« Surdoué », quand ce mot est totalement décomplexé hors du domaine intellectuel
Il est souvent mal vu de parler de "surdoué"
Le mot gène, vexe, met mal à l'aise
J'en parle longuement dans "Les Tribulations d'un Petit Zèbre. Épisodes de vie d'une famille à haut potentiel intellectuel", il traîne derrière lui trop de choses perçues comme négatives (je suis dis bien perçues, car finalement le mot n'a rien ne choquant en soi ! Il ne l'est que dans l'esprit des gens qui y voient là quelque chose d’élitiste, de clivant, etc.).
On lit même bien souvent qu'attention, aujourd'hui on ne parle surtout plus d'enfants surdoués !
Mais on parlera (& là les termes se bousculent) d'enfants précoces, d'enfants ou d'adultes à haut potentiel intellectuel, d'EIP, d'enfants hors norme, de zèbres, d'Apies, de surefficients, d'HP, d'hyperphrènes, etc.
Comme si le mot surdoué était à bannir de toutes les bouches, à éviter à tous prix
Force est pourtant de constater que nous sommes envahis par ce mot, en réalité. Il est utilisé au quotidien à toutes les sauces
Toutes ? Toutes, sauf celle qui fâche : celle en lien avec des facultés intellectuelles qui différeraient de la norme établie
Le mot ne suscite pourtant pas en toutes circonstances ces réactions d'agressivité, de déni. Et c'est ça qui est le plus surprenant à mes yeux.
"Surdoué" est même un terme extrêmement présent dans les médias. On en use, on en abuse très régulièrement, dans tous les contextes possibles.
Un petit exemple de ce que l'on peut trouver ce matin, en observant les infos qui présentent le fameux mot :
- "Ligue 1 – Marco Verratti le surdoué italien" (SportsCo-IDF)
- "Le surdoué de la fiscalité" (Droit-Inc)
- "Lino : le surdoué réunit le rap français" (Les Inrocks)
- "Stevie Wonder, surdoué au piano" (La Dauphiné)
- "Taxi Brooklyn raconte[...] la collaboration entre un chauffeur de taxi surdoué du volant" (Télérama)
- "Le monde du vélo en deuil. C'était un surdoué, un très beau styliste" (Le télégramme)
- "Émeutes en perspective dans les boutiques H&M. Le géant suédois et le jeune surdoué de la haute couture" (Terra Femina)
- "Ce passionné et collectionneur de montres souligne le parcours brillant qu’a accompli ce « surdoué de l’horlogerie »" (20 Minutes)
- "Dans ce clip imaginé par le surdoué briton de la vidéo" (Musique Première)
- "les Hossegoriens avaient pour concurrents les puntistes de Bidar Yon Belly, un junior surdoué" (Sud Ouest)
MISE à JOUR du 27 avril 2017 : ce matin encore, alors que je repartage ce billet, le mot "surdoué" est partout dans la presse
Il est utilisé dans différents articles sur le candidat à la présidentielle Emmanuel Macron, dans des papiers sur un rappeur, sur une série télé, sur un club de foot, sur un joueur de billard, sur un comédien... & même, sur le dictateur Kim Jong-un
Alors pourquoi cette frilosité, cet embarras quant à une utilisation relative aux facultés cognitives ???
Dès que l'on touche à l'intelligence, cela froisse beaucoup d'esprits qui se sentent aussitôt attaqués, voire très souvent rabaissés.
Mais étrangement, ils ne se sentent pas fragilisés par la différence entre leur capacités dans la norme avec un ballon de foot par exemple, face à quelqu'un qui manie l'objet avec une dextérité hors du commun !?
Non. Dans ce cas précis, ils sont même généralement admiratifs, & ne penseraient pas une seconde à remettre en cause cette facilité (ou cette aptitude supérieure, nommez-la comme bon vous semble...).
Ils l'acceptent, la valident, ne se posent même pas la question de savoir pourquoi la bonne fée du ballon s'est manifestement penchée sur le berceau de ce sportif. Par contre, parlez de surdoué sur le plan intellectuel & vous croulerez sous les remarques acerbes, les idées reçues & les remises en question.
Pourquoi ne dirait-on tout simplement pas "surdoué" pour désigné une personne HP, quand ce mot est largement décomplexé hors du domaine intellectuel ?
Moi cela ne me pose aucun problème, je peux l'employer indifféremment dans une conversation sans ressentir de gêne ou de malaise.
Le mot m'importe peu à vrai dire, ou en tous cas bien moins que le fait de m'assurer de la réelle bonne compréhension de mon interlocuteur quand j'en parle.
Mais finalement je me rends compte que cette abondance de termes visant à remplacer "surdoué" sème la désordre, & en vient à être contre-productive.
Le terme censé faire consensus (celui retenu en France, depuis des années, par l'Éducation Nationale) est "Enfant Intellectuellement Précoce" (en version sigle : EIP) ; alors même qu'il est terriblement trompeur.
Pire encore, lorsque l'on supprime de "intellectuellement" pour ne garder que "précoce" !
Cela donne des situations dramatiquement confuses, où l'on mélange un peu tout, où les gens confondent l'avance d'un enfant (sur quelques points de la vie quotidienne) & le surdouement
Il m'est arrivé de lire des choses comme :
C'est une enfant précoce, elle a marché à 12 mois & avait ses règles à 11 ans !
Et ce, sans aucune plaisanterie ni second degré, je le précise !
La personne pensait sérieusement que cette "précocité" là traduisait une "précocité intellectuelle" telle que définie chez les enfants surdoués
J'en viens à me dire que cette ribambelle de termes, qui tous se voudraient les plus neutres & consensuels possibles, n'est pas une bonne chose pour la compréhension de ce qu'est la douance.
On a même aujourd'hui souvent des remarques (venant du grand public ou des enseignants) affirmant qu'un EIP n'est pas un enfant surdoué.
Ainsi au lieu de fédérer, d'apaiser, ces autres termes sont parvenus à laisser penser qu'il y avait une différence entre "surdoué" & tous ces autres mots.
Ce qui n'est guère étonnant au fond, car il faut reconnaître qu'il y a de quoi se noyer dans ce vocabulaire
A moins d'être très renseigné sur le sujet, ces innombrables qualificatifs créent une véritable confusion dans les esprits.
