Enfants surdoués : comment les détecter & les aider ? (Europe 1, janvier 2017)

Comme je vous l'annonçais dans ce billet, ce matin Jeanne Siaud-Facchin était l'invité d'Héléna Morna sur Europe 1 :)

 

La première partie de l'émission "Allô Europe 1" était consacrée aux "Enfants surdoués : comment les détecter & les aider ?", avec en introduction le témoignage de la jeune Tiana, auteure de "Je suis un zèbre", paru en 2015 aux éditions Payot :)

 

Vous pourrez retrouver mon avis de lecture dans ce billet.

 


Cliquez sur la couverture pour ouvrir
les détails de "Je suis un zèbre" de Tiana

 

 

Puis l'émission a commencé avec les questions des auditeurs ; & là, en toute franchise, on a vu mieux :!:

 

Beaucoup (mais vraiment BEAUCOUP !!!) d'approximations. Sophie de Tarlé, rédactrice en chef Létudiant.fr était également autour de la table avec Jeanne Siaud-Facchin, & je regrette qu'elle ait souvent pris la parole à la place de la spécialiste. Si cette dernière avait pu répondre, cela aurait évité d'entendre certaines choses peu convaincantes :-|

 

Sur la notion d'hérédité par exemple (se reporter à ce billet, dans lequel j'en parlais récemment)... sur les sauts de classes....... ou encore sur la multiplication des enseignants au collège qui serait un avantage pour les enfants ayant un profil cognitif hétérogène (ahem... 8-O ) :down:

 

D'autres imprécisions dans l'émission, comme "Charles Terrassier qui est psychiatre" (c'est Jean-Charles Terrassier, & il est psychologue ! Ce qui n'a rien à voir... Il est même le pionnier de l'intérêt porté en France aux surdoués, créateur de l'ANPEIP, du concept de dyssynchronies, etc.) :-?

 

Ou encore le "70% d'enfants surdoués sont en échec" asséné par la présentatrice :(

 

En réalité, il n'y a aucun chiffre sérieux de ce genre comme je le souligne dans mon livre « Les Tribulations d’un petit zèbre – Épisodes de la vie d’une famille à haut potentiel intellectuel ».
Certains ont fait de cette affirmation ("1/3 d'EIP en réussite, 1/3 sous-performants, 1/3 en échec scolaire") leur cheval de bataille, dans une hystérie qui frise le ridicule (& qui de toute évidence ne donne aucun résultat LOL Preuve en est : les journalistes reprennent éternellement ces "données").

 

Les Tribulations d'un Petit Zèbre, le livre du blog !

 

On ne sait pas exactement combien, parmi les élèves (T)HPI (dont une bonne partie n'est d'ailleurs pas identifiée !), sont véritablement en échec. La notion même d'échec scolaire étant très fluctuante, aux frontières pas toujours clairement délimitées, & débordant de fait par rapport à la définition originelle.

 

Personnellement, je vous dirais que je me fous complètement de ces histoires de chiffres. Parce que les enfants n'en sont pas ! Il y a des EIP en souffrance à l'école, on le sait. Et c'est finalement la seule chose qui vaille : considérer TOUS LES VISAGES de la douance.
Un enfant (T)HPI peut avoir été un élève brillant, puis passer dans la case "sous-performant" ou "en échec" pour X raisons (pas nécessairement liées au surdouement du reste :up: )

 

Ce qui m'importe à moi, c'est la réalité des enfants & des familles. Et certaines familles ont effectivement un enfant à haut ou très haut potentiel fâché avec l'école. Est-ce si important de savoir s'il sont 10% dans ce cas ? 30% ? 50% ?
À quel âge & en quelle classe décèle-t-on ces difficultés ? Elles n'ont pas le même sens ni la même portée en CE1 qu'en Terminale..
Encore une fois : chaque cas est un cas d'espèce. Mais une chose est sûre : ces enfants en difficultés existent.

