette entrepreneuse, j'estimais justement que l'association de ces 2 femmes ne pouvait qu'être intéressante à observer à la loupe
Je ne suis pas de celles qui se laissent capturer par des préjugés, j'ai toujours été assez peu sensible (pour ne pas dire totalement distante) à l'avis général, la tendance. Je ne me fie toujours qu'à mon propre avis, que je veux neutre lorsque je découvre quelque chose
Aussi j'ai mis tout cela de côté pour me laisser porter par mon seul ressenti, loin des considérations manichéennes.
De la même manière que je ne lis jamais les 4èmes de couverture, je fais toujours en sorte de me tenir à l'écart des critiques avant d'avoir moi-même goûté à un livre.
Et je ne l'ai pas regretté !
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du livre "Forcer le destin"
La présentation de l'éditeur :
Qu'est-ce que réussir sa vie ? Qu'est-ce qu'échouer ? De quoi la réussite est-elle le nom ? L'échec est-il celui qu'on craint ?
Réussir, échouer, repartir... C'est l'histoire de la vie. C'est l'histoire d'Aude de Thuin, entrepreneuse de génie, visionnaire talentueuse. Une femme engagée, surdouée, qui fonce, qui ose, qui bouscule. Une femme qui réussit, et pourtant... Au faîte de sa gloire, assaillie par le doute et le syndrome de l'imposteur, ses exigences de perfection l'épuisent, ses peurs l'éloignent d'elle-même et des autres. Sa réussite offre un miroir trompeur... puis l'échec tant redouté survient.
L'échec est une blessure immense – savoir le vivre et en comprendre le sens un défi inouï, pour se réinventer, reprendre le jeu de la vie. Ce livre en est le témoignage bouleversant, intime, touchant.
Jeanne Siaud-Facchin, psychologue et psychothérapeute, a accompagné Aude de Thuin pendant plusieurs années. Elle éclaire ici les mécanismes universels de nos vies : l'enjeu de réussir, la peur, le regard des autres, le besoin d'amour, le doute, le courage d'accomplir, l'audace, la solitude du gagnant, les enjeux du bonheur, de la réalisation de soi...
Réussir, oui, mais pourquoi ? Et pour quelles réussites ? Peut-on, doit-on forcer son destin ?
L'histoire d'un échec, une confession poignante d'Aude de Thuin, et l'analyse lumineuse de Jeanne Siaud-Facchin sur notre course à la réussite et ses multiples leurres.
"Forcer le destin" se divise en 2 grandes parties :
• I Destin, qui es-tu ? Destin, où est-tu ? (par Jeanne Siaud-Facchin, de la page 9 à 121)
• II Mon échec, ma vérité (par Aude de Thuin, de la page 127 à 291)
Et tout au long de la partie principale, écrite par Aude de Thuin, Jeanne Siaud-Facchin donne au lecteur son éclairage de psychologue, sous forme d'encadrés
C'est un bouquin que j'ai vraiment adoré !!!
Moi [...] je suis devenue entrepreneuse faute de savoir faire autre chose. J'étais si peu sûre de moi que je ne me voyais pas travailler dans une entreprise. Car il me faut en permanence surmonter mes propres barrières, mes freins conscients ou inconscients, & mes complexes.
Il peut se lire à différents niveaux, que l'on soit simplement curieux des confidences d'une entrepreneuse, ou en quête d'analyses & d'expériences pour soi-même trouver sa voie
Non qu'il soit particulièrement bien écrit. Ce n'est pas un roman, c'est un témoignage, au style simple & sans chichi, mais efficace.
Sans doute à l'image d'Aude de Thuin, qui se confie avec une simplicité & une transparence désarmantes
J'ai véritablement été touchée par son parcours, par sa perception des choses, depuis l'enfance jusqu'au jour tragique du dépôt de bilan.
Les femmes "grandes entrepreneuses" sont rares en France, & l'une d'elles vous fait entrer dans son monde !
Mais dans son monde intérieur, celui qu'elle a gardé pour elle depuis des décennies, avec parfois de la honte.
