Le jour où la maîtresse a voulu le faire taire

chut

C'était lors de la première année d'école du Zebrounet, il avait tout juste 2 ans & ½.

La maîtresse demande à me parler lorsque je viens chercher mon loustic à 11.30. Je patiente alors gentiment, le temps que tous les autres parents aient récupéré leur enfant, avant d'entrer dans la classe pour entendre ce que l'on avait à me dire. Mi-surprise, mi-anxieuse, pendant ces quelques minutes, je me demande, incrédule, ce qu'il a pu faire de "grave"...

 

Le verdict tombe enfin : mon zébrillon était, je cite "trop enthousiaste lors de l'atelier lecture" ! 8-O
Atelier consistant, m'explique cette maîtresse, à parler d'un livre qu'elle avait lu à la classe la semaine précédente.
Le "problème" ( :arrow: son problème à elle !) : le jeune zèbre donnait toutes les réponses à ses questions, & elle pensait qu'il ne laissait pas le temps, ni même l'occasion, aux autres élèves de prendre la parole (je précise qu'il était alors dans une classe à multi niveaux - 4 pour être précise - allant de la Toute Petite Section, à la Grande Section, au sein d'une petite école ardéchoise).
Elle s'étonnait du reste qu'il semble avoir mémorisé l'histoire dans ses moindres détails. N'hésitant pas à me demander - d'un air soupçonneux - si, par hasard (!), je ne la lui avais pas moi-même lue à la maison. Théorie qui aurait expliqué à ses yeux comment il pouvait la connaître quasiment par cœur, alors qu'elle ne l'avait lu qu'une fois en classe & que cela remontait à quelques jours déjà. L'idée qu'il puisse avoir une attention & une mémoire plus importantes que ses camarades n'arrivant, manifestement, que loin derrière cette 1ère hypothèse :round:

 

Je répondis que non, nous n'avions absolument jamais lu ce livre. Et c'est à cet instant qu'elle me dit avoir dû lui imposer de se taire, le forçant à arrêter de participer à cet atelier, afin que les autres puissent répondre à leur tour :-?

 

Cet incident a eu lieu bien avant le bilan (qu'il a passé à l'âge de 4 ans & des poussières). C'est à dire avant la prise de conscience & d'identification de ses différences... Et j'avoue que même si cela m'avait énormément ennuyée & contrariée à l'époque (de savoir mon fils obligé de mettre en sourdine ses élans spontanés & sa soif de connaissances, que je savais grands, mais sans en deviner la cause ni "l'anormalité"...), je n'avais pas saisi toute l'ampleur que cela avait pu avoir sur la vision qu'il aurait désormais de l'école.
Je crois avec le recul (& les cartes que nous avons aujourd'hui en main pour mieux analyser ce type de soucis) qu'un espoir s'est cassé à ce moment précis pour lui. Et qu'il a malheureusement compris ce jour-là, de la manière la plus brutale qui soit, qu'à l'école il ne pourrait jamais être lui-même sans provoquer gêne & mise à l'écart, même de la part de l'enseignant :oops:

 

 

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23 commentaires à “Le jour où la maîtresse a voulu le faire taire”

  1. Chrodounette dit :

    J’ai vécu une expérience assez similaire, voire pire parce qu’à la fin de l’année, mes parents ont déménagé, et ma nouvelle école m’a forcée à redoubler la petite maternelle que j’avais intégrée à à peine deux ans… La nouvelle maîtresse refusait de me laisser apprendre à écrire ou lire, elle me forçait à faire des dessins bêtes et méchants TOUTE LA JOURNEE sans me laisser participer aux activités de classe. Elle disait que j’étais en retard par rapport aux autres enfants parce que j’étais jeune et gauchère. A la fin de cette année scolaire-là, j’ai dit à ma mère, du haut de mes trois ans, qu’il était hors de question que je remette les pieds à l’école. Je le lui ai répété tous les matins sans aucune exception jusqu’au bac.