Certes, ils sont sans doute moins connotés que "surdoué", mais de par leur grande diversité & leur nombre ils ne simplifient pas la lecture du sujet du surdouement.
Il est parfois plus simple d'appeler un chat, un chat... & donc un surdoué, un surdoué
Ce qui est certain, c'est que le complexe dont nous souffrons tous en jonglant avec ces termes, en marchant sur des œufs afin de ne pas heurter les sensibilités éventuelles, ne fait pas partie du reste du monde !
Partout ailleurs, dans tous les domaines, le mot "surdoué" est fréquent & ne blesse pas, ne stigmatise pas
Il est dommage que concernant les enfants & les adultes à haut QI, il n'en aille pas de même & que le haut potentiel intellectuel doive se cacher derrière d'autres termes pour ne pas agacer.
C'est aussi une manière de nier qu'il existe
À noter que les conflits de terminologie m'ont toujours fait pouffer de rire. Je leur consacre d'ailleurs un chapitre dans "Les Tribulations d'un Petit Zèbre. Le livre du blog" : "Les surdoués, des clichés à la querelle des termes"
Le problème est justement que ce consensus n’a jamais été, et que les polémiques idéologiques n’ont jamais cessé.
[...] Au lieu de fédérer et d'apaiser, cette débauche de mots est même parvenue à laisser penser à certains ou à renforcer la croyance consistant à voir des différences entre surdoué et précoce, entre (T)HQI et zèbre, entre EIP et surdoué, etc.
[...] À titre personnel, aucun de ces synonymes ne me gêne. J’ai mes préférences bien sûr, mais je peux tous les employer indifféremment dans une conversation ou un échange sans éprouver le moindre embarras. Ces querelles sémantiques comme le terme retenu par le ministère me semblent annexes et m'importent peu à vrai dire, ou en tout cas bien moins que le fait de m'assurer de la réelle et durable compréhension de mon interlocuteur lorsque j'en parle.
Extrait du Livre du blog, paru aux éditions Eyrolles
quelques billets du blog pour comprendre de quoi il s'agit lorsqu'on parle un enfant surdoué (ou enfant dit précoce, à haut potentiel intellectuel, "à haut QI", etc.) :
- "Pourquoi le nom de « zèbre » ?"
- "Qu'est-ce qu'un « zèbre » ? un surdoué ? le QI ? Définitions utiles"
- "Florilège d’idées reçues sur les enfants intellectuellement précoces"
- "Les 6 profils d’enfants intellectuellement précoces"
- "Je soupçonne un Haut Potentiel Intellectuel chez mon enfant, par où commencer ?"
- "Peut-on être à la fois surdoué & touché par le syndrome d’Asperger ?"
- "Et si elle était surdouée ?"
- "Codes implicites"
- "Questionnements parmi les plus répandus à propos de surdouement, tests, sauts de classe, …"
- "Être parent d'enfant intellectuellement précoce..."
✔ & parce qu'un enfant (T)HPI deviendra dans 100% des cas un adulte (T)HPI :
- "Moi, surdoué ? Vous plaisantez ! (Migrosmagazine.ch, août 2012)"
- "Adulte surdoué, questionnements à propos du test"
- "Ces drôles de zèbres (France Culture, novembre 2015)"
- "Coming-out intellectuel… faut-il parler de son surdouement ?"
✔ ces quelques articles vous parleront spécifiquement des tests de QI passés face à un (neuro)psychologue (c'est à dire des tests psychométriques, qui vont mesurer l'efficience intellectuelle) :
- "Petit lexique en lien avec le surdouement à l’usage des néophytes"
- "Qui consulter pour un bilan psychométrique ?"
- "Coût d’un bilan psychologique ?"
- "Comment est construit un test de QI ?"
- "Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le Wisc-V" (test psychométrique pour enfants en âge scolaire, sorti en octobre 2016)
- "Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le Wisc-IV" (test psychométrique pour enfants en âge scolaire, dans son ancienne édition)
- "Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le Wais" (test psychométrique pour grands ados & adultes)
- "Petit lexique en lien avec le surdouement à l’usage des néophytes"
- "Table de conversion percentile-score de QI"
- "Distinction importante entre échelle de Wechsler & échelle de Cattell"
✔ enfin, sur ce billet, ma sélection perso des meilleurs ouvrages, selon les attentes & la position de chacun : "Quels livres choisir sur le surdouement ? Et pour quel public ?"
🚩 de mon côté, je suis l'auteure de ces 2 livres témoignages sur la câblage différent... :
- "Les Tribulations d'un Petit Zèbre. Épisodes de vie d'une famille à haut potentiel intellectuel", sur la douance ( = précocité intellectuelle, surdouement, zébritude, haut potentiel intellectuel, surefficience mentale )
- "Asperger & fière de l'être. Voyage au cœur d'un autisme pas comme les autres", sur le syndrome d'Asperger & le combo Haut Potentiel / Asperger. Un regard unique en France sur les liens entre TSA & haut potentiel intellectuel ❤
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56 commentaires à “« Surdoué », quand ce mot est totalement décomplexé hors du domaine intellectuel”
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Je suis très émue par ton article! Tu as tellement raison ! Pire, je cache la différence de mes enfants, même eux le cachent…
Moi j’aime le terme Haut Potentiel, pour moi il est au conditionnel… Comme si tu as de la chance d’avoir des capacités mais à toi d’en faire ce que tu veux.
Je sais que c’est simpliste mais j’aime.
Merci pour ton article, je m’en vais de ce pas le partager!
Le problème c’est qu’aucun terme ne correspond à toutes les facettes d’une personnalité surdoué. Dans surdoué, il y a « sur » qui place l’individu au dessus de, donc les autres en dessous, ce qui n’est pas flatteur pour les autres. On peut le coller à qqn qui par ses exploits intellectuels, sportifs, artistiques est de fait au-dessus du lot, comme Einstein, Zidane, Mozart. Mais ni toi ni moi ni nos petits zèbres n’avons encore découvert la théorie de la relativité, n’avons eu de ballon d’or ou n’avons composé un opéra. Donc difficile de nous croire sur parole quand a nos capacités cognitives.
Ensuite, y’a pas que ces capacités dans cette différence.
En ce qui concerne les autres termes, précoce est faux puisqu’il induit qu’un jour ou l’autre l’enfant sera dans la norme. Et puis un adulte précoce, c’est quoi? Un vieillard?
