Paroles d’instit !
Exemple authentique d'un message lu au hasard de mes recherches sur un forum de discussion réservé aux enseignants du primaire, à propos d'enfants sachant lire avant l'âge (je rappelle que celui considéré en France comme étant l'âge normal, au vrai sens du terme, est 6 / 7 ans - année du CP).
Certains me répondront peut-être que ce n'est qu'un message, expression d'un individu, n'ayant pas valeur de généralité !
Certes, mais ces paroles sont malgré tout le reflet inquiétant & néanmoins réel de théories émanant de certains enseignants eux aussi bien réels tant dans la vie des petits zèbres qui peuvent les croiser sur leur chemin scolaire, que dans la vie de leurs parents, dont on devine aisément les difficultés à communiquer face à de telles prises de position.
Ce message a été publié le 06 septembre 2009, & je le retranscris tel quel (avec ses fôtes d'ortograf ! ) :
Si un enfant arrive en cp et qu'il est "lecteur" c'est que l'enfant a été pris en charge par son ou ses parents pour l'amener à lire, sachant que le programme enfin de GS ne les amènent à ce niveau là. C'est donc de la responsabilité du ou des parents et non pas de l'enseignante si l'enfant est déçu.
Beaucoup de parent font l'erreur de pousser l'enfant à être en "avance" sur les autres enfants par fierté personnelle (mal placé) et le seul résultat obtenu c'est que l'enfant se sent "en marge", exclu par ses camarades et par le système scolaire car ne faisant plus partie d'un groupe et d'une dynamique.
La plupart du temps ce sont malheureusement ces enfants qui par ennui deviennent dissipé et sont donc sanctionnés par la maitresse , le cercle infernal est lancé.
La solution est de patienté jusqu'à ce que les autres enfants du cp soient aussi lecteur,cela permettra à l'enseignante de gérer deux groupes et non pas deux groupes et un cas particulier pour satisfaire des parents dont le but "caché" est de pouvoir se vanter dans leur entourage que leur enfant a "sauté" une classe, le grand perdant dans ces situations c'est l'enfant !!
Un bien bel exemple de l'étroitesse d'esprit de certains instits (tous ne sont pas de cet acabit, fort heureusement pour nos zébrillons...) pour qui la précocité relève du mythe. Ces gens sont toujours intimement persuadés que les parents sont à l'origine de l'avance artificielle & forcée de leur enfant, & par ricochet de leurs prétendus problèmes !
Quant à la "solution" (!) de patienteR (avec un "r", c'est mieux !) jusqu'à ce que les autres soient lecteurs... quelle belle idée n'est-ce pas
C'est très exactement ce que j'avais été contrainte de faire moi-même, au CP - il y a donc un peu moins de 25 ans, puisque j'en ai 30 aujourd'hui.
C'était en ce temps-là la posture couramment adoptée par les instituteurs(trices) & ça semblait ne poser problème à personne. Je vous laisse imaginer les effets dévastateurs sur un enfant à qui on impose cela !
Mais qu'aujourd'hui, en 2009, des enseignants puissent encore raisonner ainsi me laisse perplexe !
Bien sûr, personne ne songerait à nier les besoins spécifiques des enfants mentalement déficients. Encore moins à douter de leur déficience ! Ce serait tout à fait méprisant & indigne vis à vis de ces élèves dont les capacités intellectuelles sont inférieures à la moyenne, autrement appelé "la norme".
C'est pourtant ce que font certains enseignants, dans le cas inverse d'enfants doués (c'est à dire dotés de facultés intellectuelles au dessus de cette norme). N'hésitant pas à contester l'existence même du surdouement & décrétant que tout est affaire de délire parental
La France vit à ce sujet un paradoxe assez surprenant. Lorqu'il s'agit de sport, de musique, de peinture, on y manifeste un grand engouement : les enfants sont préparés très jeunes et les entraînements, aussi contraignants soient-ils pour la santé, pour la famille, pour les finances publiques, sont encouragés. Il existe de nombreuses classes sports études, musicales et arts plastiques, en face des rares classes pour enfants précoces arrachées de haute luttes aux inspections académiques.
Comment expliquer ce manque de reconnaissance de la précocité intellectuelle ? Parce que ses réalisations ne sont pas aussi spectaculaires que celles de l'intelligence musicale ou sportive ?
