Comment est construit un test de QI ?

Comment est construit un test de QI ? Sur un groupe FaceBook, quelqu'un a posé des questions sur les tests en m'interpellant, moi & d'autres membres :round:

 

J'ai répondu & je me suis surtout rendue compte, vu le nombre de messages privés que je recevais, que ce sujet semble vraiment être mystérieux pour beaucoup :)

 

Voici donc une série de questions-réponses qui sans doute pourront éclairer les lecteurs qui se posent les mêmes questions :

 

 

Comment calcule-t-on le QI moyen d'un population ?

 

On ne "calcule" pas le QI moyen, on constate une répartition (sous forme de courbe de Gauss, ou courbe en cloche) qui se retrouve dans chaque étalonnage de test :!:

 

La distribution dite normale de l'intelligence se fait toujours ainsi. J'indique ici l'échelle de Wechsler, l'échelle de Cattell & le rang centile :

 


© Création originale d'Alexandra Reynaud pour Les Tribulations d'un Petit Zèbre. Reproduction sans autorisation écrite strictement interdite

 

 

J'ai l'impression qu'il y a de plus en plus de monde (enfants ou adultes) surdoués, n'y a-t-il pas là une mode ? Et y a-t-il réellement plus de personnes (T)HQI ?

 

Non, il n'y a pas plus de personnes HP aujourd'hui qu'il y a 10, 20 ou ou 30 ans. Si les demandes de bilans sont plus nbreuses, les "cas" n'ont pas explosé (on parle toujours de 2,2% de la population d'une classe d'âge pour un QI ≥ 130).
Par contre les médias en parlent eux beaucoup plus depuis le début des années 2000, pas toujours de manière correcte d'ailleurs. Ce qui peut donner le sentiment d'avoir un ras de marrée d'enfants intellectuellement précoces ou d'adultes se découvrant IP. Ce n'est là qu'une impression, puisque la réalité de la répartition ne change pas, elle.

 

J'ajouterai qu'il y a aussi chez certains (parents, notamment) une envie de voir son enfant être "précoce"... ce qui les pousse à le dire haut & fort un peu partout, tout en refusant soigneusement un bilan au prétexte que le mari n'est pas d'accord, ou que les tests ne sont pas fiables, etc.
Attention !!! Seul un bilan psychologique (test psychométrique + bilan de personnalité), réalisé par un psy connaisseur & expérimenté pourra valider de manière officielle la piste du surdouement :-|

 

Affirmer que son enfant est (T)HQI n'en fait pas un enfant (T)HQI... or à ce niveau là, si ! il y a ce que l'on pourrait qualifier de petite "mode" chez certains parents :-x
Mettre en avant la douance de son enfant, sans toutefois aller au bout d'une démarche diagnostic qui viendrait (ceux qui le font le savent très probablement, ou en tous cas le redoutent suffisamment pour ne pas vouloir s'y confronter) mettre à mal leurs déclarations empruntes de fierté ne doit pas être confondu avec ceux dont l'enfant est EIP avéré (= bilanté !!!).
Ces derniers ont du reste, en général, une attitude des plus discrètes voire pour certains, rasent les murs. Ce qui est en parfait décalage avec la vantardise qui caractérise souvent les parents qui rêveraient d'avoir un petit EIP à la maison, preuve ultime de leur idéalisation & mauvaise compréhension de la question :-?

 

D'autre part, certains enfants (ou adultes) n'ont pas forcément un profil qui se repère au premier coup d’œil (dans le cas d'une inhibition intellectuelle par exemple ou d'une phase dépressive... ). Aussi il faut bien garder à l'esprit que sans bilan, aucune certitude ! Seulement des hypothèses, dans un sens ou dans un autre ;)

 

 

Qui participe à l'étalonnage ?