    Alors je vous souhaite bien du courage. Et au petit aussi. Ceci dit, j’ai malgré tout effectué une scolarité brillante, et ce n’est pas faute d’avoir tout fait pour ne pas travailler. Donc tout n’est peut-être pas perdu…

    • Zebrounet dit :

      Bien sûr, rien n’et perdu. D’autant que l’incident en question au lieu il y a 3 ans. De l’eau est passée sous les ponts depuis (& d’autres incidents du même genre… aussi :-? ).
      Le Zebrounet est d’ailleurs, un élève brillant depuis son entrée à l’école – le meilleur de sa classe chaque année – car il fait son travail scolaire tel qu’on le lui demande. Mais il le fait (& c’est tt le problème actuel) sans peiner, sans effort.
      Or le manque de stimuli intellectuel est un vrai danger sur le plan scolaire à mon sens, plus que tte autre chose :oops:

      • Chrodounette dit :

        Oui, j’ai mis un temps fou à m’écrouler. Mais dans mon cas, personne ne savait que j’étais un Z. C’était totalement contre les principes de l’école républicaine égalitaire etc de reconnaître ce genre de chose. La première fois que ma mère a prononcé le mot « surdouée » (sans connaître les nuances zèbre-brillant bosseur) en parlant de moi, c’était il y a six mois, et j’ai 25 ans… L’erreur fatale a été de confondre les deux. Votre petit zèbre part mieux dans la vie!

        (ceci dit, j’ai réellement développé une haine et une souffrance profonde à cause de l’épisode que j’ai raconté. Je ne l’ai jamais trop laissé paraître, et j’ai fini par m’en souvenir et m’en guérir toute seule vingt ans plus tard. Mais j’ai vraiment refoulé tout ça, au sens freudien du terme. Je n’ai pas de conseils à donner mais méfiance, c’est dingue ce qu’une petite frustration comme celle-ci peut laisser de séquelles invisibles, qui vont ressortir bien plus tard )’: j’aimerais tellement que d’autres n’aient pas à vivre ça…)

  2. Elea dit :

    Aha, ça me rappelle le CE1, avec les chiffres et les nombres affichés au-dessus du tableau, de 0 à 100 je crois. La maîtresse a eu le malheur de demander : « Est-ce que quelqu’un sait ce qu’il y a avant 0 ? ». Et moi, petite zèbre de six ans à peine, avec un grand frère qui me laisse regarder ses cours, je réponds qu’il y a des nombres négatifs, -1, -2, -3, même que ça va à l’envers et jusqu’à l’infini. Je me souviens encore du silence de l’enseignante qui ne s’attendait visiblement pas du tout à une telle réponse. Puis une phrase assez maladroite a suivi, quelque chose comme : « Eeh non, tu te trompes ! *grand sourire* Avant 0 il n’y a rien ! »…et moi qui tente de lui prouver que si, que c’est évident d’ailleurs, que quand on fait 10 – 11 ça fait forcément -1…bref, il a fallu longtemps avant qu’elle reconnaisse que oui, je disais la vérité, mais que c’était quelque chose qu’on apprendrait bien plus tard.

    Je ne vais pas m’étendre sur les conséquences que cet épisode (et tous les autres) a eu sur ma perception de l’école, tout est très bien expliqué dans ce blog. :) Merci de faire partager votre expérience !

    • Zebrounet dit :

      « il a fallu longtemps avant qu’elle reconnaisse que oui, je disais la vérité, mais que c’était quelque chose qu’on apprendrait bien plus tard. »

      J’imagine bien le tableau !!! LOL :-D

  3. Olivia dit :

    Lire vos textes me fait monter les larmes aux yeux… Mon petit bonhomme, entrant en l’équivalent du CP (en Suisse) cette année, se fait gronder par sa maîtresse car il a fait 10 pages de devoirs dans sa brochure au lieu d’une….. Vexée probablement de voir qu’il a fait cela sans ses explications (elle a aussi voulu savoir si on avait la même brochure à la maison!!), elle s’est braquée… et lui aussi… C’était le deuxième jour après la rentrée. Et depuis, il ne veut pus aller à l’école, alors qu’il attendait cela depuis 2 ans !…
    A vous lire, il y a de l’espoir quand même pour la suite, mais je dois dire que face à l’incompréhension totale de la maîtresse, je désespère. Qu’avez-vous fait pour soutenir votre enfant ??