 

Qu'ils aient ou non une ou des années d'avance, qu'ils aient ou non un profil homogène, qu'ils présentent ou non des comorbidités (troubles Dys, TDA/H), ces enfants-là n'ont pas à être niés ou méprisés au nom de statistiques foireuses reprises par des journalistes peu regardants...

 

Il est tout aussi ridicule de s'évertuer à vouloir présenter la douance comme une caractéristique qui ne nécessiterait aucun aménagement, que comme une caractéristique qui condamne au malheur.

 

Bref, une émission plutôt médiocre à mon sens qui aurait eu tout intérêt à laisser la parole à la psychologue invitée :oops:

 

La page de l'émission présente le sujet de cette façon :

 

Cela peut paraître contradictoire mais les enfants surdoués ne réussissent pas forcément mieux, voire rejettent parfois l'école. Europe 1 dessine quelques pistes pour les aider.

2 à 3% de la population entre dans la case "surdoués", une caractéristique en partie héréditaire. On estime à 900.000 le nombre d'enfants surdoués en France, soit un à deux par classe. On pourrait penser qu'ils surfent sur la réussite mais d'autres chiffres attestent du contraire : 70% des élèves surdoués sont en échec scolaire. Un sur trois n'aura pas son bac. Pour expliquer ce gâchis et avancer des pistes pour les aider, Sophie de Tarlé, rédactrice en chef de letudiant.fr et Jeanne Siaud-Facchin, psychologue et auteure étaient les invités d'Allô Europe 1.

Une différence qui peut conduire à l'isolement et à la phobie scolaire. Les enfants surdoués peuvent se sentir différents et être rejetés, isolés. Ils développent parfois une sorte de "masque" éloigné de leur véritable personnalité pour paraître semblables aux autres enfants de leur entourage. "Une différence qui se fait vraiment sentir à l'adolescence et qui devient une source de souffrance et de phobie scolaire", témoigne Tania, "diagnostiquée" schizophrène avant d'être considérée comme surdouée. La jeune femme a d'ailleurs écrit l'ouvrage Je suis un zèbre pour raconter son parcours. "La première chose à faire, c'est en parler", conseille la jeune femme, qui est allée jusqu'à se sentir coupable d'être différente. "Les parents ne doivent pas dénigrer le problème et dire que c'est juste des problèmes d'adolescents."

Des signes. "Ce qui est très important, c'est d'être dans la prévention, souligne Jeanne Siaud-Facchin, pour accompagner un enfant qui a énormément d'atouts. Pour ce qui est des signes, on peut trouver chez ces enfants des regards très scrutateurs, qui posent beaucoup de questions notamment sur les limites, la vie, la mort, avant les autres. Souvent, ce sont des enfants qui parlent assez vite et sans langage bébé. Ils ont besoin de précision et de maîtriser."

Quelles solutions ? Pour scolariser au mieux ces enfants "les académies ont mis en place des référents précocité. Dans le public, on peut appeler son académie et demander s'il y a un collège avec une classe pour ces enfants précoces", indique Sophie de Tarlé. "Dans l'enseignement privé sous contrat, il y a aussi des classes spécifiques dans certains collèges. Les parents peuvent se renseigner notamment auprès de l'Apel, l'association de parents d'élèves de l'enseignement libre. Enfin, les écoles privées hors contrat proposent des classes pour enfants précoces". C'est notamment le cas du cours Michelet à Nice. Autre piste : il est possible de se tourner vers des centres spécialisés, comme les centres Zebra alternative, qui sont "pour les enfants en souffrance", précise Jeanne Siaud-Facchin. Avant d'en arriver là, la psychologue préconise de se rapprocher de son école de quartier et de dialoguer avec les enseignants, de plus en plus sensibilisés.