Pour les autres termes contenant le mot potentiel ou quotient intellectuel, pourquoi pas mais là encore, il n’est pas fait référence au fonctionnement différent alliant réflexion et émotion, par exemple.
Pas plus tard qu’hier, j’ai vu une psy pour un de mes enfants et j’employais le terme surdoué. Elle m’a repris et m’a dit parler, elle, de HP. Je lui ai dit que dans le cas de mon cadet qui est en échec, il fallait mieux parler de HPAI (haut potentiel à imaginer!)…
Le fait est qu’il y a du politiquement correct derrière tout ça. Employer des sigles permet de noyer le poisson. C’est comme dire personne non voyante au lieu d’aveugle.
Personnellement j’emploie surdoué souvent parce que c’est le premier terme qui a été créé. Mais je regrette que Binet n’ait pas été plus narcissique sur ce coup et ne nous ai pas appelé des « syndromes Binet ».
Ton blog s’appellerait peut être « les tribulations d’une drôle de binette »!
Mais on risquerait aussi des cas Binet et là encore c’est pas flatteur!
Merci Nora de nous faire rire sur ce sujet, d’oser être léger sur ces situations tellement difficiles au quotidien… ça fait un bien fou ;-)
Merci pour ce billet.
Commentaire en lien avec mes propres réflexions et mon expérience et de ma découverte récente de ma douance : faut il encore soi même en tant que HP l’assumer en se déliant de tout ce qui a pu nous contraindre et faire abstraction des schémas classiques des HP. Je me dis aussi que il faut essayer d’accepter les autres schémas, ce qui permet d’être plus tolérant et de mieux vivre le fait qu’on soit surdoué.
Mais quelle liberté d’être et de pouvoir devenir ce qu’on est profondément et quel apaisement. Pour ma part, je sais que je dois travailler sur la notion de supériorité que cela pourrait engendrer ou laisser penser. J’ai aussi tellement entendu que j’étais un problème ou avais un problème car je me sentais supérieure…. Peut être aussi arriver à sortir de ce cadre strict de HP avec ses grandes lignes, car on est tous différent et cette caractéristique ne peut pas expliquer complètement ce que chacun est.
Désolée, si mes propos peuvent blesser, si mes interprétations sont erronées car j’avance doucement dans ce que est réellement la douance.
Bonne journée à tous.
Flute, flute,
lapsus révélateur ?…Lire « faire abstraction des schémas classiques des NON HP » et non « faire abstraction des schémas classiques des HP »………
HP, ça va pas non plus comme terme. Ça fait Hôpital Psychiatrique…
-Tu fais quoi dans la vie ?
– Je suis infirmier, je travaille en HP.
– Ah, ouais, ça doit pas être drôle tous les jours…
Dans certains cas, le terme HP est carrément assimilé à déglingué du ciboulot.
– Ce mec est complètement HP, faudrait l’interner.
Ok. HP, ça va pas non plus donc…
Je suis tellement d’accord avec vous sur ce problème de nommer le surdouement
La réflexion sur HP = hôpital psychiatrique me parle tout à fait ! Je suis incapable de parler d’un enfant HP car pour moi cela renvoi à des choses tellement loin du haut potentiel. Je travaille dans le domaine de la justice et quand on parle des HP, il s’agit de nommer des personnes hospitalisées sous contrainte…
Parfois j’ose un HPI mais ça sonne quand même HP.
Le terme de zèbre m’apparaît beaucoup plus positif. Bien que marquant énormément la différence et aujourd’hui c’est cette différence que j’ai du mal à accepter pour mon petit garçon.
Bref, tout ça pour dire qu’à mon avis c’est loin d’être « juste » un problème de vocabulaire ! ce qui se conçoit bien s’énonce clairement. J’ai encore du chemin à parcourir
Tu as fini de me convaincre d’employer le terme « surdoué », même face à ma psychanalyste, quand bien même il y a « un côté élitiste, glorieux… élu du peuple » (je cite seulement, je n’endosse pas!) :DDD
Je ne suis moi même pas à l’aise avec le terme « surdoué »…Ni avec le SUR, ni avec le DOUE…Si je regarde tout à fait objectivement je ne pense pas être douée pour quoi que ce soit de particulier…Le terme Haut potentiel nous correspond mieux à mon fils et à moi! Je trouve que ce terme ouvre beaucoup de portes et permet de mettre en action tout le champs des possibles. Pour moi, le haut potentiel, c’est la possibilité, d’aller plus loin, plus vite, ailleurs, différemment, de tester toutes les pistes et les possibilités…C’est le potentiel de tout explorer et d’en avoir l’envie et la soif permanente…Mais ce qui me correspond le plus, c’est « différemment câblée »…Et je prends toujours l’exemple du 380v et du 220 V: ç’est de l’électricité, ça sert à la même chose, ça n’alimente pas les mêmes appareils, mais surtout, c’est pas câblé pareil!!
C’est comme le WIFI et les câbles ETHERNET :Ca transporte du flux ‘internet mais avec un mode opératoire différent…!!!
Raphie, ton « differement cablée » est bien pertinent !
La pensée en arborescence, en feu d’artifice en réaction immédiate à un mot ou une image ou un sujet est épuisant. Ne pas être compris par les autres dans ses raisonnements, ses sortes de vision en 3D d’une situation ou d’un problème complexe est très frustrant.
Avec 2 fils HP (21 et 24 ans maintenant) très différents dans leurs comportements, dans leur acceptation de cette différence qui les singularise et cette incompréhension permanente de leurs réponses, choix, attitudes me permettent de croire que quoi que pensent les autres il faut vivre pleinement, s’adapter à la société, oser oser toujours oser ce que l’on croit, ce que l’on veut.
Pour nous parents, parler de nos enfants librement, sans crainte ni tabou, de ce que l’on vivait ou subissait fut possible avec l’ANPEIP. Quand on s’inspecte on s’inquiète mais quand on se compare on se rassure.
J’ai cliqué trop vite : et en tant qu’adulte il y a Mensa où là ce sont les adultes qui peuvent échanger leur vécu, leurs espoirs, leurs frustrations, ou leurs projets fous.