  4. Cyrille dit :

    Bonjour,

    Je découvre votre site depuis ce week end et je me rends compte à quel point les parents de petits Z passons par les mêmes soucis.
    Votre article me rappelle le CP de mon zébrillon : avec sa mère, nous sommes convoqués par la maîtresse. Qu’a-t’il bien pu faire? Et là, consternation, elle nous explique que notre enfant prend trop souvent la parole, à bon escient, toujours en la demandant. A l’époque, il savait bien évidemment lire (dès la fin de la GS d’ailleurs) et du coup nous avons posé la question du saut de classe. Avec la réponse malheureusement classique : mais non, il n’est pas assez mur votre fils…

    Heureusement (j’essaye d’être toujours optimiste), en CE1 nous avons été convoqué pour la même chose, mais avec un vrai diagnostic pédagogique : l’instit nous a expliqué que notre zèbre s’ennuyait et qu’il fallait faire un glissement dès janvier vers le CE2. Et là, première prise de contact avec le surdouement du petit Z, incitation par l’instit de faire réaliser un test. Si toutes pouvaient être comme elle… 2 ans après l’avoir eu 4 mois, elle continue à prendre de ses nouvelles!!!

    Comme quoi, face à 2 situations identiques, des enseignants (le plus souvent jeunes) arrivent à avoir un bon réflexe et à essayer de comprendre pourquoi leurs élèves si prometteurs se mettent à ne plus travailler!

    • Zebrounet dit :

      Bjour :)

      « Comme quoi, face à 2 situations identiques, des enseignants (le plus souvent jeunes) arrivent à avoir un bon réflexe et à essayer de comprendre pourquoi leurs élèves si prometteurs se mettent à ne plus travailler! »
      Oui ! Les réactions peuvent être très différentes, pour ne pas dire opposées ! C’est d’ailleurs ce qui est regrettable au fond : que l’attitude « de l’école » face à un enfant doué soit finalement fonction d’individus, & donc, se résume à une question de chance… ou de malchance ! D’autant plus regrettable qu’il existe des textes visant, précisément, à unifier les choses afin que chaque enfant bénéficie théoriquement de la même prise en charge dès lors qu’il est identifié comme à haut potentiel intellectuel.
      Bon, nous savons tous que dans la pratique, ce n’est pas le cas… 8-O

      Une chose me frappe tjrs : le nbre de gens qui me disent via les commentaires ou par e-mail « Nous aussi, nous avons vécu la même chose ». Je crois que les mêmes « reproches » (poser trop de questions, prendre trop la parole, aller trop vite, etc.) se retrouvent au moins une fois dans la scolarité de chaque petit zèbre (& c’est d’ailleurs bien triste, parce que ça ne devrait pas être le cas effectivement :cry: )

  5. Chrodegang dit :

    Je reviens sur cet article pour apporter mon point-de-vue d’enseignante.
    Si j’interroge deux fois de suite un élève lambda, je me fais huer par le reste de la classe qui était en train de se battre pour répondre. Admettons que tous les instits ne soient pas confrontés à des classes aussi dynamiques. Comment s’en sort-on? Car chaque parole prise par un élève est une parole refusée à un autre (sinon, on ne s’entend plus). Il est rare (d’ailleurs, je n’ai jamais vu ça) qu’il n’y ait à chaque fois qu’UN SEUL jeunot qui veuille répondre. Comment fait-on pour contenter tout-le-monde? C’est un problème insolvable!! J’essaye de dire dire aux plus avides de répondre dans leur tête quand j’interroge quelqu’un d’autre, et si leur réponse est bonne d’imaginer que je les félicite personnellement, puis de faire une petite coche sur un papier. A la fin de l’heure, ils comptent combien de coches ils ont faites et on en reparle.
    Mais le problème serait le même dans une classe d’enfants surdoués… comment fait-on pour laisser douze enfants répondre à UNE question, à UN enseignant? J’ai essayé le coup de les laisser tous répondre en même temps. j’ai failli mourir de migraine.
    Et pareil pour le travail fait en avance, une fois qu’on y arrive avec la classe, il est déjà fait et… l’enfant s’ennuie. Sauf qu’il est concrètement IMPOSSIBLE d’avoir à chaque fois du travail supplémentaire à disposition, pour chaque profil d’élève, pour quatre niveaux différents, alors qu’ils ont déjà tout lu dans la bibliothèque (qu’on fournit à nos frais soit dit en passant, donc difficile d’avoir des encyclopédies sur tout à leur proposer), et qu’on doit être là pour aider tout-le-monde. A fortiori quand on est jeune enseignant!