 

Des 100aines de personnes y participent :up:
Dans le cas du WISC-IV par exemple, 1100 enfants & adolescents ont participé à l'époque à cet étalonnage. C'est à dire qu'ils ont passé le test, dans des conditions identiques, strictes, toujours de manière individuelle (c'est ce que l'on appelle la standardisation du test :-P ) & que leurs résultats ont servis à construire la courbe de distribution qui servira ensuite de référence dans le manuel d'utilisation auquel se réfèrent tous les psychologues.

 

Ceci dit, les extrêmes (dans le très haut comme le trèss bas) sont peu représentés (puisque rares !) & donc, l’étalonnage moins fiable. Pour vous donner une idée : à partir de 150 de QI total, cela ne représente statistiquement qu'un peu plus d'une personne sur 5000 dans une classe d'âge :oops:

 

 

 

Mais si on sait qu'aujourd'hui plus de gens demandent à passer des tests & sont détectés, comment savoir s'il y a 30 ans des gens n'étant pas testés pouvaient être HP malgré tout & (ce qui viendrait fausser la courbe) ?

 

Grâce à l'étalonnage, précisément :-D
Il permet une construction statistique de la répartition du QI, qui s'avère être extrêmement stable dans le temps. Il existe ce que l'on nomme l'effet Flynn (du nom du néo-zélandais James Flynn).
C'est un phénomène connu dans le domaine de la psychométrie depuis 1984 & selon lequel les scores obtenus aux tests d'évaluation de l'intelligence augmentent au fil du temps sur une population donnée, depuis au moins 3 générations.
Ce constat a été basé sur 78 études, menées de 1932 à 1978 :up:

 

Un test de QI est généralement normé sur base d'un groupe de personnes d'essai représentatif sur laquelle on définit la moyenne de 100. Sans ce ré-étalonnage fréquent (grosso modo tous les 10 ans), cela mènerait à une augmentation de la moyenne mesurée du QI de 3 points par décennie !
C'est pourquoi l'étalonnage & le ré-étalonnage (quand les versions des tests changent, pour passer du trucmachin-III au trucmachin-IV par exemple) sont indispensables : ils garantissent une lecture fiable & représentative des résultats :)

 

Les Tribulations d'un Petit Zèbre, le livre du blog !

 

Comment cela fonctionne-t-il ?

 

L'étalonnage va tout simplement permettre au score d'être interprétable, car un chiffre de QI total est un chiffre relatif. Dans l'absolu, il ne veut rien dire :roll:
Il trouve sa signification en le mettant en parallèle avec la courbe de Gauss (la distribution normale, qui précise où se situe la norme établie).

 

Voici une explication détaillée de la procédure d'étalonnage :

 

C'est le psychologue différentialiste qui impose cette procédure, lorsqu'il construit le test : les utilisateurs se serviront par la suite des résultats. L'étalonnage permet d'obtenir des notes standards (des notes obtenues par beaucoup de sujets) que l'on ordonne & classe. Grâce à ce processus, on obtient un tableau de correspondance, entre la note au test & la dimension psychologique observée.
Ainsi, le test passé ensuite par un sujet donne une note que l'on pourra comparer au groupe de référence. L'individu sera donc classé (on saura combien de sujets ont un score inférieur au sien, & inversement).

 

Par exemple, si on établit un test avec 40 items (0 ou 1 point chacun) : le score brut à une amplitude de 0 à 40. Comment interpréter une note de 32 ? Comment étalonnera-t-on le test ?

 

1. Phase d'échantillonnage : l'expérimentateur fait passer le test à un échantillon représentatif de la population. Pour établir un échantillon représentatif, plusieurs méthodes peuvent être prise, en voici les deux exemples les plus courants :

 

- Méthode des quotas : on part du principe que plus le nombre de sujet est grand, plus l'étalonnage sera représentatif. On se donne une liste de critères qui définissent la population, puis on cherche la proportion de chaque critère dans la population globale. On reproduit alors ces proportions dans l'échantillon, qui devient alors représentatif. Le problème principal est que cet échantillon est représentatif seulement pour les critères choisis. Or on peut avoir manqué des critères importants qui interfèrent avec les résultats du test (variable non contrôlée).