Bien sur dans les assos, c’est l’auberge espagnole : selon les années, le lieu, il y a des gens formidables, bienveillants, bornés ou intolérants qu’importe c’est la planète des HP, des surdoués (éxubérents ou effacés) mais au moins on peut se comprendre (effet miroir) et ça fait du bien !
Donc digérer votre différence mais vivez la pleinement : oser oser
Quand même ce billet dans la « communauté » HPI ne laisse pas indifférent car les commentaires sont rapides….. Comme quoi ca montre qu’on est nombreux à être accrochés à ce site….et que cela nous travaille cette notion de « surdoué »….
A nouveau, bonne journée
Bonjour Alexandra
Je me permet de réagir à votre article car je crois bien que c’est là où se situe « mon problème ». Ça va bientôt faire 1 an que ma psy me dis que je suis « surdouée » et que je rejette totalement cette théorie. J’ai enfin eu le courage d’aller voir un psy spécialisé dans le « surdouement » pour lui poser tout un tas de questions et lui aussi à la quasi certitude que je suis bien concernée. Bien sûr, je me documente énormément et ingurgite tout ce que je peux trouver en rapport avec le sujet et pourtant, je reste malgré tout enfermée dans le stéréotype surdoué = potentiel visible.
Je m’explique : votre fils est incontestablement un surdoué, il a montré tout petit des signes de « précocité » qui vous ont mi la puce à l’oreille, vous lui avez fait passer des tests et vous avez même pu mettre en place des sauts de classes nécessaires par rapport à son haut potentiel.
Je me souviens d’une camarade de classe au lycée qui était très brillante et que j’ai toujours considérée comme une surdouée. Aujourd’hui elle est ingénieur on ne peut donc pas remettre en question son haut potentiel.
Après vous avez des gens comme moi. J’ai beau chercher, je n’ai jamais montré de signes quelconques d’avance dans les apprentissages, à l’école ou ailleurs, j’ai eu une scolarité difficile (je n’est pas été en echec scolaire, mais à aucun moment ça m’a paru facile) . Aujourd’hui tout ce que je constate c’est que je suis une artiste raté déguisée en assistante maternelle et que je ne mérite pas « le titre » de surdouée.
J’ai bien compris que surdoué = « mode de fonctionnement différent » et pas « plus intelligent que » mais les gens sont comme St Thomas : ils ne croient que ce qu’ils voient et moi mon haut potentiel ne se voit pas … imaginez donc le vent que je risque de me prendre si j’annonce à mes proches : je suis surdouée … ils vont me rire au nez et je ne pourrez pas leur en vouloir car en effet je n’ai jamais rien fait de spécial qui puisse prouver que je le suis réellement :/
C’est d’ailleurs pour ça que je remet sans cesse en question les diagnostics des psy et que je suis tétanisée a l’idée de devoir passer des tests de QI …
Je pense qu’il y a vraiement un problème avec le fameux stéréotype surdoué = exceptionnel / génie / réussite.
Donc le terme est en effet repris à toutes les sauces par les média qui vont aller coller une étiquette de surdoué à Ribery juste parce qu’il sait courrir statiquement derrière un ballon…
Ouch ! Je me suis demandée si une connaissance ne parlait pas en mon nom en vous lisant O_O !
Oh mais vous parliez de moi ….On se connait ?
Idem. Au travail, je me sens comme un caméléon qui se planque au milieu des gens couleur kaki, sauf que dès que je me retrouve seule ou avec d’autres HPI le week-end par exemple, mes tonalités multicolores réaparaissent et éclatent. Je me sens bien et à ma place. Et puis le lundi, rebelotte, couleur kaki au milieu des gens ternes….
la solution est de passer les tests pour vous, et de ne les partager que quand vous en aurez envie. Moi c’est ce que j’ai fait. Même dans ma famille HP de générations en générations, je n’en ai pas parlé à tous. Les test sont faits pour mieux se connaitre, pas pour s’afficher.
Et ça m’a fait un bien fou, à 39 ans, de franchir le pas et d’aller faire ce fichu test qui me faisait peur. J’ai pu m’appuyer sur de vraies bases pour recommencer à avancer.
L’important c’est vous.
Lili.B
Tout les « surdoué » assistant maternel vont être content :p
» Aujourd’hui elle est ingénieur on ne peut donc pas remettre en question son haut potentiel. »
Pas évident, non?
Bonne soirée
Bonjour Lili.B et Juliette,
Je réagis un peu tardivement sans doute mais la reflexion :
« Aujourd’hui elle est ingénieur on ne peut donc pas remettre en question son haut potentiel. » m’interpelle également.
Je suis ingénieur, je travaille dans une grosse boite de 2000 personnes toutes « ingé ».
Ingénieur=grande intelligence est vraiment une image d’Epinal.
Comme dans toute population il y a de tout: des gens brillants, des gens très cons.
Et ce qui caractérise , selon moi, le plus l’ingénieur lambda (et pourtant j’en suis) est l’absence d’imagination et de créativité et la conformité => on est donc bien loin du Haut Potentiel.
Bonjour, je réponds rarement mais là ça m’interpelle ! J’ai deux HP à la maison, et les signes de précocité qu’ils ont pu montrer petits, il m’a fallu du temps pour l’envisager sous cet angle, car j’ai toujours fonctionné au feeling, et de fait, leur comportement faisait écho à ma propre enfance et mon fonctionnement. Côté scolaire je me retrouve dans le témoignage, toujours dans la moyenne, plutôt discrète et marchant beaucoup au feeling suivant les matières et LES PROFS ! Je suis aussi assistante maternelle, rien d’extravagant dans cette profession, qui n’est pas reconnue ( tiens comme nous la plupart du temps ;-) ) mais finalement une profession multicasquettes essentiellement basée sur l’humain, l’émotionnel et qui finalement très sélectif au niveau relation avec autrui ( ça évite certains déboires relationnels, notamment avec l’autorité ). Tout ça pour dire que finalement que même si on a du mal à rentrer dans les cases, (des dits HP et autres termes exotiques ) on doit bien en combler quelques unes quand même ;-) Et qu’est ce que je déteste mettre les personnes dans des cases ! c’est étroit et tellement inconfortable ! Peu importe le terme, l’important est d’exister non ?!