    C’est un réel problème d’ordre moral et matériel (impossible, par exemple, de donner un travail avec des supports originaux comme des DVD ou des CD à un enfant pour qu’il fasse autre chose que de l’écriture pendant qu’on rame avec les autres, puisque ça déconcentrerait tout-le-monde; impossible de l’envoyer faire un jeu de piste au CDI qui sera déjà occupé et puis de toute façon c’est interdit) qu’il est très difficile de régler une fois pour toutes!!!

    • Zubial dit :

      Bonjour,
      Je viens pour la première fois sur ce blog et j’avoue être très content de trouver votre témoignage ! Chrodegang, si tous les enseignants faisaient comme vous ce serait le rêve pour nos enfants ! La méthode des petites coches sur un papier, c’est tellement juste, tellement bien vu, mille bravos !

  6. naliam dit :

    bravo pour ce blog..!

    pour ma fille également l’espoir s’est éteint…le jour de sa première rentrée à 3 ans…

    Un peu d’appréhension, alors même si nous l’avions préparée, la veille je lui dis :
    – « tu sais l’école c’est sympa tu vas découvrir et apprendre des choses fabuleuses, la maitresse sait beaucoup de choses, d’ailleurs à chaque fois que tu voudras lui poser une question elle sauras sans doute te répondre ! par exemple demain que voudras tu lui demander ? »
    – « ou le soleil se cache tous les soirs ? »
    – « ah… et bien c’est une bonne question ! »

    le lendemain matin 11H30 les yeux rouges « elle m’a répondu que le soleil se reposait parce qu’il était fatigué…. tu sais je crois bien qu’elle ne sait pas… »

    aujourd’hui 7 ans dans une école montessori ..! tout va bien… enfin attendant le collège !

  7. Après avoir dit à mes deux aînés de 19 et 21 ans : « Patiente un peu, l’année prochaine ce sera plus intéressant » et m’être trompée à chaque fois, j’ai décidé de ne pas/peu parler de l’école à la petite dernière (4 ans), qui donc y est entrée sans s’attendre à y trouver toutes les réponses à ses questions. A l’école on fait des beaux dessins, des gâteaux, des choses avec les autres enfants et on apprend à respecter les consignes ; à la maison on apprend l’alphabet en chantant et on compte tout ce qu’on veut… :roll:

  8. Guigui dit :

    Juste pour partager:

    Lorsque je suis arrivé en CP, je n’étais pas en avance (là-dessus au moins LOL ), je ne savais pas lire, pas compter.
    La prof a « convoqué » ma mère pour lui dire que j’étais trop lent. J’ai passé un sale mois ou deux, à stresser en ne me sentant pas à la hauteur.
    Quelques mois plus tard, il m’arrivait de signaler à la prof des erreurs dans les exercices qu’elle nous proposait.

    Les profs ne sont pas toujours à la hauteur.

    Guigui, 22 ans

  9. von euv dit :

    Bonjour,
    je vous lis avec d’autant plus d’interet que j’ai vécu moi meme ce genre de situation…
    Et j’en garde un horrible souvenir d’injustice.
    Ceci étant dit, j’ai aussi (comme la plupart des zebres !) une grande empathie, et j’imagine aisément comme il doit etre frustrant de ne pas avoir le temps de chercher une réponse, sans que qu’elqu’un la donne avant… vous savez comme quand on vous raconte la fin d’un livre (grrrr!!!!!)
    je ne cherche pas a me faire l’avocat du diable, je pense simplement que l’instit voulait bien faire pour laisser les autres enfant s’exprimer aussi… (les timides, les introvertis, ceux qui se taisent car ils se croient nuls, les rêveurs, les étourdis, les trop-anxieux-pour-répondre… et les autres aussi, sinon c’est pas juste !!)
    en tout cas merci pour vos articles que je lis avec plaisir
    cdt.