Car Aude de Thuin est une autodidacte HPI. Une créatrice dans l'âme, au chemin tout à fait exceptionnel, & pourtant, pas des plus simples parce qu'entièrement lié à sa personnalité, à tout son être.
"Forcer le destin" parlera forcément aux surdoués, & plus particulièrement à ceux qui ont une histoire très atypique.
Dans ses premières années, elle se sentait "le canard boiteux" de la famille. Une famille nombreuse, modeste, dans laquelle elle détonnait irrémédiablement.
Je sais aujourd'hui que ce que j'ai crée toute ma vie est le fruit d'un même arbre qui, tout à la fois, avait de bonnes racines, qui m'a donné une grande force, & qui avait aussi besoin de lumière pour se développer & se hisser au dessus des autres. Je sais également que mes bases sont fragiles & m'amènent à m'embourber à la moindre occasion.
Je me suis beaucoup retrouvée dans les réflexions d'Aude de Thuin. Pas dans l'histoire évidemment, car je n'ai pas du tout la même, tant familiale que professionnelle, mais dans ce qu'elle livre de ses sentiments
Elle a le courage (car il en faut pour oser s'exposer, se mettre à nu ! Dans l'absolu & plus encore quand on est dans la position de dirigeante, dans un monde d'hommes) de partager des choses très intimes, toujours avec une grande dignité.
C'est vraiment ce qui ressort pour moi de ce livre, une sincérité qui ne cède jamais à la facilité du pathos. J'ai été scotchée par la volonté de cette femme de dire, ce qu'elle vivait au plus profond d'elle, au fil des années.
Je ne savais rien faire. Quand je dis rien, c'est vraiment rien. J'observais les autres, & je tentais de les imiter au mieux.
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du livre "Forcer le destin"
Aude de Thuin évoque le syndrome de l'imposteur, qui prend une dimension plus grande encore dans sa vie (pour des raisons que je vous laisserai découvrir par vous-même, sinon je dévoilerai trop de choses passionnantes du livre ).
Les réguliers éclairages de Jeanne Siaud-Facchin, tout comme la première partie de "Forcer le destin" sont très bien vus
Ils viennent ponctuer le récit d'Aude de Thuin sans se faire pesants, en apportant une mise à distance, en offrant une analyse plus large qui fait du bien & permet au lecteur de se poser, de réfléchir sur ses propres doutes, ses envies, ses peurs !
Et puis, comme j'aime souvent repérer des petits signes qui se présentent à moi, j'ai été très amusée
- de trouver un paragraphe d'Aude intitulé "Tel un phénix" (j'ai un phénix tatoué sur l'épaule, depuis trèèès longtemps - datant de bien avant l'époque où les tatouages sont devenus monnaie courante). Bien avant de me savoir THPI (& aspie), j'étais fascinée par le phénix.
- de trouver référence, dans l'un des encadré de Jeanne, à une phrase d'Henri Calet qui m'accompagne depuis des années, & que j'ai même citée dans "mon livre"
J'ai toujours aimé ce genre de petits hasards / synchronicités de la vie, que je considère comme autant de petites lumières scintillantes m'indiquant être dans la bonne direction. Celle qui va dans le sens de mes valeurs, comme de lectures ou de découvertes qui me feront avancer
En conclusion : "Forcer le destin. J'ai choisi le succès, l'échec m'a rattrapée" est à mon sens un livre d'une grande générosité, qui a sans doute fait autant de bien à ses auteures qu'il en fera à ses lecteurs (& peut-être plus encore, lectrices !).
C'est un bouquin qui amène à se questionner sur soi-même, sur les priorités que l'on peut mettre, à différentes période de sa vie, & au sens donné à celle-ci.
Bref, une lecture utile & à ne pas manquer
3 commentaires à “Forcer le destin. J’ai choisi le succès, l’échec m’a rattrapée”
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Suite :
et puis « échouer », « réussir », deux termes qui recèlent les mêmes relents rétrogrades de cette société de la concurrence, celle qu’on nous vend et dans laquelle on nous somme d’être heureux de vivre.