Essayer d’exister, toute la question justement, quand on réalise qu’en devenant assistante maternelle, après un début professionnel en entreprise extérieure quittée car l’on se sentait « inadaptée » dans la relation aux autres, on réalise qu’on s’est enfermée dans une « zone de confort » domestique toute relative…
Bonjour Lili B,
je pense que vous faites des amalgames sur ce qu’est le surdouement.
être surdoué et en échec scolaire n’est pas incompatible… être surdoué ne veut pas dire forcément être en avance.
une des caractéristiques est de tout remettre en cause et d’avaler des sujets en un clin d’oeil de manière assez approfondie.
pour y voir plus clair, voici deux ouvrages qui m’y ont aidé :
« Je pense trop » de Christel Petitcolin un profil très complets et de nombreux exemples issus de la pratique de cette coach en communication
« Intelligents, trop intelligents » de Carlos Tinoco, ou comment expliquer le surdouement. essai psychanalitique très intéressant écrit par un prof, psychanlyste et surdoué.
bonne lecture !
Mathilde
Bonjour Lili.B,
Assistante maternelle « cachée » également dans ce métier, je souhaite savoir si vous avez pu avancer sur la douance et, qui sait, voler vers d’autres cieux pros ?
Evelyne
Moi aussi j’aime bien le terme de haut potentiel, ça indique des capacités, pas forcément exploitées ou exploitables mais bien là de manière brute. C’est très utile je trouve pour mes élèves qui présentent ces capacités hors norme avec un handicap qui ne leur permet pas de les réaliser. Ainsi, j’ai un élève brillant mais handicapé par ailleurs, testé par la psy-sco qui en conclut que tout va bien… Avec une autre collègue, on a insisté comme quoi il relevait du handicap et qu’il fallait aller chercher plus loin. Là deux mois avant le brevet, il obtient enfin une adaptation au titre du handicap. Surdoué, ça ne me gêne pas, mais ce n’est sûrement pas le meilleur terme car il suggère seulement une forme de supériorité. C’est tellement plus complexe. L’idée de précocité suggère une avance en terme de développement et laisse de côté complètement la différence de fonctionnement. Haut potentiel, c’est plus précis et ouvert. Alors comme toi je déplore cette frilosité à accepter la supériorité dans le profil de ces enfants, ça fait partie de leur profil et personnellement je me fous de heurter la sensibilité des gens autour. En même temps c’est une bonne chose car ça ne correspond pas forcément à la réalité et entretient l’image du petit génie.
Je n’aime pas le terme « surdoue » ca fait penser a superman.. et au film des surdoues. Je prefere le mot doue simplement. C’est mieux accepter. On est doue en math, ou en musique, ca passe mieux je crois. et on peut avoir de dons differents dans differents domaines.
Par contre cacher son don comme Nouvelle 30naire le fait, me semble dommage pour les enfants. On ne met pas un don au placard, on le cultive. Je pense qu’un don non partager est un don gache. Il suffit – pas simple hein! – de trouver le bon endroit pour pouvoir le partager
très belle réflexion et merci (encore une fois ) de le faire remarquer mais je trouve que c’est comme le terme de personne de petite taille,… il faut faire du politiquement correct.
pr rapport au terme « précoce » il m’a fait faire un flash back formidable. il y a un an ma fille madeleine avait entendu de la part d’une personne qu’elle était précoce… madeleine (7ans à l’époque) était en larmes!!! quand je lui ai demandé pour tant d’émotion elle m’a répondu « je veux pas encore avoir des poils et mes rèèèèègles » j’adore!!!!!
Moi aussi !!
Rien que le mot qualifiant cette « nature » intellectuelle est un problème… on le voit bien ici.
Chez moi, il est un frein réel (il faut bien l’admettre) à l’avancement décomplexé des choses. Ma fille est HPI, tous les professionnels de l’enfance qui l’ont croisé le disent, la pedopsy aussi, le saut de classe, l’hypersensibilité, etc. (je fais court) tput le confirme sans qu’aucun test n’ai été fait.
Et chose hasard amusant : depuis hier, je me dis que je dois revoir mon vocabulaire avec elle.
Jusqu’à présent et depuis la petite section (elle est en CM1) on lui a dit qu’elle était « précoce », que son petit cerveau était drôlement bien fichu et allait plus vite que les autres pour faire le même parcours ! Peur que nous avions que le mot surdouée n’induise chez cette petite accroc aux mots et à leur signification un sentiment et donc un comportement de supériorité qui la placerait encore plus à l’écart (et difficulté aussi pour nous d’assumer cette dite supériorité). ça lui allait… elle était donc épanouie avec çà et d’un respect immense pour les capacités des autres enfants !
Maintenant elle a 9 ans et le mot « précoce » ne lui convient plus… elle voit bien la louloute qu’il ne s’agit pas d’une « avance »… pas folle la guêpe, elle a sauté une classe, devrait être en CE2 et pourtant les CM1 et même les CM2 lui paraissent « bébé » dans leur comportement. Quand aux notes on n’en parle pas, tout roule… je dois bien me résoudre à admettre que l’explication donnée jusqu’à présent par nous (ses parents) et par la psy ne suffit plus et qu’il va bien falloir changer de registre car la louloute traverse une période de solitude et d’incompréhension au milieu de ses camarades d’école. Heureusement ils sont 3 dans sa classe et la maitresse est maman d’HPI… mais malgré ce cadre idyllique, elle se sent bizarre. :'(
Il va bien falloir en tant que parents assumer les mots, y compris « surdoué » pour que notre enfant assume qui elle est.
Et peut-être même passer un test jusqu’à présent inutile mais qui pourrait l’aider à se comprendre… ?!
Quant à faire passer le test aux parents, c’est encore une autre histoire… :D
En attendant j’ai acheté « toi que l’on dit surdoué »… mais je ne sais pas comment l’aborder avec elle, de crainte que les difficultés qui y sont racontées et qu’elle ne connait pas toutes lui fasse un peu peur. :-/
Bref, ces billets sur le vocabulaire sont vraiment enrichissants. Merci beaucoup.
En effet, avant même que la situation soit complexe, c’est le vocabulaire qui l’est… peut-être cela vient-il aussi du fait qu’il y a plein de profils que l’on cherche à englober sous un seul terme…
Oui dire à son enfant qu’il est surdoué est important, non il ne développera pas subitement un sentiment de supériorité, et oui il faut le faire tester car cet enfant plus qu’un autre a besoin de comprendre qui il est , pour se construire sereinement.