  10. Jbacmo dit :

    Bonjour,
    Prof et thqi, ce post et ses commentaires m’intéresse.
    Je réfléchis beaucoup ces derniers à ce que peut proposer l’école et à ce qu’elle ne peut pas offrir… En tant qu’adulte, je pense que mon premier rôle est de donner à mes élèves l’exemple d’une personne qui connaît et respecte ses propres limites. En tant que jeune enseignante baignée de Sister act, l’instit, les choristes et autres esprits rebelles, il est difficile de ne pas se voir comme un missionnaire parfois. On a l’impression qu’on doit tout faire, on a vraiment le souci de la réussite de tous, ça se voit bien dans le commentaire de ma collègue au-dessus. Et c’est très louable. Mais petit à petit, on réalise aussi qu’on s’use à la tâche, qu’à force de travailler les soirs, les week-end et une bonne partie des vacances, on risque fort de finir par détester nos élèves, qui souvent, eux, ne se foulent pas trop. Alors on prend du recul, heureusement. J’essaie par petites bribes de verbaliser pour mes lycéens (qui sont certes plus grands, mais les logiques restent les mêmes) ce que j’ai compris de mes propres limites et des limites du système scolaire, pour les aider à comprendre, mais aussi pour les mettre devant leurs propres limites. Par exemple, en tant que prof de langue, on me demande tous les ans si on fera un voyage scolaire. À terme, j’aimerais bien en organiser, mais comme l’explique la collègue, c’est beaucoup d’heures sup non payées, beaucoup d’appels téléphoniques à nos frais, beaucoup de risques de dérapages sous notre responsabilité juridique… Pour l’instant, je ne me sens pas d’attaque. J’explique donc à mes élèves que si eux s’organisent pour préparer un voyage scolaire, en se tapant tout les dossiers pédagogiques, les dossiers comptables, les soirées de récoltes de fonds pour pouvoir faire partir les élèves pauvres, les demandes d’autorisation et les questions de sécurité sociale et d’assurance, je les accompagnerais volontiers. En général, je n’en entend plus parler.
    Je peux paraître cynique, mais réellement je ne pense pas l’être, je pense simplement que faire espérer aux élèves et à leurs parents d’ailleurs que l’école est parfaite ou au contraire diabolique ne les aide pas à se saisir des possibilités (réelles mais limitées) qu’elle peut offrir.
    Je pense que socialement, l’école à été créée pour être une garderie de masse. Le but est de permettre aux parents de partir travailler l’esprit tranquille, en sachant que leur enfant n’est pas en train de prendre de la coke, de tomber enceinte ou de se mettre en danger. Et majoritairement, l’école réussit à fournir cette prestation. La question de ce que les enfants font à l’école et du danger psychologique à plus ou moins court terme n’est pas prise en compte. Enfin, si, on en parle beaucoup, d’ailleurs les programmes et les lois changent souvent, mais si on regarde les moyens humains ou matériels mis en oeuvre, on voit bien qu’on n’a pas les moyens de nos ambitions.
    Il me semble que nous, les adultes, ne sommes pas toujours clairs sur le fait que bien qu’on s’intéresse sincèrement au sort et à la parole de nos enfants/élèves, nous n’avons pas le temps/les moyens de leur accorder l’attention qu’ils méritent. Et qu’ils doivent se prendre en main, avec notre aide et avec leurs copains, pour déterminer leurs propres besoins et essayer d’y répondre au mieux.
    Je pense qu’on ne tient pas ce discours en tant qu’adultes car il nous est difficile à entendre. Pas mal de parents préfèreraient s’occuper davantage de leur enfants plutôt que de bosser, mais ils n’ont pas le choix, tout comme beaucoup d’enseignants seraient ravis d’enseigner de manière plus individuelle et approfondie, d’être plus à l’écoute. Mais on ne peut pas vraiment, on est limités par plein de facteurs, dont celui de devoir payer son loyer par exemple.
    Cependant je pense que la seule manière de permettre à un enfant de vivre sereinement (à défaut de joyeusement) l’expérience nécessairement frustrante des limites de l’école, c’est de lui montrer par l’exemple que nous, adultes, reconnaissons nos propres limites et nous en accommodons.
    En parrallèle, les actions collectives visant à faire évoluer certaines réalités me paraissent indispensables.
    Et (changement de sujet) je ne sais que vaguement ce qu’est un turbot et ça ne me semble pas indispensable comme connaissance… Chaque enseignant ne peut apporter que ce qu’il a, et parfois on n’a pas grand chose à apporter sur certains sujets, mais la colère proche de la haine suscitée par le fait que nous soyons des humains limités me paraît peu proportionnée parfois. Ce qui moi m’insupporte particulièrement chez certains collègues, mais aussi chez certains parents d’élèves, c’est leur mauvaise foi face à cette réalité. Ça empêche à mon avis de mettre nos moyens en commun pour faire de notre mieux, ce qui serait déjà pas mal.
    Bon, je sais pas comment finir, alors bises, tchao à la revoyure :)