 

- Méthode de l'échantillonnage aléatoire. Elle part du principe qu'en prenant au hasard suffisamment de personnes dans la population, on va en reproduire les proportions à petite échelle. L'échantillonnage aléatoire se base sur les loi de probabilité & de statistique générale permettant de définir un seuil d'échantillon au delà duquel il est raisonnable (avec un intervalle d'erreur possible) de penser qu'on a assez de personnes pour représenter la population globale (ou la population du groupe concerné)
On préfère généralement la méthode des quotas, surtout si la base théorique du test est puissante & que l'on est à peu près sûr de connaître les variables personnelles importantes susceptible d'influer sur les résultats. Pour les populations-cibles, par exemple, pour les tests-enfants, on va constituer plusieurs échantillons (4 ans, 5ans, 6 ans,…).

 

2. Passation du test : on constitue une distribution de référence (histogramme) donnant les résultats aux tests & sub-tests (ou aux items), représentant la collecte de résultats de l'échantillon représentatif.

 

3. Construction de l'étalonnage : on va découper la distribution en plusieurs "classes" (par exemple, 5 catégories) selon des critères adéquats.
Les scores bruts obtenus dans une même classe sont considérés comme équivalents (il y a alors perte de finesse discriminatoire, mais on pourra connaître les proportions de chaque classe). On va faire correspondre les scores bruts à des n° de classe, & l'on va définir les proportions & les limites de ces classes.

 

Quantilage & étalonnage en échelles normalisées

 

La principale caractéristique des quantilages est la proportion identique de sujets dans chaque classe. Il s'agit de définir la taille d'intervalles des scores pour lesquels le même nombre de personnes a un score dans cet intervalle que dans les autres. Il existe plusieurs type de quantilages selon le nombre de classes choisi.

 

- Quartilage : 4 classes (= 4 interquartiles) de 25% des effectifs totaux. On définit 3 quartiles (limites)
- Quintilage : 5 interquintiles de 20% des effectifs & 4 quintiles
- Décilage : 10 interdéciles de 10%
- Centilage : 100 intercentiles & 99 centiles

 

Caractéristiques d'un quantilage : l'étendue des intervalles est variable, les scores extrêmes sont regroupés dans des intervalles étendus : la plus grande finesse s'obtient dans les classes moyennes. Il y a donc peu de discrimination pour les scores extrêmes, mais une discrimination correcte pour la majorité des personnes qui vont passer le test (individus moyens).

 

On préfère souvent, à ce niveau, les échelles normalisées.

 

Il s'agit cette fois de définir le nombre de personnes ayant leur résultats dans des intervalles de score de taille identique. Les résultats représentent (si le test a bien été construit!) une distribution de Gauss (courbe dite "en cloche"), avec une majorité de personnes ayant des scores autour de la moyenne, & quelques extrêmes de part & d'autres.

 

On va normaliser (ramener à des pourcentages ou un coefficient compris entre 0 & 1 - c'est à peu près la même chose) cette distribution afin de lui donner l'allure de la proportion. On aura un nombre de classes impair (5, 7, 9, 11, …selon la finesse désirée), la classe centrale comprendra toujours la moyenne, il y aura une symétrie de part & d'autre.

 

Par exemple, s'il y a 5 classes, la 1ère comprendra 6,7% des sujets, la 2ème 24.2% & la 3ème 38.2%. La 4ème comprendra à nouveau 24,2% & la dernière, 6,7%. Si la finesse est plus grande pour les extrêmes, on obtient néanmoins de très faibles discriminations pour les classes moyennes. Ce type d'étalonnage est utile lorsque l'on veut déceler les extrêmes & leur niveau, par exemple, dans des tests de QI, pour lesquels il importe peu de discriminer les scores moyens, mais au contraire, il importe de discriminer les scores faibles, très faibles, fort, très forts.