Quand la psychologue a expliqué à mon fils de 6 ans qu’il avait un QI de 150 et qu’il était surdoué, elle lui a dit :
Ça l’a libéré de le dire, de se sentir légitime de l’exprimer!
Mme Adda veux créer une nouvelle association d’adultes surdoués, elle nous y a pré-inscrit …
Et ma fille va sûrement aller se faire tester…
Merci Sophie de ton retour d’expérience.
Oui je me rend compte que l’approche que nous avions adopté en parlant de précocité (nous avons suivi la piste de la pédopsy et de l’école pensant bien faire bien entendu) a ses limites. Etre parent c’est s’adapter à l’évolution de nos enfants pour maintenir un équilibre chez eux… déjà pas facile mais avec un(e) HPI ça relève des Arts du cirque. :D
Sans soutien d’un professionnel, nous naviguons à vue… et du coup, on s’aperçoit que parfois on a choisi un courant pas forcément « mauvais » mais pas optimum… le changement de cap sera bénéfique même si j’ai une louloute qui se porte plutôt bien… on ne va pas attendre que ça n’aille plus.
Et tant que les parents n’assument pas le terme de « surdoué » l’enfant ne peut pas le faire.
« Mme Adda veux créer une nouvelle association d’adultes surdoués, elle nous y a pré-inscrit … »
Il ne s’agit pas d’Arielle Adda, il y a erreur sur la personne
Oui. C’est comme de dire systématiquement que le Haut potentiel n’est pas être « plus » intelligent, mais intelligent différemment.
C’est politiquement correct de dire cela ?
Parce que si on dit que le WISC mesure une intelligence (ou un type d’intelligence)… alors 155 ce n’est pas plus que mais seulement dfférent de 100 ou 130 ??
Je croyais bêtement qu’on « mesurait » quelque chose et qu’il n’était pas honteux de dire que 155 c’est plus que 100 … sans que cela n’enlève rien à la valeur des personnes, ni ne prédise la réussite de leur vie.. celle-ci étant basée sur bien d’autre chose que l’intelligence.
Sans que cela ne soit incompatible avec expliquer que de surcroit le mode de raisonnement HP est fondamentalement différent des NP, leurs fonctionnement psycho-affectif également.
Mais bon…. on lira/entendra/dira encore longtemps que le HP n’est pas plus intelligent que le NP.. juste intelligent différemment….
Je suis entièrement d’accord avec vous.
Quelque soit la façon dont on le prend 150 est supérieur à 100 .
Cela étant, je me demande si , dans la littérature, cela ne part d’un bon sentiment;
En effet, pour des gens comme JC.Terrassier ou A.Adda l’objectif est de faire connaitre ces enfants par le grand public et notamment l’EN , afin que ce parcours leur soit moins douloureux.
Hors, écrire en toutes lettres » Ces enfants sont plus intelligents que leur enseignant ou que le lecteur lambda » heurterait certainement l’opinion publique.
Je tente de me mettre à la place d’un enseignant , ayant une intelligence trés moyenne et qui a dû ramer pour en arriver là ( c’est le cas de la maitresse de mon fils) qui a un gamin face à elle dont elle sait pertinemment qu’il est beaucoup plus intelligent qu’elle
=> Pas facile à accepter !
Mieux vaut être un peu « langue de bois » pour faire avaler plus facilement la pillule.
« Mais non , ce n’est pas PLUS, c’est juste un peu différent … »
Oh comme ce billet me plait. Je suis du même avis que vous. Je dis « surdoué » ou « haut potentiel » (car j’aime le principe du « à vous d’utiliser ce potentiel comme une force »). Or encore récemment, je me suis faite reprendre dans le cadre de mon travail par ma superviseuse (une psychopédagogue reconnue dans ma ville) qui m’a dit « NON on ne dit pas surdoué ou HPI mais EIP ». J’ai eu beau lui expliquer que c’était la même chose et que aucun terme n’était au final approprié, donc valait autant utiliser le plus « compris », rien n’y a fait.
Je voulais aussi partager avec vous que je reviens des USA et que j’ai réussi à rencontrer une consœur psy. Elle est psychologue scolaire dans le public (il y a un master dans cette spécialité et je vous pris de croire que c’est vraiment utile, efficace et profitable pour les enfants) et j’ai eu la chance de passer 1/2 journée avec elle. Elle est à mi temps en primaire et en mi temps en secondaire. Elle m’expliquait ses méthodes de travail et quand on en est arrivé aux surdouées (dit « gifted » comme vous le savez), elle m’a expliqué comment ils étaient pris en charge pour qu’ils puissent s’épanouir, s’intégrer et profiter de leur haut potentiel. Elle m’expliquait que les autres enfants/ado les enviaient et que les surdoués étaient en majorité très bien vu. C’est « cool » d’être surdoué. Comme elle m’a dit « tout le monde aimerait l’être, même s’ils ne se rendent pas compte de ce que ça implique et ont une image faussée ». Quand je lui ai expliqué comment c’était perçu en France, elle n’en ait pas revenu. Elle m’a dit « mais il faut cultiver la différence, qu’elle soit artistique, sportive, intellectuelle ou autre. C’est ça qui fera la force de la personne dans son futur. Ici nous encourageons les spécificités de chacun. Comment faites vous alors pour anticiper et aider les enfants surdoués dans leurs difficultés qui leur ai propre ? ». Je ne savais quoi lui répondre. Je ne dis pas que leur système est parfait, mais tous les enfants à particularismes sont pris en charge par l’école. Les autistes, les aspergers, les enfant atteint de TDAH, les dys, les sourds… J’ai appris beaucoup de chose en 1 matinée.
Que dire d’autre …? 100 % d’accord avec toi. C’est ce que j’essaie désespérément de faire comprendre aux personnes avec qui je parle de précocité…
Le wisc mesure une partie des capacités intellectuelles, donc oui, 155 est PLUS que 100. Oui, le cerveau marche différemment dans un grand nombre de tâches ce qui le rend plus efficace et donc plus rapide. Donc surdoué intellectuel est le terme qui devrait être employé, comme surdoué du foot et surdoué du piano, je suis bien d’accord !