    • Rainbow dit :

      :( :( :(
      On dit que l’école doit être la même pour tous, mais c’est en fait « à la tête » et au cas par cas….
      Vous parlez d’un idéal…

      Je me suis fait mes mêmes réflexions pour le côté garderie de l’école mais bien sûr, je n’ai évidemment pas les moyens financiers de rester à la maison et d’enseigner moi-même à mes enfants, même si, jusqu’à la fin du collège, j’en aurais, je crois, les moyens intellectuels.

      Mais quand vous, vous posez toutes ses questions et tentez d’exercer votre métier loin de toute hypocrisie, certains se contentent malheureusement de toucher leur salaire, d’autres pensent que les élèves sont des veaux et que les parents sont des crétins.

      L’ambiance ne semble pas près de changer à ce qu’il semble…. :(

  11. Jbacmo dit :

    Bon, je re-réponds car visiblement j’ai été déprimante. Alors oui, l’école n’est pas le lieu de tous les possibles, mais ça reste un lieu potentiellement plein de ressources pour qui s’en saisit. Déjà, les profs qui se contentent de toucher leur salaire et qui se fichent vraiment de leurs élèves, y en a proportionnellement assez peu. Soyons honnêtes, c’est pas un métier qu’on choisit quand on veut devenir riche. Il reste les alcooliques, les dépressifs pour des raisons diverses et les profs tout débutants qui essaient de survivre avec plus ou moins de succès et de pots cassés.
    Cependant dans chaque établissement, il y a un certain pourcentage de gens qui sont là pour que les élèves les mette à contribution. Parfois le documentaliste est fantastique, d’autres fois c’est un prof de sports, d’autres fois un assistant d’éducation… En tant qu’élève, on peut vite limiter les interactions avec les profs inintéressants en révassant dans sa tête au lieu de bavarder. Et on peut en profiter pendant les cours bien. En définitive, il y a quand même des échanges affectueux réguliers, même s’ils ne sont pas forcément spectaculaires. Tous les sourires, les blagues, les petits trains-trains de groupe, le fait de voir grandir les élèves, les couples qui se forment, les moues communes devant les plats des cantines…
    Le gros avantage d’un collège et d’un lycée, c’est qu’on a accès à une personne ressource dans énormément de domaines si on sait choisir son moment pour poser nos questions(en fin de cours, ou alors quand les autres travaillent encore et qu’on a déjà fini…). Et même si il est peu probable que chaque prof reste des heures à discuter en dehors des cours, des fois ils peuvent filer des bons tuyaux pour approfondir: des sites, des magazines, conseiller des livres, mentionner une notion qu’on pourra ensuite aller creuser…
    Et ceux à travers qui on n’apprend rien sont des enseignements par ce qu’ils sont. L’école est un fabuleux observatoire de fonctionnements de groupe. Pourquoi pas donner à un zébrillon qui s’ennuie à l’école une comportement spécifique ou un groupe de personnes spécifique à observer pendant la journée et lui demander ses observations et ses commentaires le soir? C’est finalement l’un des endroits les plus mixtes socialement depuis l’abolition du service militaire. Prendre les camarades et l’établissement comme des sujets d’étude, tout en se rappelant que ce sont des humains, ça permet de se stimuler intellectuellement et de prendre un peu de recul salutaire avec les situations de groupe.
    Ou alors ils peuvent prendre comme projet de devenir tuteurs d’un autre en difficulté. Ça occupe et c’est valorisant.. Bref, l’école c’est souvent ennuyeux, mais ça reste quand même un endroit où on peut vite créer des relations humaines… Et ils y apprennent toujours quelque chose, même si c’est rarement ce qu’on cherche à leur y enseigner :) Bref, la plupart du temps, y a pas mort de zèbre, y a déception de ne pas vivre dans un monde ultra-intense en permanence, mais c’est plutôt une bonne chose, ça peut laisser du temps pour se construire solidement.
    Précision: je ne cherche en rien à nier ou minimiser les souffrances réelles décrites par les uns et les autres. Je souhaite juste essayer de partager des pistes de réflexion et d’appropriation de l’école que j’explore moi-même et qui me permettent de me sentir actrice dans cette situation plutôt que victime d’un système aux nombreuses failles.