Attention aussi aux sauts de classes : "On ne se développe pas forcément à la même vitesse" dans toutes les matières, alerte Sophie de Tarlé. "Ce n'est pas évident d'être à 12 ans en première. J'ai vu beaucoup d'élèves qui une fois le bac passé, se cherchaient, faisaient plusieurs premières années sans forcément faire de brillantes études parce qu'ils n'avaient pas de dossier béton pour entrer dans les meilleurs classes prépa." La bonne solution pourrait être de chercher une école qui propose des cours le matin et une activité sport ou musique l'après-midi "pour enrichir la scolarité".

 

 

Voici le replay (de 47 minutes) :

 

 

:idea: Jeanne Siaud-Facchin est auteure de :

 

- "Trop intelligent pour être heureux ? L'adulte surdoué"
- "L'Enfant surdoué. L'aider à grandir, l'aider à réussir"

 

     
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- "Mais qu'est-ce qui l'empêche de réussir ?" (ma critique)
- "Tout est là, juste là" (ma critique)

 

     
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- "Forcer le destin" (ma critique est à retrouver par là)

 

 


Cliquez pour ouvrir les détails
du livre "Forcer le destin"

 

 

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4 commentaires à “Enfants surdoués : comment les détecter & les aider ? (Europe 1, janvier 2017)”

  1. Valérie dit :

    Émission effectivement bien fade, avis de la spécialiste régulièrement tronqués. Témoignages des familles très intéressants et représentatifs à mon sens mais suivis de commentaires de la journaliste totalement hors sujet. Bref, décevant une fois de plus. Ceci était une belle démonstration de ce qui peut se passer notamment à l’école … De beaux discours un semblant d’intérêt mais une incapacité à comprendre la façon de penser et d’être de nos enfants et donc de proposer des aides. Une maman un peu désabusée.

  2. Entièrement d’accord : vraiment très imprécis à part les témoignages bien sûr, et une animation décevante qui donne peu la parole à JSF. Du coup, ce doit être frustrant de venir à une telle émission et ne pas pouvoir dire grand chose…
    Pour des données plus précises, on peut voir Nicolas Gauvrit https://www.youtube.com/watch?v=Rqkm8J4FWdk
    Pour soutenir la recherche scientifique en éducation sur la douance, on peut voir http;//alfred.education

  3. Fabourg dit :

    Pour ma part, je suis étonnée que la présentatrice se soit complètement embrouillée avec les chiffres: 70% en échec scolaire, 1 enfant sur deux surdoué… elle n’a pas pu préparer l’émission ou bien c’était volontaire? Je rêve d’une émission « questions de parents des zèbres / réponses de ministère de l’Education Nat et de responsables de l’enseignement privé /commentaires spécialistes des surdoués/ comparaison avec la prise en charge des enfants HP en Suisse, Israël, GB, USA, Russie. Merci de m’indiquer le lien si ce genre d’émission existe ?

  4. Fab dit :

    Père d’un enfant détecté HPI en CP (actuellement 21 ans), je me pose beaucoup de questions sur ma scolarité et celle de mon second fils (12 ans).

    Zèbre, ça nous va bien, obligés de se cacher pour ne pas se faire démonter à l’école, au collège et plus tard dans la vie active particulièrement quand on ne dépasse-pas 1m60. Nous sommes des cibles faciles.

    Porter un masque c’est bien plus que ça, c’est s’habiller en fonction de la situation, c’est porter un déguisement intégral. Loden bleu marine, costume-cravate, chaussures et retrouver sa vraie personnalité en rentrant en portant jean, santiags et blouson en cuir ;)
    N’oublions-pas de changer de comportement, de langage et de savoir être. C’est pire que le caméléon.

    Ma scolarité a été complexe. Souvent 1er jusqu’en 6ème, j’ai totalement décroché en 5ème jusqu’au Deug de sciences éco.

    à 25 ans j’ai quitté la fac pour passer un BTS en 1 an par le GRETA (formation continue) puis à 35 ans pour un diplôme reconnu de chef de projet informatique par le CESI.