 

Les étalonnages vont permettre des comparaisons intertâches pour un sujet, on pourra réaliser un profil individuel en mettant tous les tests sur un même niveau d'interprétation.

 

Par exemple, un sujet a des scores brut de 32 sur 160 à un test verbal & 20 sur 80 à un test spatial. Au vu de l'étalonnage, il obtient respectivement les notes de 2/20 & 4/20 : il est donc meilleur au test spatial. Ces conclusions, ici, sont relativement visibles dès le départ, mais il arrive que les résultats à des tests différents ne soient pas aussi facilement comparable - d'où le recours à une normalisation.

 

 

 

:arrow: pour celles & ceux qui voudraient creuser le sujet, il y a sur cette page des références de livres plus poussés que ceux de vulgarisation sur la question :roll:

 

 


 

 

:idea: retrouvez les billets du blogs sur le Wisc & le Wais :

 

- "Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le Wisc-V" (test psychométrique pour enfants en âge scolaire, sorti en octobre 2016)

 

- "Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le Wisc-IV" (test psychométrique pour enfants en âge scolaire, dans son ancienne édition)

 

- "Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le Wais" (test psychométrique pour grands ados & adultes)

 

 

 

 


🎄 LE TRADITIONNEL BILLET "sélection de NOËL" est en ligne ! 🎁🎉

 

 

 

 

:idea: Et pour aller au-delà du blog, je suis l'auteure de trois ouvrages parus aux éditions Eyrolles :

 

- "Les Tribulations d'un petit zèbre. Épisodes de vie d'une famille à haut potentiel intellectuel" paru en juillet 2016, préfacé par Arielle Adda & le Dr Gabriel Wahl :-D

 

Les Tribulations d'un Petit Zèbre, le livre du blog !

 

 

- "Asperger & fière de l'être. Voyage au cœur d'un autisme pas comme les autres". Un regard unique en France sur le combo syndrome d'Asperger / haut potentiel intellectuel, paru en 2017 ; préfacé par le Dr Laurie-Anne Sapey-Triomphe & postfacé par le Pr Laurent Mottron ❤

 

- "L'Enfant atypique. Hyperactif, haut potentiel, Dys, Asperger… faire de sa différence une force", un livre-outil paru en 2018 dans la collection très particulière (& en quadrichromie ;) ) "Parents au top" :smile:

 

          
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17 commentaires à “Comment est construit un test de QI ?”

  1. enfantterrible dit :

    Merci beaucoup pour votre article ! Il y a quand même quelques questions que je me pose face au test de QI : Quelle est la part de l’acquis dans ce test ? Mon fils et moi même nous avons eu de très bonnes performances dans le domaine de la compréhension verbale. J’ai toujours parlé à ma progéniture de façon complexe quitte à réexpliquer de façon simple, et ayant assisté à son test je n’ai absolument pas été surprise de son vocabulaire. On sait maintenant que les enfants provenant de familles éloignées d’un univers riche culturellement peuvent réussir aux tests mais de façon moins efficiente. C’est pour cela que le bilan est global et ne limite pas seulement au seul QI. Sans compter l’aspect performatif qui booste ou au contraire restreint. Bref le test ne « mesure » pas l’intelligence il me semble, et j’aime l’idée que l’intelligence est bien plus complexe, échappe aux théorisations Je ne peux me résoudre à penser qu’elle se résume à des performances organiques, :roll:

    • Sany Meï dit :

      bonjour,
      le verbal reste le plus corrélé a l’environnement bien sur..mais un bon psy saura voir das le performance, cad le « non acquis » et la reflexion « facteur g », (logique, efficience intelectuelle « fluide », ) la douance réelle…on constate souvent des profils de type qiv >qip, parfois cela est plutot revelateur d’un bon niveau culturel et environnement «  »aidant »..mais pas de douance necessairement (sauf en cas de dys ou trouble visuel ayant sous performé le perf)
      perso je trouve assez dommage de mettre l’appellation « surdoué » a es enfants avec ce profil, et pourtant les psys pas très informés/formés a sujet n’hesitent pas a le faire.(des enfants avec qiv tout juste 130, et autres indices plus normaux..) je doute.
      par contre un enfant ou adulte avec perf elevé sera de toute façon surdoué, peu importe le verbal (hors cas particuliers, inhibition, etc)..en totu cas reste que l’analyse du professionnel prime..et il vaut mieux aller voir un très bon .
      (tout cela est un avis personnel bien sur basé sur mes observations de longues date )
      bonne journée. :)

      • enfantterrible dit :

        Merci pour votre réponse. Je suis plutôt d’accord avec votre analyse. En ce qui concerne mon petit garçon il a des résultats si hétérogènes que je ne peux omettre la part de l’environnement… 150 en QIV et ça « tombe » à 130 en QIP. En même temps la demande d’abstraction que requièrent les performances verbales ne peuvent être in-dissociées il me semble des performances intellectuelles en générale (l’analogie par exemple). De toute façon on parle bien ici de qualité et non de quantité, et d’un tableau clinique rigoureux. Je me pose également la question de la vitesse de traitement qui me parait bien mécanique.

        • A. Zebrounet dit :

          Cette conférence audio d’Arielle Adda vous éclairera sans doute sur l’IVT -> https://les-tribulations-dun-petit-zebre.com/2013/06/27/conference-arielle-adda-au-chuv-de-lausanne-sur-invitation-de-lasep-juin-2013/ ;)

          • enfantterrible dit :

            Merci beaucoup pour le lien ! C’est juste limpide. C’est donc tout simplement « normal » d’avoir l’échelle verbale bien au dessus de la performance. C’est également ce que m’avait dit M.Terrassier mais je ne sais pas pourquoi il faut toujours que je remette tout en question… Très bonne journée à vous.

  2. slqc dit :

    bonjour
    vous parlez de test QI+tests personnalité
    les tests de personnalités sont ils vraiment nécessaires? ou simplement quand il y a un QI hétérogène?

    • A. Zebrounet dit :

      Non ils st nécessaires ! Ils ft partie, au même titre que le test de QI, du bilan psychologique :up:
      Car un haut QI est l’un des « symptômes » du surdouement, mais il ne constitue pas le diagnostic à lui seul. Certains enfants en souffrance peuvent par ex. surinvestir l’intellect. pour compenser d’autres problèmes, sans avoir le fonctionnement cognitif d’une personne à haut potentiel intellectuel (voir cette page -> https://les-tribulations-dun-petit-zebre.com/zebre-definition/ ) !

  3. Géraldine dit :

    C’est certainement le meilleur article que j’ai lu sur le sujet. Merci !

  4. Mharc dit :

    Bonsoir
    Sur ce sujet, il y a également une conférence de Jacques Grégoire, en octobre 2012 (avec Mensa) : http://youtu.be/H31bAncQWYw

  5. fontaine dit :

    je voudrais passer le test avec mon fils de 24 ans et je ne sais pas ou aller merci de me donner des adresses déférentes pour ce test nous sommes situés dans le département du 30

  6. Flore dit :

    Bonsoir, je visite votre blog de temps à autre, et j’apprécie la qualité des articles que j’ai pu lire. Je souhaiterai vous faire part de mes interrogations sur la question des test de QI, de « l’intelligence », de la précocité intellectuelle et du retard mental.