Mais pour être vraiment efficace et utile, tout ce travail du cerveau doit être adapté au quotidien et inclus dans la vie réelle, le monde de tous les jours, et le métier à l’age adulte. Alors seulement on devient surdoué. Et c’est là souvent que le bât blesse, quand il faut passer du haut potentiel à la surdouance.
De même qu’un enfant prodige du piano ne le serait jamais devenu s’il n’avait pas eu la chance de croiser la route d’un piano et d’un prof qui a sû lui permettre de donner le meilleur de lui-même, de même les enfants à haut potentiel intellectuel, dans cette société française qui veut que chacun entre dans le moule intellectuel, ont peu de chance de trouver leur voie car ils (et leurs parents) doivent se battre contre tout à la fois, en commençant justement le plus souvent par leurs professeurs… C’est désespérant…
Ce sujet est vraiment LE sujet permanent qui est soulevé dès qu’on aborde le Q.I. Tout le monde semble d’accord pour dire que tout les termes sont impropres et c’est vraiment un casse-tête impossible.
Pour ma part, je trouve que « précoce » est le pire de tous (pour toutes les raisons déjà évoquées), les abréviations de type HP EIP, etc sont à laisser au psys et n’ont rien à faire dans le langage courant, quant aux « zèbres » et autre termes codés, ils sont sympatiques comme signe de ralliement communautaire, mais ne font qu’ajouter aux confusions déjà nombreuses.
Les termes les plus appropriés restent « haut potentiel » (« intellectuel » en option si nécessaire) ou « surdoué ».
Mais ce qui est dérangeant et qui fait que je garde toujours des « guillemets » dans la voix en parlant de « surdoué » c’est que justement, un « surdoué » n’est généralement pas un surdoué de sa discipline au même titre qu’un surdoué du ballon ou de la politique. Le terme de surdoué n’est pas réservé à l’intelligence et désigne l’exceptionnel c’est un terme à rapprocher du génie et qui sort de la norme au point de ne plus être mesurable.
Mais un haut QI ce n’est que le haut d’une norme et elle est le résultat d’une mesure. Si on calculait, le « quotient tennistique » des pratiquants de ce sport n’importe quel amateur entraîné atteindrait facilement un quotient de 140 (il suffit d’être le meilleur d’une cinquantaine de quidams tirés au hasard) mais cela ne lui garantirait pas de gagner le moindre tournoi. De la même façon, on pourrait mesurer le « quotient de taille » d’un échantillon de population. Dans ce cas les plus hauts quotients autour de 160 n’auraient probablement que quelques centimètres de plus que la moyenne.
Pour identifier un génie du tennis ou un vrai géant, il faut autre chose qu’un simple outil statistique. Des tournois et des comparaisons sans fin. Pareillement, si cela présentait le moindre intérêt pour recruter de vrai surdoués de l’intelligence, il faudrait comparer les gens testés entre eux.
Pour moi c’est tout le noeud du problème, les termes surdoués ou haut potentiel sont culpabilisant et produisent une espèce d’obligation de résultat. Au final le terme le plus logique serait simplement « haut QI ». Car objectivement la seule chose que mesure le QI c’est le QI lui-même !
Les Wechsler et autres nous sont très utiles pour identifier et certifier cette différence que nous avons tous vécu dans notre chair. Mais, je ne sais pas comment appeler cette fragile membrane qui nous sépare de nos contemporains. Dans la caverne de Platon nous serions juste un petit rang derrière, suffisamment pour voir des choses interdites à nos camarades mais très loin du monde des idées réservé aux génies.
Depuis mon enfance, dans mes relations aux autres, je suis à la recherche de l’équilibre entre la fausse-modestie et une supériorité involontairement blessante.
Alors en résumé: « surdoué », oui mais sans oublier le gouffre qui le sépare de l’exception du génie.
Moi j’aime bien le terme APIE (atypique personne dans l’intelligence et l’émotion) parce qu’il résume bien ce qu’est un « surdoué », et qu’il y a évidemment un petit côté « happy » plutôt réjouissant
Mais au quotidien, chez nous, on dit « zèbre » – bestiole plutôt sympa, et en plus les personnes non initiées ne comprennent pas l’allusion, ce qui est important pour mes enfants, toujours soucieux de ne pas trop « dépasser » en société !
Ce qui, à mon avis, fait le lien entre les HP, précoces, surdoués, et autres termes, c’est la part vibratoire… Une certaine manière d’être au monde. D’en capter les soubresauts, les vibrations. Comme une sorte de baromètre harmonique.
Certains, dans des parts de génie, vont exploiter ce qu’ils ressentent. D’autres ne ressentir que la disharmonie (« dys »harmonie ?).
Ne pourrait-on pas, du coup, trouver un terme qui ait un lien avec cette part vibratoire. Des enfants/adultes diapason ? Harmoniques ? Symphoniques ?
J’aime cette idée
D’autant que, zèbre moi-même et mère de 3 zèbres particulièrement sensibles à (et doués pour) la musique, cette métaphore me parle.
Et « Une certaine manière d’être au monde » est une parfaite définition : différents, pas forcément « sur » ou « plus », mais « vibratoires » sans aucun doute, comme s’ils avaient l »oreille absolue, pas seulement pour la musique !
Oh je vois que le sujet fait parler Je vous rejoins tout à fait sur ce point encore une fois. Je suis quotidiennement questionné et confronté à ce sujet. J’ai pris le partie dans mon travail de parler de « surdoué » (et parfois d’EIP quand les parents viennent après une suspicion d’un enseignant). J’ai presque toujours des réactions. On me dit « mais je croyais qu’on ne devait plus utiliser ce mot ». J’explique rapidement qu’on peut dire le terme que l’on veut, le fond ne change rien. Et que je préfère employer le mot qui parle au plus grand nombre. J’appelle un chat un chat. Il n’y a pas de honte à avoir. C’est neurologiquement prouvé que le cerveau des surdoués fonctionne différemment, ce n’est pas « pour se venter ». Les autres termes sont des gueguerres de « pro » pour du politiquement correcte et que ce ne soit pas enfermant. Mais jusqu’à présent, aucun terme ne va, donc utilisons ce qu’il y a de plus simple.
Ha !!!! la jolie langue française avec tous ces mots et surtout toutes les interprétations….
Petite histoire : mon zebrillon a toujours entendu son psy, sa mère, son père et ses proches dirent eip. Un jour un adulte lui demande si il est surdoué il a tout simplement répondu oh non je suis eip et c’est suffisant!!!!