    • Rainbow dit :

      J’entends ce que vous dites à propos de zèbre en observations de groupes de pairs collégiens tel un etnologue observant une société de chasseur cueilleur dans son milieu naturel. Mais pour le zèbre, qui plus est le zèbre souffre-douleur et moqué par ses congénères, le collège n’a rien d’un milieu « naturel » c’est même le milieu le plus artificiel qui soit avec cette mixité sociale qui peut certe devenir une richesse quand elle est correctement encadrée et accompagnée par des adultes compétents et soucieux du bien-être de chacun au sein de la multitude. Car ce milieu peut vite devenir hyper hostile à ceux dont les capacités adaptatives en société font défaut, surtout quand l’adolescence fait rage et que les centres d’intérêt sont si différents de ceux de la norme.

      PS: vous écrivez bien, j’ai apprécié Votre description du quotidien des ado entre eux notamment à la cantine….

  12. Lola63 dit :

    bonjour,

    pour la première fois je participe à un fo’ sur ce sujet…
    Maman de 4 enfants, les deux plus grands ont été « testé » pour le QI sur demande de l’école, suite à des troubles du comportement. Au résultat, ce sont les 4 qui sont précoces… Pas évident à vivre au quotidien, le plus jeune a 3 ans, le plus âgé, bientôt 9, ils présentent tous un comportement différent vis à vis de la scolarité. Deux sont tapageurs, à la limite de l’hyperactivité, deux sont discrets, des tempéraments de « feu », 3 s’ennuient malgré les efforts des maitresses. Au résultat, les maitresses ont tous les jours des remarques à faire sur leur comportement.
    De plus, j’ai une situation familiale compliquée (instance de divorce), et plus je me renseigne sur la précocité chez l’enfant, plus je constate que j’étais moi-même précoce, et actuellement, je ne trouve pas ma place dans la société. Dur de trouver un équilibre familial.. .Je lutte pour que mes enfants trouvent leur place, je me sens déjà à côté de la plaque pour me gérer, alors gérer 4 petits bouts plein de vie, de curiosité… C’est surtout la complexité de leurs réactions qui est délicate à gérer. J’ai peur de les voir grandir, d’avoir à gérer 4 adolescents aussi paumés que moi, et voir gâcher leur vie par manque de confiance en eux, qu’ils se sentent trop en décalage comme j’ai pu le faire.
    Ils ne sont pas des génies, juste des enfants qui ont besoin d’amour… et de plus de stimulation que la moyenne. J’ai posé à mes deux ainés une énigme… la fameuse énigme de Stanford. C’est le genre de jeu qu’ils adorent… même le plus petit, âgé de 3 ans, y participe. Ils en veulent plus, toujours plus, ils sont toujours en compétition entre eux, en sport, à l’école, à la maison. Etre mère au foyer avec des enfants comme eux, c’est intellectuellement stimulant… mais nerveusement épuisant.
    Please… help me!