    Je conçois qu’il puisse y avoir des individus ayant un fonctionnement cérébral particulier, avec des caractéristiques neurologiques particulières.
    Cependant, je reste perplexe face à l’idée de supériorité/norme/infériorité intellectuelle mesurée par les Test de QI. Je ne dis pas que nous sommes tous égaux intellectuellement, mais je m’interroge sur cette tendance systématique à la hiérarchisation (et cela ne concerne pas uniquement le sujet de l’intelligence) et les biais que cela peut engendrer.
    Lorsqu’il est dit que les surdoués ont une intelligence non pas « quantitativement différente » mais « qualitativement différente » ; sous ce terme plus politiquement correct se cache toujours l’idée d’une forme de supériorité intellectuelle par rapport à la « norme ». Une arborescence de pensée n’est-elle pas corrélée à davantage d’aisance intellectuelle qu’une pensée séquentielle ? Et l’aisance intellectuelle, à un avantage intellectuel ? (même si cela pose par ailleurs des problèmes dans un système scolaire qui privilégie la pensée séquentielle, j’en conviens !)
    J’ai cru comprendre que les psychologues disent pourtant que le QI ne mesure qu’une partie de l’intelligence, et donc ne prétend pas mesurer la dite intelligence. Pourquoi donc cataloguer d’attardés mentaux ceux dont le QI est inférieur à 70 ? Il s’agit bien là d’un jugement de valeur intellectuel. Si le QI ne mesure pas toute l’intelligence, le diagnostic d’un retard mental n’est-il pas biaisé ? Ne trouvez-vous pas que le QI est au coeur d’un discours paradoxal ?

    La plus grosse incohérence reste la mesure (même dite partielle, dans les discours officiels) d’une caractéristique que l’on penne avant-tout à définir. Qu’en pensez-vous ?

    Qu’est-ce que l’intelligence ? Que mesure réellement les test de QI ? Les test de QI ne sont-ils pas fortement emprunts du contexte culturel dans lequel nous vivons ?

    Je m’interroge. Je ne nie pas l’existence des surdoués, je m’interroge juste sur ce qu’est réellement un surdoué, de même que je m’interroge sur ce qu’est réellement un individu diagnostiqué comme ayant un retard mental. Je m’interroge davantage sur les catégorisations qui sont faites, sur ce système de hiérarchisation qui imprègne nos représentations collectives, sur les allants de soi, et sur l’association systématique entre intelligence et QI, ainsi que sa valorisation sociale, dans nos sociétés occidentales.

    J’espère que tu ne trouverez pas mon discours offensant, car il ne l’est pas (mais peut-être que je m’exprime mal, c’est pour ça que je précise). J’apprécie beaucoup votre blog, et je le répète je ne nie pas l’existence d’individus ayant une manière particulière d’être au monde, je me demande juste s’il n’existe pas une forme d’idéologie qui prend naissance sur une réalité (l’existence des surdoués), et qui conditionne nos représentations.

    Si j’ai dit des énormités, ne pas hésiter à m’en faire part :)

    Bonne continuation

    • Joelle dit :

      Bonjour Flore,
      Personnellement parler d’intelligence me ‘gêne’ aussi parce que dans la vie de tous les jours les ‘Zèbres’ (cogiteurs) ne cherchent pas à se vanter et surtout pas à dire j’ai 140 ou 130. C’est juste que je pense que çà fait du bien de pouvoir se dire que c’est çà qui fait qu’on est la plus part du temps en décalage avec pas mal de monde: on cogite sur tout et tout le temps, on envisage tout et le contraire de tout, on n’accepte pas les choses au premier abord, on remet en question ….on intelectualise tout. Par exemple en regardant un match de foot on analyse l’esprit d’équipe, les attitudes comportementales, l’aspect antropologique, la moyenne d’âge , les conditions sportives etc et finalement peut être plus du tout le fait qu’une équipe va gagner ou pas (çà c’est trop simple, juste premier degré). En réunion de travail on analyse les posture des gens, les mots qu’ils emploient et dans quelle intention ….Quand un problème se pose, on tourne autour on cogite on lâche pas on remet en question… et tout ce qu’on peut stocker comme info sur un sujet va ressortir, être utilisé, détricoter …
      Le test de QI est aussi précédé d’un entretien qui donne un aperçu de la façon de penser, des comportements ….
      Il y a des questions liées à l’actualité du pays c’est vrai mais ce qui me chiffonne quand même c’est qu’on dise que la culture dépend du milieu social. Mais tout le monde peut faire la démarche d’aller dans une bibliothèque et avoir accès aux livres à internet et demander de l’aide pour manipuler ces informations, ces supports. Il faut juste être intérieurement attiré par cette envie d’apprendre. Je pense que les Zèbres ne se donnent pas de limite: on peut aimer apprendre à tout âge et partager ces connaissances.
      Il y a des personnes qui félicitent les enfants sportifs mais ce que je trouve dingue c’est que cela semble tellement difficile aux gens de féliciter les enfants qui montrent de l’intérêts pour les maths.
      Est-ce que s’amuser en faisant des maths est tellement incompréhensible ?
      Et là y a t il autant de critique ? Nivellement par le bas, la normalisation, se contenter de ce qu’on sait et pas vouloir améliorer ses connaissances …çà m’attriste vraiment…
      Voilà tout çà est sûrement un peu confu mais çà donne quelques pistes.