    J’ai obtenu la meilleure mention jamais attribuée pour ce diplôme, sans le faire exprès. J’ai eu un stage avec une équipe projet de 50 personnes à diriger, instaurer un plan assurance qualité logiciel, tapé 400 pages de manuels et synthétiser la méthode MERISE pour la rendre accessible. J’ai même pu faire changer le nom du diplôme en enlevant le terme « junior ».

    Le DG du CESI est venu de Gyf sur Yvette pour assister à 2 soutenances dont 1 dans notre groupe avec un jury de tueurs (responsables informatiques de grosses structures, PDG de SSII, etc.). Il n’y avait qu’un un seul arriviste qui espérait que ce soit pour lui. Mon mémoire était bien construit, un peu épais mais avec des résumés pour une lecture rapide.

    Jamais je n’avais imaginé que ce jury serait pour moi mais je ne me suis pas laissé impressionner. J’avais déjà mis mon lycée en grève plusieurs fois en commençant dès 15 ans (discours convainquant devant 800 élèves sans préparation).

    Bref, vidéoprojecteur, Powerpoint, livret de la projection pour chaque personne et même les diapos sur transparents en cas de pépin technique.

    En ajoutant des exemplaires de ce que j’avais écrit sur le projet et la simplification de la méthode d’analyse MERISE (remettre en cause la méthode qui fait loi, c’est du jamais vu).
    Il faut avoir de très bonnes raisons pour oser le faire, être capable d’en expliquer la nécessité et les points modifiés. C’est ressenti comme un crime de lèse majesté dans la profession où la plupart arrivent péniblement à la comprendre ou même à l’utiliser.

    Les retours ont été très positifs et j’ai même entendu un PGD de SSII dire que ses chefs de projet n’en faisaient pas autant (dans le bon sens).

    La question que je me pose, c’est comment j’ai pu être ultra nul du collège à la fac et déchirer en formation continue. J’ai toujours eu un emploi après chaque stage, c’était le but.

    Il y avait la moitié de stagiaires en FONGECIF (payés par leur boite) et l’autre de chômeurs en formation (payés par l’ANPE). J’ai réussi à mettre une claque à ces jeunes arrivistes tout en tirant le doyen à bout de bras pour qu’il réussisse aussi. J’ai distribué des stages à ceux qui n’en n’avaient-pas trouvés, j’étais devenu le leader naturel de notre groupe et un peu de la promo. Au début, chaque groupe de 3 ou 4 devait élire leur leader. Je n’ai pas proposé ma candidature, c’est arrivé après une journée mémorable.

    Tout ça avec une vertèbre cassée…

    Aujourd’hui je fais ce que j’ai toujours voulu faire : photographe. Il faut dire que j’ai été élevé par mes grands-parents car je ne supportais-pas l’air parisien. J’ai appris la photo vers 5 ans, la pêche à la mouche, fabriquer mes jouets en bois et la pâtisserie.

    Arrivé en CP, je ne savais ni lire ni écrire mais tellement de belles autres choses ;)

    Est-ce que ça vaut le coup de passer un test ?

    La décision prise pour mon fils de 12 ans est d’attendre tant que ça ne pose-pas de problèmes. Je pense qu’on ne va pas attendre longtemps.

    Je vis très mal dès que je pose mon appareil, je déprime, je ne dors pas mais je ne connais-pas l’ennui :)

    Je donne des cours de photo bénévolement (vocabulaire adapté et pédagogie) et de cuisine indienne (j’ai appris sur le terrain). J’ai été formateur professionnel tout public (du débutant à l’administrateur de réseaux). J’ai mis le stage administrateur réseaux en place en 3 mois de travail acharné.

    Je pense être mûr pour passer le test si ça me permet d’améliorer ma condition de vie.
    La question c’est chez qui et où à Lyon ?

    Fab



:) :-D 8) :oops: :( :-o LOL :-| :-x :-P :-? :roll: :smile: more »

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