Il y a celles et ceux qui réussissent, qui ont les compétences, la société les encense et s’ils gagnent des millions, ils seront félicités par Macron (si tout le monde pouvait gagner des millions, ça se saurait…) ! En contrepoint il est obligé qu’il y en ait qui ratent tout, qui ne sont pas qualifiéEs, que la société laisse sur le bord de la route, voire qu’elle écrase car il faut bien monter sur quelques têtes (y compris surdouées) pour sortir de la mêlée. La même société se donne bonne conscience en disant que pourtant le système éducatif a tout fait pour les éduquer, les inclure. Mais il me semble que c’est ce même système éducatif qui exclue ou marginalise beaucoup d’enfants surdoués et qui met au centre, non pas l’enfant, mais une norme d’enfant, loin de laisser la place à toutes et tous.
C’est une instit dégoûtée du système qui vous parle et qui compte le quitter d’ici peu tant il est impossible de réformer le système et de faire prendre conscience des problèmes aux autres. Je rends mon tablier en 2017 !
Pour finir, il y a de tout chez les femmes, comme chez les hommes, il y a également de tout chez les surdoués, comme chez les autres.
Bonjour à tous,
En fait, je voudrais surtout réagir aux mots de Valérie. Pour le moment, je n’ai aucun a-priori sur le bouquin ou sur les deux auteurs. D’ailleurs, je ne sais même pas si je le lirai. Bref…
J’ai surtout envie de tendre la main à Valérie en lui disant qu’il existe des instits assez inconscients pour croire qu’ils vont le changer justement ce système. Je en sais pas si je changerais quoi que soit mais, au moins, les p’tits loulous que j’ai eus en classe auront eu droit à autre chose. De toute façon, je ne sais pas jeter l’éponge.
J’ai l’intuition qu’il faut concentrer ses efforts (en sus des enfants bien-sûr) sur deux points qui me semblent essentiels: faire des parents des alliés et fédérer tous les enseignants qui travaillent différemment.
Je pense que tu es découragée car tu te penses seule. Mais ce n’est pas le cas.
Il doit être possible d’échanger nos mails et de poursuivre cet échange.
Cordialement.
Alain.
Merci de cette main tendue Alain.
Si je suis découragée c’est que je suis pratiquement seule dans mon école, à part une collègue. Je ne parle pas des enfants, à qui je donne tout ce que je peux et que je considère, au moins durant l’année où ils sont dans ma classe, « à l’abri ».
Je ne parle pas non plus des parents, avec lesquels j’ai de bonnes relations de manière générale. Non, je parle de l’institution, de la hiérarchie et des réformes empilées, depuis 2008 notamment. Ca a été la goutte d’eau pour moi et pour beaucoup d’instit qui sont « entrés en résistance » aux côtés d’Alain Refalo en écrivant une lettre à leur hiérarchie qui commençait par ces mots « en conscience, je refuse d’obéir… ».
Du soutien, j’en ai de nombreux collègues qui, un peu partout en France, ont décidé que leur éthique leur commandait de ne pas appliquer les réformes entamées par Sarkozy, Darcos etc… et maintenant la gauche, et donc de désobéir. Ce collectif de désobéisseurs, le Réseau des Enseignants du Primaire en Résistance (pédagogique) comptait environ, au plus fort de son action, 3000 personnes, avec des référents dans une trentaine de départements. Ces référents sont toujours en relation, prêts à se mobiliser. J’en fais partie et nous sommes restés amis, donc décidément je ne me considère pas comme seule.
Rentrée dans l’éducation nationale sur le tard et à présent proche de ma fin de carrière, je n’ai plus envie de me battre conte l’institution et la hiérarchie ni contre la résignation, voire la moutonnerie de la majorité de mes collègues. Notre école devient de plus en plus élitiste, et inégalitaire, cela est voulu et malheureusement je ne crois pas qu’on puisse changer ça de l’intérieur. C’est le système tout entier qu’il faut repenser et modifier.
Merci de ton empathie Alain.