      • Flore dit :

        Merci de votre réponse, Joelle, ainsi que de vos éclaircissements sur la question de la « zébritude ».

        Bien sûr, je ne sous-entendais pas que les zèbres eux-même se vantent (je sais bien que la majorité d’entre eux mesure bien trop leur limite pour se penser supérieur), j’évoquais plutôt certains discours qui peuvent être faits sur eux (dont ceux des médias, mais pas que)
        Votre définition me semble bien plus adéquate,en tout cas :)

        Je suis d’accord avec vous, je ne crois pas en un déterminisme social/culturel pur, qui ferait accéder certaines élites à la « culture » et en exclurait définitivement ceux qui n’ont pas baigné dedans.
        Avant d’être des êtres « sociaux », nous sommes des êtres biologiques, avec un cerveau, dont le « câblage » conditionne nos comportements. Quant à la part de l’inné et de l’acquis dans tout ça, vaste débat…

        « Mais tout le monde peut faire la démarche d’aller dans une bibliothèque et avoir accès aux livres à internet » je suis d’accord avec vous, mais je pense qu’il faut relativiser ce propos. Même si des prédispositions génétiques spécifiques (fonctionnement cognitif des « zèbres » (dont l’insatiable curiosité)) peuvent grandement faciliter le rapport aux livres et à la culture, je pense que ce serait une erreur de négliger l’impact (négatif) que peuvent avoir certains environnements sociaux, sur le rapport au savoir. Ce n’est que mon avis. (Concernant la question de l’impact de l’origine sociale sur le rapport à la culture (et à la scolarité), je vous recommande la lecture d’ouvrages du sociologue Pierre Bourdieu (notamment « Les héritiers »))

        « Il y a des personnes qui félicitent les enfants sportifs mais ce que je trouve dingue c’est que cela semble tellement difficile aux gens de féliciter les enfants qui montrent de l’intérêts pour les maths. »
        Oui, sans doute qu’être sportif est plus valorisant socialement qu’aimer les maths, surtout à certains âges (enfance, adolescence). Malheureusement. Cette normalisation, comme vous le dites si bien. Je pense que ce sont la peur, le chamboulement des habitudes qui engendrent certaines réactions. « La norme » agit comme un point de repère pour l’esprit, lorsque des personnes sortent des limites fixées par elle, tout semble être fait pour les ramener vers cette norme. D’où l’idée du nivellement par le bas, concernant les « zèbres ». Triste réalité, que de sanctionner tout ce qui sort des petites cases pré-établies.

  7. sam72 dit :

    Bonsoir et Bonne Année 2016 !

    Je lis votre blog régulièrement et je dois dire que c’est une mine d’informations ! Merci à vous pour toute l’aide que vous nous apportez à nous parents, parfois démunis devant tant d’incompréhension et d’incompétences de certaines personnes. Concernant les tests de QI, ma question était la suivante (je préfère être sûre de mon fait avant d’aller faire un scandale à l’école de mon fils !)