    Ils vont passer du privé au public en septembre prochain, j’espère que tout se passera bien… même si je sais qu’au départ, il ne se passera pas un jour sans que je sois convoquée pour leur comportement… :-x

    • alba dit :

      Bonjour,
      Le problème des parents à tester me semble intéressant. J’hésite moi-même à le faire: mon fils est en train d’être testé et plus je lis sur le sujet, plus je trouve de résonances en moi. Cela me déprimerait plutôt: sentiment de perte de temps, d’être passée à côté de quelque chose, honte de ne pas parvenir professionnellement à faire ce que des personnes qui me semblent moins douées parviennent à faire. Sentiment de décalage complet!
      La fatigue nerveuse, même avec un seul enfant, elle est présente. Il est difficile de ne pas s’angoisser pour la scolarité future quand je vois sur ses bulletins que tous les items qui commencent par « respecte » sont en cours d’acquisition (et c’est gentiment dit), et de ne pas m’inquiéter quand je vois ce qu’il fait en maths en cp, par rapport à ce dont il est capable.
      Lola63, j’échangerais bien en boîte privée avec vous, si c’est possible. :roll:

      • Barbamama dit :

        Bonjour,

        Je réponds à votre post car il m’interpelle énormément : maman d’une fille de 8 ans 1/2 en classe de cm1 et d’un garçon de 5 ans en grande section de maternelle, je me pose également beaucoup de questions. Les lectures faites au moment où ma fille a été diagnostiquée m’invitent à penser que toute notre petite famille est zébrée (mon garçon a également été diagnostiqué). Ma fille s’est relativement adaptée à l’école (années plus ou moins simples en fonction des enseignants), elle a compris qu’il fallait répondre aux demandes formulées, elle voit ensuite en fonction de sa maitresse… (cette année, elle met en scène avec ses camarades une pièce de théâtre, la maîtresse est très ouverte à ce sujet, elle la soutient et lui laisse la classe ouverte pour les répétitions :) En ce qui concerne mon garçon, je vous avoue que je suis assez stressée : après différentes remarques de la maîtresse concernant le graphisme et le comportement de mon enfant, je l’ai rencontrée lors d’un rendez-vous pour lui donner quelques information, notamment l’orienter vers les liens entre son comportement et la précocité. Cette institutrice m’a expliqué qu’elle allait faire une formation à ce sujet en mars :-D je lui ai expliqué que je ne voulais en aucun cas mettre mon enfant en avant mais que je voulais simplement lui apporter des éléments pour mieux le comprendre.
        Depuis ce jour, elle m’interpelle beaucoup plus souvent au sujet du comportement de mon fils et de la discipline notamment :( . Les enfants sont allés au cinéma et au théâtre durant la même journée :-x et dès le matin, mon zébrounet s’est agité durant la séance de cinéma : un Charlie Chaplin. La maîtresse m’a dit qu’il a été tellement insupportable qu’elle a dû le prendre à côté d’elle durant le théâtre l’après-midi. Au vu de son énergie, il lui est très difficile de rester en place et silencieux… Il était de plus un peu fatigué ce qui a accentué son comportement… Cette attitude de l’institutrice me préoccupe car je crains qu’elle ne voit mon enfant qu’au travers des normes qu’elle a en tête : il ne rentre pas dans le moule. Très stressée après cette remarque, j’ai peur de l’impact que peut avoir cet étiquetage enfant turbulent sur son futur… Que faire? Belle journée à vous.

  13. Amelie dit :

    Bonjour,
    Je me revois, en classe de CP… lever le doigt avec envie d’enfin délivrer l’attente de la bonne réponse…
    et ne pas être intérogée… ou me faire traiter de fayotte parce que moi je connaissais la réponse…
    Ca a été une période très dure, mais encore plus lorsque ma maman a demandé à me faire sauter une classe pour que je ne m’ennuie plus.. le verdict a été sans appel « votre fille est trop dans la lune et beaucoup trop immature, elle passera en CE1, pas de CE2 ». Hors, j’ai passé mon CP à faire mi-CP, mi-CE1… donc super 2ème année de primaire, très enrichissante!!! :)
    Toujours est-il que ma fille de 3 ans rentrera à la maternelle en Septembre, et que j’angoisse d’avance… je crois que je ne supporterai pas qu’un jour on lui demande de la mettre en sourdine pour laisser les autres participer…
    Mais je me vois mal aussi prévenir les maîtresses de son avance (elle parle comme une demoiselle, mieux en tout cas que ses copains du meme age qui vont déjà à l’école depuis septembre dernier). Je garde toujours quelque chose en moi qui me fait trouver ça prétentieux…
    On verra, ce sera la surprise à la rentrée!



:) :-D 8) :oops: :( :-o LOL :-| :-x :-P :-? :roll: :smile: more »

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