Lorsqu'il s'agit de précocité intellectuelle, les résistances sont très fortes : admettre que des êtres soient plus intelligents que d'autres, c'est rompre avec l'idée égalitaire qui a régi si longtemps notre système éducatif. Et pourtant, dans une classe hétérogène, il est facile de faire le constat des inégalités. Cessons de nous voiler la face et agissons au mieux des intérêts de tous les enfants en acceptant leurs différences.Sophie COTE, Principale Honoraire du Collège du Cèdre au Vésinet, & fondatrice de l'AFEP. Extrait de "L'épanouissement de l'enfant doué"
12 commentaires à “Paroles d’instit !”
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Ayant été moi-même enseignant et directeur d’école, ce qui me frappe à priori dans le message de l’instit est le nombre impressionnant de fautes d’orthographe.
Quant aux arguments avancés, ils ne sont que la reprise de ceux de Phillipe Meirieu, gourou de la pédagogie des années 90, prof d’Université et ancien directeur d’IUFM. je crois même qu’il a dirigé l’INRP : en un mot, cela consiste à dire que les « surdoués » ne sont que le produit phantasmatique des obsessions de leurs parents. Rien de nouveau sous le soleil, hélas. Heureusement, il y a des enseignants plus instruits et des pédagogues plus éclairés que ceux-là pour penser différemment.
Jacques BERT
Auteur de « L’échec scolaire chez les enfants dits surdoués »
Créateur et animateur du site SURDOUES-INFO
Bjour
Et merci Jacques pour ce commentaire ts intéressant !
Moi aussi j’avais été frappée par les fautes ds le message de cette enseignante (au moins autant que par les idées exprimées) c’est pq j’ai précisé ds mon billet que je faisais un copié / collé, ne voulant pas que les lecteurs pensent que j’avais modifié son texte
C’est tt à fait ça : un enfant doté de capacités + importantes que la moyenne n’est aux yeux de certains que le produit phantasmatique des obsessions de leurs parents ! C’est vraiment ts bien formulé, & ça résume à merveille l’idéologie de ces gens. Malheureusement !
Bien amicalement,
et ça ose se dire enseignant avec des fautes pareilles??? quelle honte! Petite anegdote : au collège on avait un pion qui a dit un jour en parlant de deux élèves qu’ils étaient intelligents pareil et que tout le monde est intelligent pareil, qu’il n’existe pas de niveaux ou différences d’intelligence entre les gens. Autant dire tout de suite que nous sommes tous des clones puisque personne n’est différent!
Bonjour,
eh bien moi, je suis prof des écoles, spécialisées dans les fonctions cognitives, zébrées et… super nulle en orthographe .
également enseignante, je sais que la dyslexie et la dysorthographie, sont un véritable handicape à vivre au quotidien. Je vis en permanence avec le dico ( électronique heureusement = gain de temps )
Mais cela demande une vigilance de tout instant et parfois la peur au ventre à cause de l’incompréhension, des jugements si prompts de certains qui ne comprennent pas que cette DIFFERENCE est un handicap et non de la négligence.
Ce qui n’empêche pas d’avoir de bonnes pratiques pédagogiques. (dans mon cas moyenne et grande section maternelle.)
Les personnes qui m’ont le plus aidée, l’ont fait avec bienveillance. Les remarques hostiles ne font qu’aggraver la tension et perdre les moyens.
Entre personnes DIFFERENTES il me semble qu’il est plus facile de se mettre les uns à la place des autres et de se soutenir. Nous savons ce que c’est de ne pas être vu pour ce nous sommes vraiment. ( dans mon cas un peu zébré aussi ) NOUS SOMMES TOUS SI BEAU.=cri du coeur.
J’avais écrit un texte, voilà quelques années, ….( j’ai 52 ans )
A cette époque j’avais « accepté » mon « handicape » et me laissait un peu plus aller spontanément à écrire de petits mots personnels. Et je donne le papier à ma collègue, qui relève aussitôt les fautes d’orthographe ( en bonne institutrice automatisée ) et elle est complètement passée à côté du FOND de ce message, qui lui était pourtant destiné. Je suis désolée pour elle.
Nous rêvons que nos enfants zébrés ne souffre pas , au moins pas autant que nous de l’incompréhension, alors descendons d’un étage. Passons de la tête au coeur et puis lorsque de là, nous remonterons dans notre fabuleuse « super » tête, nous l’utiliserons peut-être autrement.