    -Quels sont les indices/subtests pour le WPPSI III pour un enfant de 5 ? Mon fils a été testé par la psy scolaire en 2012 : QI Verbal 130 (Information, Vocabulaire, Raisonnement Verbal) et QI Performance 125 (Cubes, Matrice, Identification de Concepts). En tout donc, 6 subtests et 2 échelles de QI. Ne manque-t-il pas la Vitesse de Traitement ? Ce sous-test était-il « la norme » dans le cadre du WPPSI III pour un enfant de 5 ans en 2012 ?

    J’ai eu un rdv avec une psy privée aujourd’hui pour faire faire le WISC 4 à mon fils car il a de gros soucis d’apprentissages et nous suspectons plusieurs DYS (TDAH et dysgraphie et dysorthographie notamment). Je lui ai montré le test en lui disant que la psy scolaire m’avait dit à l’époque que mon fils était homogène mais elle a eu l’air étonné qu’il n’y ait pas d’indice de Vitesse de Traitement effectué et que du coup, c’est normal qu’on ait pas déceler de TDAH… Imaginez-donc ma colère de savoir que si la psy scolaire n’avait pas omis ce subtest, mon fils n’aurait pas souffert d’un TDAH non détecté pendant 3 ans !!! J’ai regardé un peu partout sur internet et il semblerait qu’en règle générale, il y ait 7 sous-tests principaux (et non 6). Pouvez-vous me confirmer la chose avec certitude parce que je voudrais savoir si elle a oublié/omis ce sous-test ou si certains estiment qu’il n’est pas forcément nécessaire. Dans le cas contraire, je considère que c’est une faute professionnelle !

    merci d’avance pour votre aide.

  8. aurelie dit :

    Bonjour,
    J’ai fait tester ma seconde fille de 11ans sur les conseils de ma belle-soeur (HQI) qui me disait souvent qu’elle avait un raisonnement d’HQI. D’autre par son fils (HQI aussi) et ma fille ont une « connexion » particulière lorsqu’ils sont ensemble. pourtant les tests montrent une intelligence supérieure mais aucune des 4 rubriques sup à 130 et surtout une hétérogénéité (irp128 mais ivt 86). Dois je poursuivre les investigations sachant qu’il ne semble pas qu’elle ait de troubles d’attention, même si nous avons souvent des remarques de bavardages sur son carnet mais une très grande sensibilité (que nous avions mis sur le fait qu’elle est n°2 d’une fraterie de 3)
    Merci de vos conseils

  9. polaris dit :

    Comment interpréter ces résultats :

    QIV (Indice verbal) : 117
    QIP (Indice de raisonnement Perceptif) : 100
    ICV (compréhension verbale) : 112
    IOP (organisation perceptive) : 93
    IMT (Mémoire de travail) : 122
    IVT (Vitesse de traitement) : 108
    QIT : indices trop hétérogènes pour obtenir un QI global (17 points d’écart)

  10. Nephtys dit :

    Bonjour,
    Ma fille a passé les tests WIPPSI IV, et a déjà obtenu un THQI, mais la psychologue qui lui a fait passé les tests nous dit que l’on constate généralement une sous-évaluation du QI d’environ 10 points chez les enfants « HP » testés à cet âge (elle a 4 ans et demi). Est-ce correct ? Quelqu’un a-t-il déjà entendu parler de cela ? Je précise que nous nous sommes adressés à une structure spécialisée dans la détection et l’accompagnement des enfants et adolescents HP (en ce compris la prise en charge des troubles DYS, TDA, … de ces enfants et adolescents). Je présume donc qu’ils connaissent le sujet…



:) :-D 8) :oops: :( :-o LOL :-| :-x :-P :-? :roll: :smile: more »

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