Bien évidemment petite discussion avec mon zébrillon pour lui expliquer pourquoi nous ne disions plus surdoué que cela pouvait être prétentieux et mal interprété. Il a tout simplement répondu que l’on appel un chat un chat donc il fallait surtout pas être ennuyé un surdoué est un surdoué….
J’ai justement des problèmes à cause du terme « surdoué ».
J’ai essayé d’expliquer la douance à meilleure amie et elle est vexée, elle se sent inférieure à moi.
Du coup j’ai fini par adopter le mot « zèbre ».
Je relis ce billet… et je suis d’accord avec vous.
Tout simplement je crois que « les gens » ont besoin d’une production effective pour admettre le mot « surdoué ». On a « le droit » de parler de surdoué pour un champion de foot ou pour Skakespeare, parce qu’ils en ont donné la preuve concrète. Un enfant, s’il n’accomplit pas des prodiges dans un domaine ou un autre, ne fait pas d’effet, l’entourage ne veut pas le considérer comme un surdoué, il est ordinaire à leurs yeux !
D’où la naissance du terme « haut potentiel » j’imagine, qui indique que la personne a de grandes possibilités. Bien sûr on se heurte ici au même problème, toujours l’attente de grandes choses, alors que la majorité des adultes surdoués mènent une vie extérieurement banale. C’est à l’intérieur que ça chauffe !
Entièrement d’accord avec vous Dumbo l’éléphant volant. Il faut une réalité effective et même tangible pour que l’extérieur le voit et le « haut potentiel » porte en son sein l’idée de possibilités quasi-extraordinaires.
Je comprends votre réflexion, Alexandra, sur la terminologie et l’utilisation du terme « surdoué » et vous avez raison si l’on s’attache aux différentes utilisations dans des domaines variés (tout sauf dans celui de l’intellect). Effectivement, il véhicule tant de choses ce terme !!!! De l’inégalité biologique, aux idéologies en passant par la jalousie. Quand on pense à un virtuose du ballon ou du piano, c’est moins gênant car il ne s’agit de la partie la plus importante de notre être : notre cerveau. C’est notre cerveau qui fait aussi ce que nous sommes et l’intelligence est sans doute ce qui est le plus envié, j’ose même dire, plus que l’argent.
Alors on dit quoi : super intelligent, sur-intelligent (même si ça ne se voit pas), intellect en effervescence, cerveau haute gamme LOL, intelligence XL (et XXL pour les THQI) ? J’aime bien la dernière proposition d’ailleurs
Cerveau XXL, j’adore .
Je vote pour !
Ça fait deux voix avec la mienne alors
Ou alors syndrome du cerveau hyperactif ou hyperactivité neuronale ou encore neurones hyperactifs… Bon, j’arrête…
Bonjour,
J’ai 50 ans, je suis mariée et nous avons 3 enfants. J’ai appris ce matin que j’étais « surdouée « , ainsi que mes 3 enfants. Je suis troublée, voire contrariée tout en ressentant une forme d’apaisement jusque là ignoré.
Les aînés sont en échec scolaire…
C’est une soirée particulière.
À bientôt peut être!
Bienvenue Coville !
Le monde dans lequel vous êtes entrés, vous et votre famille est très particulier car vous y étiez sans le savoir. L’avantage est que désormais vous pourrez mieux comprendre certaines choses et faire des liens tout en gardant en mémoire que chaque personne est unique. « Contrariée et apaisée », oui, certainement. En tout cas, sur ce blog, vous trouverez : des réponses, des questions et aussi de l’aide.
Bonjour Alexandra
Je me pose certaines questions quand au terme de « sur » doué. Nous sommes une société qui tend à valoriser les hyperboles de manière générale, encourager les « super » men ou women…
Les personnes douées existent : ce sont des gens qui passent d’un domaine à l’autre, ou au sein du même domaine, ont des démarches et de idées novatrices et originales.
Parfois, la douance est associée à un rejet des pairs ou à une mauvaise estime de soi de la personne.
L’efficience intellectuelle d’une personne est quand à elle mesurée, en général, par les tests de QI.
La sur-efficience existe. La machine à penser tourne à plein régime, la personne ne peut plus dormir ou se concentrer sur les nécessités de la vie quotidienne. Aussi, troubles associés de type affectif, et psycho-somatiques.
En l’occurrence, je conçois que l’on soit doué mais le terme « sur »-doué ne rentre pas. Je ne vois pas vraiment comment on pourrait être « trop » doué.
ça ne semble qu’être une querelle linguistique mais cela possède son importance à mes yeux.
N’hésitez pas à me corriger ou me conseiller.
Merci
Copper Lebrun
C’est vrai, tout ce que tu dis. Mais comment trouver un mot qui correspondent à ces cerveaux qui s’allument partout, là où un cerveau «normal» à une activité moins intense. C’est un don mais s’il n’est pas exploité comme il faut cela devient un handicap. Mon fils a eu une instit l’année passée qui comprenait mal ce qu’il était. Elle imaginait qu’avec son QI et le fait qu’il avait sauté une classe, il devait être 1er de classe, bon partout, mature, et autonome. Alors que non, on peut être «surdoué» et ne pas être 1er, avoir besoin d’aide et garder la maturité d’un enfant de son âge. Elle l’a stigmatisé. Dès qu’il ouvrait la bouche, c’était mal perçu, «bien sûr, il fait son intéressant, comme toujours». Mon pauvre bonhomme, ne voulait plus aller à l’école. Cette année, il a une instit super, qui l’encourage dans sa curiosité, le laisse avancer à son rythme et comme par magie, mon p’tit gars se sent mieux. Il n’a plus l’impression de devoir s’excuser de ce qu’il est et il se sent normal. Il faut tenir compte de la différence sans stigmatiser. Alors quel nom donner, je ne sais pas mais on a pas encore trouvé ;)?
Bonjour,
Y a t’il un livre, un blog ou autre concernant un enfant de presque 10 ans qui a été diagnostiqué surdoué et avec le syndrome d’Asperger?
Merci de votre aide.
Bonsoir
Dans ce livre, je parle de mon parcours, mais aussi de celui de mon fils (THQI & Asperger, qui a aujourd’hui 13 ans) http://amzn.to/2j4Mb3r
Alexandra