Je ne sais pas pour la personne qui est encore dans des visions étroites de l’enfant lecteur avant l’heure.Je ne sais pas si elle a ce même problème de dyslexie, mais de toute façon évitons toutes DISCRIMINATION on aura déjà fait un grand pas
Heureuse d’avoir découvert votre site et merci pour vos partages.
Cela montre en effet que la différence est encore difficile à accepter (et que dire quand une personne est EIP et dys!!)
Bien sûr que la dyslexie/dysorthographie n’empêche pas d’être un bon enseignant, peut-être même, une fois franchi les obstacles nombreux des tests/exams/concours, que c’est parce que vous êtes dys (et zébrée) que vous pouvez être une bonne instit, partant ainsi du postulat que différence ne veut pas dire « moins » mais différent justement!!
Quelle chance pour ces enfants/élèves et parents…
Ce genre de parole est terriblement culpabilisante et est malheureusement plus courante qu’on ne le croit.
J’en ai fait les frais et mon Z aussi. Je suis orthophoniste et quand je me suis aperçue que mon fils de 4 ans (MSM) savait déchiffrer, la première chose à laquelle j’ai pensé c’est que si les instits s’en apercevaient, à tous les coups, j’allais passer pour la mère qui pousse son enfant… Résultats ; j’ai « nié » la chose, limitant au maximum les dégâts (enfin pensais-je à l’époque), ce qui n’a pas empêché mon fils d’apprendre à lire tout seul dans son coin… (il aura fallu qu’il se mette à bouder puis mettre le bazar en CP pour accepter des tests!)
Pour dire que ces idées reçues sont vraiment nocives…
Heureusement, j’ai également rencontré quelques enseignants pour qui cela ne posent pas de souci : que l’enfant soit déficient, EIP ou dys, ils le prennent tel qu’il est et là où il en est (et peu importe que l’enfant soit plus âgé ou plus jeune que les autres de la classe). Que c’est reposant d’avoir à faire à de tels enseignants!!
Encore merci pour votre blog!
« Ce genre de parole est terriblement culpabilisante et est malheureusement plus courante qu’on ne le croit. »
Je le pense aussi
Merci à vous de me lire
Marrant! Quand ma fille est entrée au CP, on a découvert qu’elle savait lire. Nous ne nous en étions pas rendu compte… Quand je lui ai demandé comment elle avait appris, elle m’a dit qu’elle ne savait pas. Elle pensait qu’apprendre à lire faisait partie du fait de grandir. Comme apprendre à marcher, à aller sur le pot, etc.
Mais son instit m’a dit texto « vous nous avez mis dans un beau merdier! ». Merci madame! « Pas possible d’envisager un saut de classe en CE1 car elle est immature, elle ne connait pas son numéro de téléphone. » Bon. Alors savoir lire c’est interdit mais connaitre son numéro de téléphone, c’est obligatoire.
… effectivement ! (d’autant que je doute fort que les enfants étant en CE1 sans avoir jamais sauté ou glissé une classe sachent tous leur n° de tél. Mais bon… !)
Bonjour,
Cela me rappelle quelque chose… Ma fille avait appris à lire seule à 5 ans, et s’en servait avec beaucoup de plaisir. Mais en début de CP, sa maîtresse parvint à le lui faire désapprendre, en la forçant à « réapprendre » suivant la méthode qu’elle pratiquait dans sa classe (qui comportait une bonne dose de méthode globale).
Heureusement, assez tôt dans l’année lors d’une réunion des parents, cette maîtresse nous informa un peu de ses façons de faire, me permettant de comprendre pourquoi ma fille régressait.
Heureusement encore, en remettant ma fille sur la voie du déchiffrage (en lui demandant de faire petit à petit l’effort de lire la première phrase de l’histoire du soir, après quoi je lui lisais la suite), elle parvint à retrouver sa confiance et sa capacité de lire en quelques semaines.
Je me souviens aussi que la maîtresse n’avait pas vraiment apprécié que je décide de corriger ainsi à la maison les dégâts de l’école, prétendant que ce serait déstabilisant pour l’enfant, qui serait perdue entre ces deux façons de faire (pas prête à admettre que c’était elle-même qui l’avait égarée en l’obligeant à réapprendre – et autrement – ce qu’elle savait déjà…).